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![]() ![]() ![]() ![]() En temps de conflits armés, l'information et la
communication, en général, se retrouvent forcément sous le contrôle des plus
hautes autorités politiques qui, en collaboration avec les QG militaires,
mettent en œuvre une stratégie digne des champs de bataille. Et, parce qu'ils
voient la vérité d'un bord ou de l'autre des camps antagonistes, les médias
perdent ainsi de leur indépendance, pour se transformer, souvent, en véritables
machines de propagande, à l'avantage d'un camp ou de l'autre, parfois à
l'avantage d'un camp au dépens de l'autre, si ce dernier n'est pas assez fort
sur le plan de la communication moderne. C'est une vérité aussi vieille que les
guerres, mais ce conflit en Ukraine a fait resurgir une nouvelle dimension de
ce visage médiatique. Habituellement, les plus faibles subissent le diktat
informationnel des plus puissants, à l'exemple de la guerre contre l'Irak de
Saddam Hussein, où la terrible machine médiatique américaine et occidentale a
convaincu le monde avec de fausses vérités à propos de la possession de Saddam
d'armes de destruction massive, puis en inondant littéralement la communication
par des images transmises en exclusivité par les médias américains. On savait
que ce n'est pas juste d'avoir un seul son de cloche, mais personne ne pouvait
faire quelque chose contre. La force de la machine médiatique américaine et
occidentale broyait toutes les informations qui ne correspondaient pas à leur
version des faits. Aujourd'hui, la situation n'est plus la même, car les
Occidentaux ont en face une autre machine médiatique russe assez puissante pour
déranger leur plan. Résultat, les Occidentaux se retrouvent dans la contrainte
de fouler aux pieds une sacro-sainte de leurs valeurs, et recourir à ce qu'ils
dénoncent sans répit, la censure des médias russes. Sans état d'âme, trois
jours après l'éclatement de la guerre en Ukraine, la présidente de la
Commission européenne, Ursula von der Leyen, a considéré qu'il était impératif de lutter contre
ce qu'elle appelle «la machine médiatique du Kremlin». Deux ou trois jours plus
tard, les médias d' ?Etat Russia Today'
et ?Sputnik' ainsi que leurs filiales ont été
interdits de diffuser leurs contenus en anglais, allemand, français et espagnol
sur les réseaux de télévision et sur Internet. Une décision «expéditive»,
applaudie par tous les hommes politiques occidentaux et appliquée illico
presto. Une décision qui porte atteinte à la liberté d'expression et une
violation de l'Etat de droit, tel que dénoncée par les responsables russes et
des médias touchés par cette interdiction ? Non, se défendent les Occidentaux
qui expliquent leur décision par l'impératif de bloquer «les mensonges des
médias en question pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la
division dans les rangs de l'Union européenne (UE)». Mais, quand le Mali a
ordonné, jeudi 17 mars, la suspension de la diffusion de RFI et France 24,
après la diffusion par ces médias français d'informations selon lesquelles
l'armée malienne est impliquée dans des exactions contre des civils, la
réaction de l'UE fait un changement de cap de 180 degrés, jugeant
«inacceptable» cette décision sur la base d'«accusations infondées». Le Mali
soutient de son côté que «les agissements de RFI et France 24 ressemblent» aux
pratiques et au rôle tristement célèbre de la radio ?Mille Collines', qui avait
encouragé le génocide au Rwanda en 1994. A chacun sa vérité ?!
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