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Diète touristique

par Abdelkrim Zerzouri

La destination Tunisie ne semble plus figurer dans les projets de villégiature des Algériens, qui semblent prolonger leur diète touristique malgré la reprise des déplacements internationaux après l'amélioration de la situation pandémique. On s'attendait, en effet, à un rush des touristes algériens vers la Tunisie après l'annonce de la réouverture de la frontière terrestre entre l'Algérie et la Tunisie, le 15 juillet dernier, mais tout le monde a été surpris par le peu d'engouement pour cette destination. Ainsi, à la grande déception des Tunisiens, seulement 60.000 touristes algériens sont entrés en Tunisie via les postes frontaliers de Melloula et Hazoua, depuis le 15 juillet dernier, selon le ministre tunisien du Tourisme, Moez Belhassine.

Rappelons qu'en 2019, pas moins de 3 millions d'Algériens sont entrés tout au long de l'année en Tunisie. Pourquoi les Algériens boudent-ils la destination Tunisie ?

Plusieurs facteurs ont contribué à faire baisser l'engouement des touristes algériens pour la destination Tunisie. Parmi ces facteurs, largement repris dans les commentaires médiatiques, on cite l'inflation qui sévit en Tunisie, provoquant une hausse des prix qui a désagréablement surpris les touristes algériens, eux-mêmes confrontés à une chute du pouvoir d'achat, et qui voulaient dans ce contexte s'évader vers d'autres lieux cléments, mais ils ont été vite refroidis par des prix d'hébergement et de restauration insoutenables. Ajoutons à cela les frais des tests PCR (62 euros en Tunisie), et on aura une note vraiment salée qui a poussé de nombreuses familles à se détourner de cette destination, naguère très prisée. Et, la suppression assez tardive de l'obligation de présenter un test PCR au départ de Tunisie, ou au retour vers le pays, n'a pas eu, jusque-là, l'effet souhaité sur les touristes algériens. Faut-il faire une croix sur la destination Tunisie durant ce qui reste de la saison estivale ? Probablement qu'il ne faut pas s'attendre à un flux important aux frontières terrestres entre les deux pays dans les prochains jours. D'abord, parce que la véritable cause qui a bloqué l'affluence des touristes algériens vers la Tunisie n'est pas que financière.

La saison touristique se prépare plusieurs mois à l'avance, soit au mois de mai, ou bien avant, par les voyagistes. Et, cette brusque décision de réouverture de la frontière terrestre à la mi-juillet a pris de court les professionnels du tourisme, qui ont axé leurs efforts sur d'autres destinations, notamment la Turquie. C'est la principale raison à l'origine de la faillite de la destination Tunisie. A vrai dire, donc, les Algériens ne boudent pas cette destination, qui n'a pas bénéficié des opérations de marketing ou des opérations de charme accompagnant cet évènement touristique, car aucun voyagiste n'imaginait qu'on pouvait opter, d'une manière inattendue, pour la réouverture de la frontière terrestre en plein milieu de la saison touristique ! Mais rien n'est perdu. Peut-être même que l'avenir sera meilleur si l'on se fie aux projets à l'étude dans le secteur du tourisme entre les deux pays.

Le ministre tunisien a dévoilé, dans ce cadre, qu'un programme visant à développer les échanges touristiques entre l'Algérie et la Tunisie est en cours de préparation, ainsi que l'engagement des Tunisiens pour booster le tourisme en Algérie, mais aussi pour former des cadres algériens dans des institutions et des écoles tunisiennes de tourisme. Les Tunisiens ont-ils compris qu'il faut redéployer les efforts dans un autre sens au lieu d'attendre qu'on vienne frapper à leur porte ?