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Le voyage et les us et coutumes bouleversés

par Abdou BENABBOU

Avec l'entame du mois d'août, le bilan de la saison touristique a débuté avec une désolation remarquée chez la plupart des opérateurs et bon nombre de gouvernements qui espéraient reprendre les liens avec des pratiques de voyages hier encore assermentées. Certains Etats dont l'industrie touristique est la seule ressource de subsistance n'ont pas hésité à faire des appels du pied en poussant jusqu'à passer outre les mesures sanitaires préventives pour que les ruées habituelles se reproduisent.

Mais là aussi, sans doute plus qu'ailleurs, la fusion phénoménale de la crise économique avec la pandémie a produit l'effacement d'une culture que l'on croyait éternelle pour la remplacer par une autre. Les voyages ont perdu le plus particulier délice de leurs sens et ne sont plus régis que par la panoplie des urgences. L'aura de Hammamet la tunisienne ou celles de Palma et de Benidorm les espagnoles n'appartiennent plus qu'au passé pour les Algériens. Le tourisme a changé de visage pour le monde entier. Les Occidentaux ont mis une croix indélébile sur le vieux Sud méditerranéen coutumier pour ne plus accorder de l'intérêt que pour le seul soleil qui se lève chez eux. Fini les hôtels et les complexes qui ont cédé leurs attraits d'hier au camping-car et aux plages de leurs lacs.

Les préoccupations ont changé de nature pour que les loisirs et le délassement redeviennent plus terre à terre pour que le comportement rationnel bouleverse les us et coutumes.

Les Algériens se sont mis sur la même voie pour reconquérir leurs espaces de repos et de détente qu'ils avaient méprisés hier encore pour qu'ils se rendent compte, sous la pression de la légèreté de leurs portemonnaies, que l'eau marine avait partout le même goût. Avec l'exiguïté exagérée et de mieux en mieux planifiée des frontières, il est à prévoir et à attendre que leur bon génie développera une nouvelle culture touristique.

Il est bien loin le temps des ruées des hordes intempestives et avilissantes sur les magasins de Tati et de l'idolâtrie des bouteilles de coca, des bananes et du gruyère qui étaient un des principaux motifs pour voyager.