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Herbeuse ?

par Ali Brahimi

A l'évidence, les céréales cultivées exigent un ensemble de conditions optimales, du point de vue agronomique et climatique, et ce, afin qu'elles puissent produire au maximum leurs potentialités. La saison du printemps constitue un test majeur dans ce sens.

Par contre, les mauvaises herbes, de par leur nature parasitaire, s'adaptent et foisonnent n'importe ou, et ce, quel que soit le niveau des conditions favorables à leur développement du simple fait qu'elles valorisent mieux, a leur avantage, les facteurs agropédoclimatiques.

 C'est dans leur essence biologique de vouloir coloniser les terres ameublies et d'étouffer, de par leurs différents systèmes de racines traçantes et pivotantes ainsi que par leurs ports végétatifs étalés, les plantes cultivées notamment saisonnières comme les céréales. A quelques exceptions fondamentales, ainsi se manifestent les comportements des êtres vivants, dans leurs différents principes existentiels et modes de vie, en face aux aléas de leur environnement.

 Cette année, la pluviométrie et bien d'autres facteurs météorologiques ne furent pas propices pour les céréales cultivées, et ce, dans la plupart des régions agricoles du pays notamment celles ou l'isohyète est à moins de 400 mm/an. A ce propos, il n'est nullement exagéré d'avancer, nous semblent-ils, qu'un déficit pluviométrique de prés 40% n'est pas loin des réalités. Espérons que les 50 jours qui restent, de la campagne agricole liée aux céréales, seraient meilleurs du point de vue pluviometrique et qu'ils combleraient ce déficit hydrique.

 Les pluies tombées, depuis le début de la campagne, ont été en décalage par rapport aux périodes critiques notamment de semis et croissance - tallage - des céréales dites d'hiver d'autant plus que sous nos climats leur phénologie s'apparente beaucoup plus à celle des céréales printanières. Ce qui semble être ignoré et mérite réflexions, a tous les niveaux de la recherche agronomique, d'autant plus que les irrigations effectuées, grâce aux eaux des barrages, en cette période des plus critiques, constituent un atout majeur dans ce sens.

 Malheureusement, dans cer- taines aires d'irrigation à l'exemple du Ksob, les cessations des irrigations, débuteront le 15 avril pour le motif de réserver les possibilités hydrauliques du barrage pour la zone des jardins. Des réflexes tenaces datant de la période de la colonisation privilégiant l'Arboriculture.

Aux temps actuels il est devenu impératif d'agir tout autrement. Une nécessité majeure. Par conséquent, l'essentiel est de savoir intervenir et ménager intelligemment les intérêts des uns et des autres, en cette période végétative cruciale, insiste-t-on de souligner, aussi bien pour les céréales que pour les autres plantes cultivées. En attendant les dons du ciel!

 A ce propos, un adage céréalier typiquement autochtone stipule : « fi april yejebdha min gaâ el bire ». S'il pleut au mois d'avril, la céréale surgirait du fond d'un gouffre. Espérons qu'il pleuvra des trombes, en cet ultime mois décisif, notamment pour les céréales semées tardivement.

 En attendant, les sondages effectués sur les champs céréaliers, démarrant logiquement à partir des premières talles - février mars - jusqu'à l'épiaison - avril mai -, donneraient, en principe, quelques appréciations sur le niveau des techniques culturales engagées et du rendement/ha escompté en la matière.

 Donc éviter de pérorer, médiatiquement, à l'euphorie, pour le seul intérêt d'un groupe d'intérêts ou d'une seule personne fusse-t-elle d'un rang élevé qui, de par la nature des choses, est extrêmement exigeante voire insatisfaite pour d'autres raisons psychiques, qui lui sont propres, et, donc, le plus souvent apathique par tempérament. Pour ce genre de personne, une seule mauvaise nouvelle représente un immense échec malgré toutes les autres réussites considérées, par la force du temps, également, comme des déboires. Un immense vide existentiel qu'il serait futile à combler !

