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Ligue 1 - Saison 2021-2022: Des certitudes et des inconnues

par Adjal Lahouari

L'édition de la Ligue 1 (2021-2022) démarre vendredi avec quelques certitudes et beaucoup d'inconnues, «marque de fabrique» du professionnalisme à l'algérienne. Le football local, hormis quelques satisfécits ça et là, est loin des promesses liées à son statut.

Aussi, rien n'indique qu'il faut s'attendre à la disparition des dysfonctionnements qui bloquent sa progression. Car les pratiques des dirigeants, principaux responsables, ne risquent pas de changer. Chaque été, c'est la course effrénée pour recruter les meilleurs joueurs. Une tâche ardue qui ne les rebute pas. Parfois, c'est le parcours du combattant pour engager les joueurs ciblés et bloqués par les contrats paraphés avec les clubs de la précédente saison. On a alors assisté à des marchandages honteux. D'un côté, les dirigeants exigent des milliards pour «libérer» un joueur. D'autres demandent à ce dernier de faire l'impasse sur ses salaires pour lui accorder le quitus. Ce qui fait que le bureau de la CNRL est surchargé par des dossiers plus ou moins épineux à régler au mieux. Ces discordes ne servent en aucune façon une discipline appelée pourtant sport-roi, alors que les règlements existent et ont prévu tous les cas de figure. Dans un tel contexte, émettre des pronostics à la veille du coup d'envoi constitue un exercice difficile. Néanmoins, et comme le veut la tradition, nous avons pris en compte les différentes situations des sociétaires de la Ligue 1. Dans ce tour d'horizon, il faut signaler les nombreux changements intervenus au niveau de la barre technique, «cheval de bataille» préféré des dirigeants. Ils se comptent sur les doigts d'une main les clubs dont les entraîneurs ont été reconduits. On citera l'ESS (El-Kouki), le PAC (Chérif El Ouazzani), le RCR (Bougherara) et l'ASO (Zaoui). Comme quoi, les mauvaises habitudes ont encore de belles années devant elles, et rien n'indique qu'elles vont cesser un jour.

Le lot des favoris

On prend les mêmes et on recommence. Il n'y a pas de raison que les clubs ayant terminé sur le podium ne se distinguent pas à nouveau. Entre ces clubs, il existe un point commun, à savoir que leurs effectifs n'ont pas connu de gros changements. On peut donc considérer que c'est un paramètre à prendre en considération et qui jouera en faveur de ces clubs qui se sont évertués à attirer quelques bons éléments censés apporter un plus. Le CRB entend défendre son titre et repousser les assauts de ses principaux rivaux. Même si le Chabab doit être considéré comme une valeur sûre, il ne faudrait pas oublier que Sayoud n'est plus là pour débloquer les rencontres difficiles à négocier comme c'était souvent le cas au cours de la saison écoulée. Cette dépendance constituera le point faible d'une équipe qui sera contrainte de miser sur le collectif. De son côté, l'ESS sera amoindrie par le départ de quelques cadres et non des moindres. La question est posée car on ne remplace pas facilement les Amoura, Ghacha et Bekakchi, pour ne citer que ces joueurs. Ceci revient à dire qu'un défi est proposé aux nouveaux éléments engagés cet été. Pour sa part, la JS Saoura se trouve dans une situation similaire à celle du CRB en ce sens que le buteur Messaoudi, parti à Courtai en Belgique, fera défaut. Ses coéquipiers Hamidi et El-Hamri devront être plus efficaces. A Alger, si les dirigeants de l'USMA ont attiré une demi-douzaine de joueurs valeureux tant en défense qu'au milieu, ils déplorent les récentes blessures de l'avant-centre ghanéen Opoku, Benzaza et de Chenihi qui rateront donc l'entame du championnat. Le coach Denis Lavagne, non satisfait du rendement offensif de son équipe lors des premières rencontres amicales, a été rassuré par les dernières prestations de ses poulains.

