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Les semeurs de mort

par Bachir Ben Nadji

Les chiffres des accidents de la circulation de l'année 2013 sont effarants, je me suis effondré à la vue de ces chiffres et au nombre de morts qu'occasionnent ces accidents.

Mais ce qui m'a secoué, c'est l'accident qui a eu lieu sur la route Boussaâda-Biskra et qui a couté la vie à 5 personnes, cinq personnes d'un seul coup, trop c'est trop. Un télescopage entre un véhicule léger et un camion semi-remorque, un incendie, les pauvres citoyens morts calcinés, carbonisés. Ils ne sont même pas de la région de Boussaâda ni de Biskra, ils sont de la région de Laabaziz, non loin de Bougara et de Larbaa, dans la wilaya de Blida, ou ils ont été enterrés jeudi 29 mai. Ils partaient semble-t-il pour un mariage, ai-je appris.

Que s'est-il passé ? Comment a eu lieu cet accident, pour quelle raison a eu lieu ce sinistre qui a endeuillé plus d'une famille. Et tous les accidents qui se produisent combien de familles endeuillent-ils, combien d'handicapés laissent-ils, combien coutent à l'Etat ces accidents. Evacuations, soins d'urgence, hospitalisations, prises en charge, et j'en passe. Il y a ceux qui survivent, il y a ceux qui décèdent et il y a ceux qui sont condamnés à vie.

Comment faire pour éviter tout cela. A voir les conducteurs sur la route reliant Boussaâda-Biskra, se faire des appels de phares pour signaler et avertir de la présence des gendarmes sur la route, pour leur dire ne rouler pas vite, ils sont là bas, et ceci est malheureux, ces habitudes qu'ont pris les usagers des routes algériennes de se prémunir de se faire avoir par le radar, une manie négative que beaucoup de gens approuvent pour vous dire qu'ils réprouvent l'autorité de l'Etat. Ils vous disent tout de go qu'ils n'aiment pas Doula (l'Etat) et le font contre Doula, si au moins ils savaient qu'ils le font contre eux même.

Ce genre de comportement est devenu tellement habituel chez les usagers de la route, que dès que vous voyez des signaux discontinus de la part de ceux qui arrivent en face, qu'ils soient véhicules légers, fourgons et même camions, vous allez vous retrouver dans l'obligation de lâchez le pied de l'accélérateur, et d' »obtempérer » afin que vous ne soyez pas surpris par le flash du radar et par le barrage des gendarmes. Quelle solidarité agissante entre usagers de la route, entre automobilistes.

Revenant à la Nationale 46 (RN 46) reliant Boussaâda à Biskra, je vous dirais chers amis lecteurs et fans de votre Quotidien d'Oran et de ses chroniques, qu'ayant été il n'y a pas si longtemps sur cet axe routier, j'en ai vu des fous de la route, des camionneurs sans scrupules, des conducteurs qui vous forcent à ralentir et à vous rabattre sur le bas côté, des véhicules qui foncent sur vous comme fonce un taureau sur le toréador, incroyable mais vrai.

Je vous conte la mésaventure qui m'ai arrivée à la sortie de Ain Lahdjel quand un véhicule léger de transport de marchandises, type bâché, a failli me rentrer dedans, son conducteur, un jeune, étant sans doute pressé par une course, ou ayant avalé un cachet de barbituriques car n'ayant guère fait fi ni de moi ni de mon véhicule visible à un kilomètre, fonçant à vive allure, n'étais-ce mon réflexe de vieux routier habitué aux fous du volant et aux fous des différentes routes que j'ai sillonné depuis l'obtention de mon permis de conduire il y a de cela près d'une quarantaine d'années, tant au sud du pays, au nord, à l'est et à l'ouest. J'ai même eu à conduire dans des pays étrangers et je n'ai pas constaté les folies que je vois et que tout le monde voit sur nos routes, devenues malheureusement meurtrières ni vu pareils phénomènes.

De telles menaces ne peuvent être vues ni par les gendarmes qui ne peuvent être partout, ce qui est pratiquement impossible car on ne peut pas mettre un gendarme à chaque coin de rue, ni par aucun radar car nous n'en sommes pas encore à la pose de ces outils n'importe où, mais je vous dirais que ce jeune « malade » m'a causé une de ces frayeurs, lui l'inconscient.

Sur cet axe routier ou il n'ya rien, sauf le plat de la route et des virages, si nécessaires pour laisser les usagers de la route toujours éveillés, la vigilance doit être de rigueur si vous voulez faire long feu et arriver à bon port, même si port il en existe pas dans les parages, sauf un joli paysage chez ceux qui ont l'œil d'artiste, les explorateurs de paysages magnifiques. Quel dommage que les circuits des Oasis qui démarraient de Boussaâda pour aller jusqu'à Ouargla et parfois plus loin, se soient arrêtés pour que notre tourisme revive, et pour que cet axe routier bénéficie de plus d'égards en matière d'entretien et de surveillance de la part de ceux qui y sont chargés de le faire.

Pour surveiller ces axes routiers et ceux de tout le pays, il faudrait arriver à placer des radars un peu partout et ne pas installer de barrages de la Gendarmerie ou de la Police nationales, mais avoir recours aux procès-verbaux envoyés à domicile par ces mêmes services de sécurité, sur la base des immatriculations des véhicules. Là, le nombre des chauffeurs sans scrupules pourrait diminuer quelque peu, le décompte macabre aussi reculerait sensiblement, car là, personne ne pourra nier le délit et aucune intervention ne sera possible pour récupérer les documents de conduite automobile. Là aussi, les barrages de police ne serviront plus à verbaliser les excès de vitesse, mais beaucoup plus à vérifier l'état des pneumatiques, les feux qui ne fonctionnent pas chez de nombreux automobilistes, et on reviendra aux anciennes missions des gendarmes qui permettaient aux usagers de la route d'entretenir leurs véhicules.

La Police et la Gendarmerie nationales pourraient aussi utiliser les hélicoptères sur les grands axes pour mettre à nu les fous du volant, ceux qui doublent à gauche et à droite, zigzaguent et font des queues de poissons aux autres usagers. Ceci se fait un peu partout dans les autres pays, et combien de vidéos circulent sur le net, montrant des hélicoptères suivre ces fous du volant et procéder à leurs arrestations, chose qui peut être mise en pratique chez nous, eu égard aux moyens dont disposent les services de sécurité routière.

Tous ces palliatifs peuvent aider à réduire le nombre des accidents de la route qui endeuillent les familles algériennes, et ceci n'est pas impossible. Tout un chacun peut y mettre du sien et contribuer à sauver des vies, pour peu qu'il y ai des campagnes de sensibilisation à tous les niveaux, et pour peu que les services de l'Etat mettent du leur en sévissant contre les semeurs de mort dont le nombre pourrait reculer dans une grande mesure. Sauvons ce qui peut l'être, il y va de la crédibilité de ceux qui sont chargés de l'Etat, à bon entendeur salut !