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Le cul-de-sac

par Kamal Guerroua

Mondiale et publiée dans son bulletin de conjoncture du mois de juin sur l'impact de la crise sanitaire sur les ménages défavorisés dans le monde, il est établi qu'un grand flou entoure l'avenir économique de l'Algérie. Pour cause, l'inflation a fait sa montée depuis 2020 en raison de la dévaluation de la valeur du dinar. La cherté de la vie s'est sérieusement aggravée en Algérie, selon les experts de la BM, surtout à partir de janvier 2021. Ainsi constate-t-on que les prix des produits alimentaires et non alimentaires au début de 2021 ont augmenté de (+3,4 % et +4,2 %) par rapport à janvier 2020. Un dérèglement grave qui pèse lourd sur le pouvoir d'achat des ménages à faible revenu, et même sur les classes moyennes, menacées d'être laminées à court terme. Il va de soi que beaucoup de facteurs sont à l'origine de cette hausse inexpliquée des prix de produits de large consommation depuis le début de la pandémie de la COVID-19 en 2020. D'abord, cite le rapport, il y a la dépréciation du taux de change.

Celui-ci aurait fait augmenter le prix des équipements, des intrants intermédiaires et des produits finaux importés. De même, il a causé l'augmentation de la monnaie en circulation, ainsi que l'intensification de l'effort de rationalisation des subventions du lait et du blé. Tout cela a poussé la spirale inflationniste dans sa logique haussière. A titre d'exemple, au cours de l'année 2020, le dinar a perdu 9,8 % de sa valeur par rapport au dollar américain et 17,7 % par rapport à l'euro. En conséquence, les équilibres des échanges commerciaux ont basculé négativement en défaveur de l'Algérie. Pas de miracle pour trouver la panne ! En effet, la baisse des prix du pétrole et des recettes extérieures de l'Algérie ont tiré vers le bas le dinar, lequel s'est déprécié, pour rappel, de 6,4 % par rapport au dollar entre mars et avril 2020, avant de se stabiliser jusqu'en décembre 2020. Et depuis, il s'est encore déprécié de 2,3% supplémentaires.

Les rédacteurs de l'étude de la BM ont également souligné que le dinar a chuté par rapport à l'euro entre avril et août 2020, en raison de son appréciation par rapport au dollar. Toutes ces anomalies ont fait en sorte que le pouvoir d'achat de l'Algérien soit réduit presque à rien aujourd'hui. Les incohérences du commerce international algérien aggravent, de ce fait, les déséquilibres financiers globaux de notre pays.

Enfin, les experts de la BM mettent l'accent sur le fait qu'avec le dollar comme monnaie de facturation des exportations d'hydrocarbures, et avec plus de 50 % des importations en provenance d'Europe ou de Chine, la dépréciation plus significative du dollar par rapport à l'euro a eu un effet négatif sur les termes de l'échange de l'Algérie. Autrement dit, notre pays semble victime d'une stratégie économique mono-exportatrice désuète, appelée à être revue, restructurée et réformée le plus tôt possible, pour éviter une catastrophe en perspective.