Ces outsiders imprévisibles

Au sein de la JSK, la situation est assez préoccupante, car l'équipe paraît plus faible que celle du précédent exercice. L'effectif a été complètement chamboulé, compliquant la tâche de l'entraîneur Henri Stambouli. Cependant et contrairement aux prévisions, le résultat face aux FAR en coupe de la CAF est de nature à rassurer toutes les parties du club. En effet, en dépit de l'absence de plusieurs cadres, la JSK a réussi à prendre une sérieuse option en arrachant la victoire au Maroc face à un adversaire qui se croyait supérieur et qui s'est rendu compte que la JSK ne doit pas être mésestimée. Au MCO, c'est une toute autre impression qui se dégage, et même le coach Aït Djoudi a déploré le faible niveau de plusieurs joueurs. Et les défaites en matches amicaux sont des signes alarmants à la veille du coup d'envoi. L'objectivité nous oblige à affirmer que l'équipe actuelle n'a rien à voir avec celle de la saison passée. Si l'on se fie à leurs intenses activités au cours de l'intersaison, les responsables du MCA veulent ouvrir une nouvelle page en engageant l'entraîneur tunisien Khaled Benyahia. Toutefois, les victoires en amical face à des équipes de divisions inférieures n'ont pas caché les lacunes d'un effectif incomplet. Le coach tunisien sera obligé d'attendre le mercato hivernal pour dénicher l'oiseau rare en attaque. On se demande si ses fortes exigences sur la plan de l'implication des ses poulains vont être satisfaites. En revanche, à Constantine, on attend avec impatience le premier match de leur club, le CSC. Il est vrai que le Chabab s'est bien comporté au cours de la phase retour du dernier championnat. En outre, les dirigeants ont ratissé large en matière de recrutement. Par ailleurs, Il faudra scruter de près les conséquences du changement au niveau de la barre technique où Chérif Hadjar a été installé. Ce qui est certain, son beau parcours avec l'O. Médéa plaide en sa faveur.

La catégorie restreinte

Quelques clubs ne ménagent pas leurs efforts pour rejoindre le groupe des outsiders. Dans cette catégorie restreinte, on citera le PAC, l'OM, l'ASO et le NAHD. On n'apprendra rien à personne en soulignant le cas particulier du Paradou. Ce club mise toujours sur sa célèbre Académie. Chaque saison, les meilleurs vont ailleurs, mais sont suppléés par de nouvelles pépites. Il est rare donc que les dirigeants recrutent de nouveaux joueurs. Cet été, deux éléments ont rejoint l'effectif du PAC. Il s'agit du gardien Medjadel et de l'attaquant Aoud, susceptibles d'être des satisfactions pour leur coach Chérif El Ouazzani. Les puristes espèrent que le PAC, conformément à son ADN et à sa vocation de club formateur, continuera à produire du beau football. Il est certain que l'OM a été une révélation au cours de la saison. On se souvient que les Médéens ont occupé le poste de dauphins de la onzième à la seizième journée, devançant les grosses cylindrées. Hélas, la baisse de régime au cours des dix dernières journées, avec sept défaites, a valu la dixième place aux Médéens. En vue de cette nouvelle édition, 19 recrues ont rallié le club pour cinq départs. Cela signifie que les ambitions des responsables sont intactes pour, au moins, jouer le rôle de trouble-fête. Est-ce que le NAHD est en mesure d'intégrer le groupe qui vient d'être évoqué ? On notera que les cadres sont restés hormis Meftah qui a opté pour l'ASAM, et que du côté de Hussein Dey, on espère que les nouvelles recrues apporteront le plus attendu. Les fans souhaitent que leur équipe affiche des prétentions en se basant sur les dernières rencontres du dernier championnat où les « Sang et Or» ont aligné une belle série qui leur a permis de terminer au douzième rang.

