Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Mettre de l'«ordre» dans tous les rangs !

par Belkacem Ahcène-Djaballah

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a remis, samedi 4 décembre, à Alger, la médaille de l'Ordre de mérite national, au rang de «Achir», à des responsables d'entreprises industrielles nationales publiques et privées, des chefs de start-up et des chercheurs innovateurs, en reconnaissance de leur participation à la diversification de l'Economie nationale. Voilà donc une initiative originale à saluer, tant il est vrai qu'on nous avait habitués à ne voir honorés de décorations nationales et officielles que des invités et des amis étrangers ou des anciens moudjahidine et quelques personnalités, surtout du monde de la Culture.

A saluer car elle a «osé», enfin, transgresser (sic!) l'idée social (e)...iste que seuls les travailleurs et serviteurs du secteur public - économique et/ou culturel (surtout celui-ci) et militaire avaient droit à la reconnaissance étatique (et de la patrie). On sait que les grandes réussites dans le premier (le secteur économique public) étaient non rares mais on sait aussi qu'elles étaient toutes «boostées» par les appareils d'Etat. Quant au secteur militaire, il avait (et a) ses propres règles quasi-universelles. Le «privé», pour sa part, était exclu d'office comme s'il transportait avec lui ou produisait (oh, le vilain mot!) on ne sait quelles nuisances. Il est vrai que les bons exemples de «savoir-être» (bien différent du «savoir-faire») ont fait défaut ; la plupart des très, très grandes (re-sic!) «réussites» industrielles et économiques du secteur privé, durant les années 60 à fin 2020 ayant été, elles aussi, «boostées» en catimini par, non pas les appareils, mais surtout par des «apparatchiks»... le summum ayant été atteint durant les décennies néo-libérales bouteflikiennes (dont l'affaire Khalifa). On a donc eu de grandes «réussites» qui se sont vite transformées -après et grâce au hirak- en ballons de baudruche ayant causé, hélas, énormément de mal à l'économie et aux finances nationales... et plus grave encore à l'image de marque du pays et au moral des citoyens. Les multiples effets pervers sont encore assez visibles au sein de la société au niveau de presque toutes les couches, d'autant qu'il y a encore, hélas, pas mal de «résidus» souvent étonnants, comme la corruption et les harcèlements, car touchant des secteurs, même les plus sacrés, à tous les niveaux, et auparavant loin de tout soupçon.

Initiative à saluer, certes mais aussi et surtout à encourager en demandant son élargissement non seulement avec l'Ordre du mérite national (réservé au «must» des réussites) mais avec l'obligation pour chaque secteur de la vie nationale (industries, économie, finances, administration, culture, sports, communication, solidarité, travail, diplomatie, etc.) de mettre en place et de gérer des «Ordres» destinés à récompenser (en médailles et non en argent ou on ne sait quelle promotion ) les réussites individuelles rigoureusement et publiquement démontrées afin que nul ne doute. En fait, il faut tout simplement remettre au centre de toutes les problématiques liées à la croissance, au développement et au progrès, l'individu producteur et ses initiatives productives, alors que jusqu'ici il s'était retrouvé «périphérisé», écrasé par la masse et les collectifs, ce qui avait (a) permis toutes les arnaques, escroqueries et autres filouteries.