En effet, ce genre de mal est tellement profond que tout remède serait inefficace. Comme le fait l'ENTV, supervisé par l'état d'esprit du parti unique, en ne montrant qu'une seule facette des choses, et ce, pour éviter à ce genre de personnage de ruminer les dures réalités et les contradictions des uns et des autres. Alors, pour ses superviseurs apparentés, il est devenu vital de ne montrer que la meilleure image aussi bien pour les céréales que pour d'autres secteurs. Après 20 ans de la liberté d'expression, dans ses différents volets, devenue non seulement une réalité mais une raison de vivre, on est encore au stade qui de l'œuf ou de la poule est issu le poussin ! (*). Décidément, que des délires.

 Pourtant, il leur suffirait tout simplement de savoir colorier sans artifices tendancieux les images y compris sombres et, surtout d'éviter le : Tout va bien Madame la marquise. Effectivement, on dirait qu'elle s'adresse à la seule gouverne d'une personne, d'un parti politique. Alors que son rôle est d'aiguillonner, intelligemment, le sens critique aussi bien des auditeurs, spectateurs, et acteurs politiques se trouvant dans la scène nationale dans leur ensemble et, surtout, sans parti parti, que des professionnels à l'image de ceux de l'Agriculture.

 Pour en ce qui concerne les Services techniques agricoles, il serait judicieux au préalable d'inculquer, à tous les niveaux de la filière céréalière, et sans appâter quiconque par des images édulcorées et soutiens pavloviens, les bienfaits des techniques de labours préparatoires, notamment ceux effectués au printemps, période propice pour le désherbage mécanique des parcelles ainsi que de l'emmagasinage des eaux de pluies, dans le sol, et bien d'autres facteurs humiques aux impacts considérables sur tout le processus de mise en place des emblavures, de leur évolution, et, donc, d'une récolte satisfaisante et non chargée autant que possible d'impuretés préjudiciables à leur qualité boulangère.

 Comme c'est le cas aujourd'hui du simple fait des bouderies, par les minotiers, à l'encontre de nos blés produits localement actuellement en stocks et a la merci des aléas de toutes sortes. C'est la raison, entre autres, qui incite le département de l'Agriculture à vouloir les écouler, coûte que coûte, avant les moissons battages de cette année. Et ce, pour arriver, escomptent certains planificateurs, à épargner les habituelles sorties de devises destinées à l'importation des farines de blés. Et surtout de désengorger les silos mal repartis à travers le territoire national.

En fait, il ne s'agit que de la mode - mot d'ordre - à l'air du temps tel que préféré par les laudateurs mensongers, déroutant le maître du moment, désormais dépassés par leurs propres agissements. En plus, le fond du problème est tout autre et ne tient nullement en compte des états d'âme politiciens. Nullement ! En tout cas, une forte proportion de citoyens en a le ras-le-bol de leurs insanités et de leur absence de prévoyance aussi bien dans la conduite des cultures que du stockage des produits agricoles.

 Le précèdent cultural agit considérablement sur la quantité et qualité des productions céréalières. Les jachérés travaillées et les soles cultivées en légumineuses considérées comme des plantes nettoyantes et améliorantes, de par leurs nodosités lesquelles, en plus de leur rôle fixateur de l'azoté de l'air, dégagent des toxines dans le sol annihilants, progressivement, les germes des mauvaises herbes.

 Ces légumineuses : pois chiche, lentilles, féveroles, etc. sont d'un apport azoté considérable pour le développement des céréales et, ce qui d'autant plus bénéfique, qu'elles apportent des protéines et d'oligo-éléments pour l'équilibre métabolique alimentaire des couches défavorisées. Elles n'occupent, malheureusement, d'après les statistiques du secteur, qu'une superficie dérisoire, qu'il serait humiliant de la faire figurer dans des statistiques officielles, non assolée avec les céréales de surcroît. Ainsi, ces techniques culturales, si elles sont bien conduites, laissent des parcelles propres et diminuent considérablement les frais dus au désherbage chimique avec tous ses risques polluants.

 Cette année, peu de champs céréaliers ont été désherbés encore moins occupés par des précédents culturaux appropriés. Ceux de l'année précédente pareillement, malgré l'exceptionnelle récolte dit-on, et ce, pour plusieurs raisons dont la répartition pluviométrique, pratiquement bien échelonnée durant toute l'année, et bien d'autres incitations sonnantes et trébuchantes absorbées, en revanche, par l'augmentation des charges de plus un plus salées liées au coût des désherbants efficaces, d'une part, et conjugués au non-respect des doses/ha des herbicides de seconde qualité de surcroît, d'autre part.