Dur sera le maintien

Sauf très grosses surprises, les autres clubs vont s'attacher à viser le maintien sans plus. En fonction de ce qui se passe à Relizane, le RCR est déjà en danger. Les crises sans fin vont déboucher sur de fâcheuses conséquences à cause des dirigeants qui n'assument pas leurs responsabilités après la démission du président Mohamed Hamri. Aucune préparation, aucun stage, une reprise très tardive et des difficultés pour régler les frais d'engagement. Les fans ont montré leur courroux en interrompant une séance dirigée par Bougherara, qui est tenté de plier bagage et de rentrer chez lui. Ce sont les ingrédients pour une relégation difficile à éviter. De son côté, l'USB, après avoir séjourné au bas du tableau, a réagi lors de la phase retour, évitant ainsi la chute en Ligue 2.

Le club de Biskra avait deux points d'avance sur le premier relégué, l'ASAM. Peu de mouvement chez l'USB qui, probablement, misera sur sa défense qui a tenu le coup (12 fois zéro but et 15 fois 1 but) qui a pallié au maillon faible, l'attaque, 18e au classement (32 buts) devant les deux relégués, le CABBA (29 buts) et la JSMS (17 buts). L'expérimenté Khoualed sera encore une fois aux commandes de ce secteur. Après une bonne entame, l'ASO a commencé à glisser au tableau.

Le bilan fait ressortir que les Chélifiens se sont mieux comportés au retour, évitant ainsi de justesse la chute, à égalité avec le WAT. L'attaquant Beldjillali aura été le meilleur buteur et fut relayé par Bouguetaya. Les départs vers d'autres cieux de Belmdjillali et du milieu Benzaza risquent d'affaiblir un effectif déjà limité. Il y a fort à parier que les Chélifiens vont se battre pour conserver leur place en Ligue 1. A l'instar des clubs aux moyens financiers limités, le WAT a beaucoup souffert au cours du dernier championnat évitant de justesse la relégation.

Les boycotts répétés des joueurs y sont pour beaucoup dans ce faible parcours, alors que la barre technique a été instable. A quoi faut-il s'attendre cette saison, sachant qu'un nouvel effectif est en place, alors que les départs des buteurs Touil et Aïchi risquent de peser sur la balance ? C'est à l'entraîneur Kamel Bouhlel que revient la mission d'instaurer les automatismes entre des joueurs qui ne se connaissent pas. En stage sur place, les Widadis ont livré plusieurs rencontres amicales qui se sont avérées rassurantes. Mais rien ne remplace les matches officiels où la tâche est plus difficile. Pour le coup d'envoi de ce championnat, les Tlemcéniens accueilleront le NC Magra avant d'effectuer deux déplacements consécutifs à Relizane (RCR) et Alger (MCA) avant de recevoir le CSC. Après les quatre débats face à des adversaires de calibres différents, on aura une idée plus précise sur les réelles potentialités du WAT. Quel sera le comportement des deux promus ? Accéder est une chose et se maintenir en est une autre. L'un des heureux élus, le RCA, en sait quelque chose puisqu'il a fait partie de l'élite avant de chuter en division inférieure. Pour avoir des chances de maintien, les dirigeants on recruté des joueurs expérimentés et anciens pensionnaires de clubs de Ligue 1. On citera Frifer (MCO), Tiaïba (ASAM), Sifour et Aliane (USMA), rejoints par Belmaribi (JSD), Atafen (USMMH) et Diafi (ABS). Mais est-ce que ce renfort sera suffisant ? Nous aurons des éléments de réponse après les cinq ou six premières journées. Chez le HB Chelghoum Laïd, c'est une démarche audacieuse avec le recrutement de 16 joueurs dont sept issus de l'élite.

Pour diriger cet effectif, les dirigeants ont sollicité les services d'Ighil Meziane, qu'on ne présente plus. Cela signifie qu'ils misent sur la grande expérience de ce technicien qui n'a pas peur des défis. Il va sans dire que sa tâche ne s'annonce pas aisée dans un championnat où la plupart des clubs, même les meilleurs, se sont renforcés. A présent, il reste à souhaiter que les affairistes ne viennent pas perturber la compétition que les sportifs espèrent saine et sans marchandages. Par ailleurs, la violence dans et autour des stades ne doit pas exister, en dépit de l'importance des résultats.