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«Canal+» déboutée dans une affaire liée à l'Algérie et l'Islam

par Houari Barti

La chaîne d'information ?Cnews' et son polémiste haineux, Eric Zemmour, viennent de subir un second revers de la part de la justice française. En effet, le Conseil d'Etat français a rejeté, jeudi dernier, le recours déposé par le Groupe ?Canal+' demandant l'annulation d'une mise en demeure prononcée en décembre 2019 par le Conseil supérieur de l'Audiovisuel (CSA) contre sa chaîne d'information ?CNews' pour des propos controversés d'Eric Zemmour sur la colonisation de l'Algérie et l'Islam.

Dans sa mise en demeure adressée à ?CNews', le CSA exigeait de la chaîne d'info, selon l'AFP, de «respecter ses obligations, notamment en termes d'incitation à la haine et à la violence».

Lors de l'émission ?Face à l'info' du 23 octobre 2019, Zemmour, proche des milieux d'extrême droite et partisan de «la théorie du grand remplacement» avait, pour rappel, provoqué la consternation des téléspectateurs en assimilant l'Islam à l'islamisme, avant d'évoquer la conquête de l'Algérie par la France, dans les années 1830, en se disant, en tant que Français, «du côté» du général Bugeaud qui, lorsqu'il «arrive en Algérie, (...) commence à massacrer les musulmans et même certains juifs».

A l'annonce de la mise en demeure de sa chaîne d'info ?Canal+' filiale du groupe ?Vivendi' détenu par le milliardaire Vincent Bolloré, avait répondu vouloir déposer un recours pour abus de pouvoir auprès du Conseil d'Etat, considérant cette mise en demeure «injustifiée» et «contraire aux principes de la liberté d'expression». De son côté, le Conseil d'Etat a estimé, dans sa décision datant du 16 juin, que «le CSA n'a pas fait une inexacte application des pouvoirs» qu'il détient avant de souligner qu' «Il (le CSA) n'a pas plus porté une atteinte disproportionnée à la libre communication des pensées et des opinions (...) ni, en tout état de cause, méconnu l'objectif de valeur constitutionnelle du pluralisme des courants de pensée et d'opinion».

La plus haute juridiction administrative française estime, par ailleurs, que «la société d'exploitation d'un service d'information n'est pas fondée à demander l'annulation de la mise en demeure qu'elle attaque».

Il est à noter qu'une mise en demeure du CSA constitue un sérieux avertissement qui peut précéder, en cas de manquements répétés, une sanction qui peut aller de la suspension temporaire d'un programme à, carrément, un retrait de l'autorisation de la chaîne, en passant par des amendes ou privations d'écrans publicitaires.

Pour rappel, la chaîne ?CNews' n'est pas à son premier dérapage du genre. En mars dernier, ?CNews' avait écopé d'une amende de 200.000 euros du CSA, également pour «incitation à la haine» et «à la violence» après un autre dérapage d'Eric Zemmour, cette fois-ci, sur les migrants mineurs isolés. La Chaîne d'info en continu a été à nouveau mise en demeure le 12 juin sur ses obligations en matière de pluralisme pour avoir trop donné la parole à un candidat du Rassemblement national (RN), ex Front National (extrême droite), aux élections régionales par d'autres listes.