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Des mentalités rentières !

par El-Houari Dilmi

L'application ou plutôt l'interprétation de la loi est-elle la même selon la ville ou la wilaya où l'on se trouve ? Cas concret : retirer un document d'une administration publique demande quelques heures dans une wilaya, dans une autre, il faut prendre son mal en patience et attendre une semaine pour récupérer le même document. S'il est donc vrai qu'un escalier se balaie du haut vers le bas, qu'en est-il, alors, de celui qui nettoie toutes les pièces de sa maison pour glisser toute la poussière sous le grand tapis du salon ? Comme reconnu par le président Tebboune, la grande bataille contre la résistance au changement est loin d'être gagnée. Pourtant, il y a bien longtemps que les ordres venus d'en haut n'ont pas d'écho au niveau local. Du simple fonctionnaire jusqu'au haut commis de l'Etat, en passant par le citoyen lambda, la lecture «à géométrie variable» des lois de la République, fait que chacun a sa propre république dans sa tête comme le dit si bien la sagesse populaire. Exemple vivant : de nombreux citoyens continuent de se plaindre du refus par l'administration des documents imprimés et signés électroniquement. Jusqu'à quand un simple rond-de-cuir peut-il balayer d'un revers de la main le travail titanesque qui est en train de se faire pour numériser l'administration, seul moyen de lutter contre les fieffés bureaucrates et «couper la main» aux corrompus ? Le ou les changement(s) servent-ils à quelque chose sous nos cieux particuliers ? A rien, si ce n'est à conserver l'immuable, entretenir le statu quo. L'on pensait que l'ère des slogans creux et des incantations trahies par les faits, était bel et bien révolue, mais il est évident qu'aujourd'hui, une véritable guerre de rupture doit être menée contre la résistance au (x) changement(s), mais aussi contre la «mentalité rentière» avant le système rentier. Si les plus hautes autorités du pays reconnaissent que tout ce qui est décidé au sommet de la pyramide du pouvoir n'est pas suivi d'effet à la base, c'est que «l'Etat dans l'Etat» ou «l'Etat profond», continue de jouir d'une capacité de nuisance qui risque de réduire à néant tous les efforts entrepris, jusque-là, pour édifier l'Algérie nouvelle. A rebours du bon sens, faut-il se résoudre à croire qu'en Algérie, c'est le mouvement qui crée l'immobilisme ? Mais rien n'est en mesure d'arrêter la marche victorieuse du calendrier puisque le temps joue en faveur d'un pays qui a décidé de changer son destin et ne plus jamais regarder en arrière. Le rétroviseur a été cassé et jeté à la poubelle?