C'est
l'histoire vraie, jusqu'à se pâmer de douleur, de Khalid, ce bambin aux yeux
exorbités, qui ne pige toujours pas pourquoi le pogrom a été froidement exécuté
dans un silence ambiant et que personne n'a pu arrêter cette «pornographie de
l'horreur», toujours étalée en boucle jusqu'à la nausée sur toutes les TV et
networks du monde entier. Ni pourquoi, depuis la mort maquillée du dernier
moustachu arabe et la pendaison, sur un plateau de télé, du dernier zaïm vrai-faux ou faux-vrai musulman, aucune armée ni
maréchaussée arabes n'ont jamais eu le toupet d'exhiber le nez du plus preux de
leurs bidasses avec, sur son dos, une arme en carton-pâte et une balle en plastique
cachée sous son aisselle en suée frelatée. Alors, pour soulager la conscience
torturée de ses parents impuissants avec, pour seule arme naturelle, des yeux
pour les crever à l'heure du dîner et des larmes pour noyer tous les «sionisés» dans un déluge d'imprécations, Khalid, comme
illuminé par une idée trouvée sous déposée sous son laurier en coton musqué,
trouve une solution imparable pour voler au secours de ses camarades bambins ghazaouis, qui se font trucider comme des lapins affamés.
Autour d'un dîner aux allures de veillée mortuaire, Khalid sort de son chapeau
sa fumeuse idée pour trouver une solution rapide, la seule à même d'éviter à Ghaza de faire, encore et toujours, un saut en arrière en
plein dans l'ère antédiluvienne. L'idée, selon Khalid, est
que comme le football est un autre moyen de prolonger la guerre entre les
peuples, la solution suffirait à l'Algérie, pour aider sa sœur la Palestine «dhalima aou madhlouma»,
de faire don, au pays des Pharaons, de la Coupe d'Afrique, décrochée en été
2019 au pays de «Oum Dounia» et en contrepartie, le Pays du Maréchal al-Sissi
ouvrira tous les points de passage pour permettre aux Palestiniens, non pas de
réarmer le Hamas, mais juste pour ouvrir une brèche dans l'injuste et inhumain
blocus alimentaire et sanitaire qui leur est imposé depuis trop longtemps.
Ravi à l'idée géniale de son rejeton, le papa de Khalid prend le premier
autobus déglingué à destination de l'ambassade d'Egypte à Alger, où il est reçu
en tête-à-tête par son Excellence, représentant des Pharaons, qui écoute avec
la ferveur d'un moine tibétain ,la proposition de sortie de crise, sortie
(comme la vérité) tout droit de la caboche d'un bambin révolté par tant de
violence, d'injustice et d'hypocrisie. Poliment invité à vider les lieux pour
manque de sérieux, il est orienté vers l'ambassade d'un deuxième pays arabe mis
au ban de l'humanité pour « excès d'irrédentisme », puis un troisième, puis un
quatrième sans jamais trouver le moyen de fructifier la géniale idée sortie de
la tête froide de son ingénieux gredin. Après plusieurs journées passées à
faire le tour des ambassades des pays arabes et musulmans juchées sur les
hauteurs d'Alger, le papa à Khalid sera retrouvé mort de faim et de froid,
enlacé dans un drapeau appartenant à un lointain pays sud-américain. Sur sa
tombe anonyme, l'on écrira : « citoyen X, environ 47 ans, citoyen chilien,
décédé d'une mort suspecte à Hydra, à proximité de l'ambassade du pays des
Pharaons...».