 En effet, a quoi ça sert d'engraisser, a coups de dizaines de millions de dinars, pour booster la croissance des plantes céréalières, d'un coté, alors que, dans l'autre, l'on laisse pulluler les mauvaises herbes, dont leurs graines, au fil des années, couvriraient toutes les zones emblavées sur des dizaines voire des centaines de milliers de Km2, et lèsent considérablement le niveau de production attendue. Un non-sens !

 Du gâchis d'autant plus que des gens doutent sur les chiffres donnés s'élevant à 62 millions de quintaux, toutes céréales confondues, soi-disant « engrangés » alors que les capacités de stockages ne le permettent point. Au fait, où sont-ils passés les 35 Millions de quintaux de blés moissonnés cette année, et ce, par rapport aux six millions de quintaux, en stock dans les silos de l'OAIC, en voie de vente précipitée depuis peu de temps ? Il est vrai que, chez nous, l'on confond souvent l'orge et l'ivraie

 Ainsi, il s'agit de tout un programme agençant rigoureusement l'itinéraire cultural du semis à la récolte réellement emmagasinée et protégée contre tout désagrément dont les insectes pullulant en saison estivale nécessitant de multiples tararages afin de donner et l'aspect et la qualité aux grains destinés pour les minoteries. Et surtout au moindre coût. Ce qui est, manifestement, loin de l'être. En effet, nos blés coûtent presque quatre fois plus que ceux actuellement vendus dans les marchés internationaux. Tandis que pour l'orge son prix/quintal, au plan international, est du poids de sa glume. Alors que chez nous, il se situe à 2500 da/quintal soit le 1/5 é du prix d'un agneau

 Alors, l'année sera-t-elle grainière ou herbeuse ? Qu'importe, les bonnes farines blanches seraient toujours importées d'ailleurs, malgré que les nôtres soient, en revanche, plus nutritives, et ce, malgré leur couleur? basanée tout en sachant que blancheur n'est pas toujours porteuse de goût de? sainteté. Et, également, les viandes de bovidés soudanais seront à profusion, à notre table ramadanesque. A 300 da/kg d'après les départements concernés. L'équivalent d'un Kg de sardines algériennes !

Espérons que Cheikh Omar El Béchir sera élu, cette fin de semaine, Président du Soudan et?du Darfour : Une contrée anciennement royaume Touareg au 13 é siècle. Ces élections seraient, sans doute, déjà de l'acquis pour le camarade Omar soi-disant jugé et « condamné » en 2009 pour crime, contre l'humanité, commis sur les populations du Darfour justement. C'est peut-être pour ça qu'il se défend bec et ongles, tout en restant au pouvoir bien entendu.

 En ce qui nous concerne, n'est-elle pas belle la vie durant cette saison euphorisante ? En attendant celle estivale qui sera certainement pleine d'autres surprises, aussi bien pour le secteur agricole que pour d'autres, car il serait vain de vouloir chasser le naturel, du simple fait qu'il revient toujours au galop. Toujours. Une terrible sujétion pour laquelle, il serait, à l'évidence, de plus en plus difficile de vouloir s'en débarrasser !!!

(*) Au début des années 1950, un proche parent, résidant à Alger, avait remarqué une foule de gens de tous ages entourant un troubadour en train de faire immerger deux œufs dans un seau rempli d'eau. Et qui criait : «Descendiez nobles œufs, Régnez œufs bâtards». Ahabtou yaoulad El halal, Atalaoû yaoulad lahram. Et les œufs pourris surnageaient alors que les sains coulaient au fond du récipient. Notre spectateur avait rencontré, par hasard, le défunt président Mohamed Boudiaf camouflé dans une kachabia, vivant clandestin dans la Casbah après la découverte de l'organisation spéciale (OS) du MTLD, en train lui aussi d'observer et de méditer profondément la démonstration. Les blés et les mauvaises herbes c'est aussi, à quelques nuances, comme ces deux sortes d'œufs !