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La culture se perd

par A. C.

Le public tébessi est-il en rupture de ban avec le fait culturel ? Un constat relevé et observé lors des manifestations à caractère culturel ou artistique. Certains vous diront que c'est par lassitude, de la rengaine des activités culturelles qui ne répondent pas ou peu aux goûts et attentes des gens. C'est toujours les mêmes choses qui reviennent sans innovation ni recherche pour amender les contenus. Des rendez-vous se comptant sur les doigts des mains, destinés souvent à garnir plutôt des programmes d'un calendrier officiel que de satisfaire à la demande d'un public diversifié dans ses choix, exigeant de son regard critique, en comparaison à ce qui se fait sous d'autres cieux. Conséquence, il est de plus en plus délicat pour faire venir le public vers les rares salles de spectacles encore fonctionnelles. Et pourtant les gestionnaires du secteur de la culture essaient d'attirer les gens, à travers les quelques manifestations, journées théâtrales, littéraires ou cinématographiques et salon des arts plastiques, qui, faut-il le rappeler, n'arrivent pas à s'incruster dans la vie locale. Récemment, la tenue des journées littéraires, qui pourtant sont à leur 12e édition, n'ont pas drainé le public escompté, qui aurait créé l'animation tant attendue en pareille occasion. La grande salle de la maison de la culture est donc restée à moitié vide, uniquement occupée par les participants eux-mêmes.

Que faut-il faire pour pouvoir faire venir le public à assister en nombre à des spectacles, souvent organisés dans une atmosphère froide, à la grande désillusion des artistes, écrivains venus enthousiasmés présenter leurs travaux avec l'idée de créer une ambiance chaleureuse chez le public, sauf que celui-ci continue de bouder. Pour Taoufik, cinéphile et lui-même photographe, «la question est de savoir quel produit culturel propose-t-on pour quel public ? Sachant que ce dernier évolue dans ses besoins, en fonction de certains paramètres sociaux et du niveau d'instruction.

Les gens veulent des œuvres culturelles de qualité, selon leur demande et la concurrence fait la différence. Moi-même, je fais l'effort pour rendre visite à une exposition-photos, tout en m'interrogeant sur son thème, ses objectifs recherchés, les nouveautés par rapport à d'autres manifestations du même genre. Et puis ce déficit flagrant en matière d'information». Même tempo chez Mohamed qui, lui, constate quelque peu désabusé «sur les normes de l'organisation des rencontres dites culturelles ou artistiques, qui doivent à mon avis revenir à des vrais professionnels, car les lacunes relevées çà et là influent forcément sur la qualité des spectacles donnés, qui, au final, font fuir (c'est le mot) le public. De même pour ce qui est des infrastructures actuelles ne répondant pas aux conditions d'accueillir des manifestations culturelles. Je voyage beaucoup et je vois ce qui se fait ailleurs. Pas plus loin qu'en Tunisie, avec peut-être moins de moyens, mais un savoir-faire bien rodé, nos voisins arrivent à mettre en place des rendez-vous culturels bien ficelés, depuis l'accueil jusqu'au bon déroulement d'un salon du livre, d'une représentation théâtrale ou d'un festival de folklore, par exemple ». Alors faudra-t-il revoir de fond en comble les règles de l'organisation de nos activités culturelles, à commencer par la dotation des structures équipées, disposées à abriter telle ou telle manifestation. Mais aussi former le personnel qualifié à gérer ces structures, salle de spectacles, théâtre, bibliothèque, galerie de peinture ou cinéma. Et puis comment inculquer au public, les normes de bienséance en se rendant voir un gala de chant ou une exposition d'artisanat. Une imprégnation qui doit débuter au sein de la famille et poursuivie à l'école, afin d'élever la chose culture au stade d'un bien civilisationnel commun.