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Il n'y a pas de fatalité à
une intervention armée étrangère. Il y a cependant des actes et des politiques,
dont la ligne directrice est un aveuglement criminel, qui y conduisent. En
Syrie, le régime de Bachar Al-Assad est politiquement mort. Il a été délégitimé
par la sanglante
répression qu'il a opposée à une demande légitime de
changement du mode et du système de gouvernance en place. La responsabilité aurait
commandé d'en prendre acte. De constater que le régime est fini. Et de
participer, avec la
collaboration de toutes les forces politiques du pays, à
écrire l'acte de décès d'un système qui a peut-être été utile à une époque ?
cela est très contestable mais passons ? mais qui est devenu, indéniablement, destructeur
et menaçant pour la
pérennité du pays.
La Syrie est très clairement dans une situation critique où il s'agit d'enterrer un régime pour sauver un pays. Et où une caste dirigeante en pleine déconfiture politique et morale joue cyniquement de sa capacité de nuisance et de la retenue patriotique des opposants. Les échanges aigres avec les Américains - qui ont fait des déclarations équivoques saluant la «retenue» de l'opposition face à la répression et jugeant que l'apparition d'actes armés contre le régime serait normale - ne doivent pas cacher l'essentiel. Au sein de l'opposition syrienne, le consensus général fondé sur le triple «non» - non au recours aux armes, non au confessionnalisme et non à l'intervention étrangère - commence à se fissurer dangereusement. Pour le premier «non» - celui du recours aux armes -, la chose est entendue. Il y a déjà des actions armées, certaines assumées publiquement via des messages audiovisuels, menées par des militaires entrés en dissidence. Dans ce premier «non» qui tombe, on a un double message inquiétant : la répression sanglante est en train non seulement de susciter une contre-violence, mais aussi de fissurer les forces armées du pays. Cette évolution pour le moins grave s'accompagne désormais du début de remise en cause du second «non», celui du refus de l'ingérence militaire extérieure. Les opposants qui sont à l'extérieur, même s'ils perçoivent au plan politique l'extrême danger d'une intervention militaire extérieure, sont de plus en plus dans une position délicate. «Il y a de plus en plus d'appels qui viennent dans cette direction, nous y résistons du mieux que nous pouvons? Mais nous ne pouvons pas demander à ceux qui subissent les carnages de faire de même», nous explique un opposant en exil. Il y a dans ces évolutions le signe que la répression aveugle menée par le régime est en train de casser les digues nationales. Ceux qui sont à l'extérieur, dans un «confort» qui n'est que relatif, ont de plus en plus de pudeur à invoquer les très bonnes raisons nationales de refuser d'entrer dans l'engrenage, absolument fatal, que constituerait une intervention militaire étrangère en Syrie. Ils perçoivent bien que les deux «non» qui sont en train de sauter, sous nos yeux, annoncent également la rupture de la digue du refus du confessionnalisme. On est dans de mauvais scénarios de l'intervention étrangère, de la guerre civile et de l'éclatement. Aussi, il ne faut jamais cesser de mettre en exergue la terrible responsabilité d'un régime qui est en train de détruire systématiquement les digues que la contestation a érigées dans un souci de préserver la nation syrienne. |
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