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La xénophobie déguisée

par Abdou BENABBOU

En seulement six mois de cette année, près de 3.000 désespérés à la recherche d'une nouvelle vie ont été engloutis par les mers. La Méditerranée, les océans Atlantique et Pacifique ouvrent larges leurs bras tueurs dans un drôle d'exercice euthanasique pour que les sens de la vie et de la mort ne gardent plus que les consonances du suicide et de l'extinction humaine.

Il est tout de même révélateur de constater que plus l'Occident se barricade contre les migrants et plus les vagues de ces derniers se multiplient.

On perd tout à attendre que le flux clandestin des migrations s'atténue car il est certain que l'itinérance humaine, s'amplifiant de jour en jour sera imparable quelles que soient les natures de la xénophobie quelques fois déguisée en humanisme trompeur et dont la rigidité sera vaine. La vocation de cette itinérance ne date pas d'aujourd'hui, sauf qu'elle se déploie aujourd'hui dans le summum des drames forçant à la disparition de centaines de femmes et d'enfants.

On met en avant par une louche discrétion la menace sur une supposée grande civilisation d'ailleurs déjà en déperdition pour bloquer une transhumance humaine avec des arguments fallacieux en perdant de vue que le monde n'est plus qu'un village et que la notion de civilisation aujourd'hui ne répond aucunement à des états d'âme. Qu'on le veuille ou non et d'une manière ou d'une autre, le tracé de la géographie se transforme pour que le Sud épouse le Nord dans un mariage forcé et imposé par la génétique humaine et la rigueur de l'histoire. Ceux-là se rient des infantilismes des extrémistes de tous les bords qui pensent naïvement que l'humanité s'arrête aux limites de leur pré carré. Les concertations que mènent actuellement des politiciens en mal de pouvoir ne font que se perdre dans le reclus de fausses certitudes rabattant sans cesse qu'ils militent pour sauver les aléatoires périmètres de leurs peuples.

De plus en plus nombreux, les nouveaux va-t-en-guerre feignent d'ignorer que l'espèce humaine aujourd'hui confondue n'a que faire des contours et des murs des frontières et ce qui lui importe ne se limite qu'à ce qui peut être posé sur la table de cuisine.