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22 forages illicites détruits depuis le début de l'année

par Rachid Boutlelis

  Dans le cadre de la lutte contre les maladies à transmission hydrique (MTH), les opérations menées par les services d'hygiène de la commune d'Aïn El-Turck ont permis de détruire 22 nouveaux forages illicites depuis le début de l'année, a-t-on appris de sources proches de la commune. Une première opération menée l'été dernier avait permis d'éradiquer une vingtaine de puits illicites. Nos sources indiquent que ces puits ont été creusés sans aucune autorisation sur des terres agricoles ou à l'intérieur d'habitations et certains de ces puits servaient à alimenter des colporteurs d'eau. Cette opération se poursuit toujours. Baptisée source du turc peu avant l'époque du conquistador, en raison d'une multitude de sources répertoriées dans le sous-sol de ses différentes zones, Aïn El-Turck a, au fil du temps, énormément perdu de sa prestigieuse réputation. Cet état de fait est à mettre à l'actif d'un nombre considérable de forages illicites, qui s'est encore multiplié depuis l'avènement des colporteurs d'eau douce. S'étendant sur une superficie de 19.410 hectares et issue d'un découpage administratif, initié en 1975 avant d'être modifié en 1989, la daïra côtière d'Aïn El-Turck n'est plus uniquement un lieu de villégiature pour des estivants en quête d'une bouffée d'air iodé, mais est devenue, depuis ces trois dernières décennies, le lieu de résidence permanent pour un grand nombre de familles venues de différentes contrées du pays. Une grande majorité de ces familles qui s'y étaient installées a procédé au forage, avec ou sans autorisation, dans leurs habitations et ce, pour parer aux fréquentes et intermittentes perturbations en alimentation d'eau potable qui perdurent de nos jours.

Il importe de noter que ce constat n'est pas spécifique pour la seule contrée d'Aïn El-Turck mais a été relevé dans presque toutes les autres zones essaimées à travers la wilaya d'Oran. En effet, la surexploitation des eaux souterraines menace la nappe phréatique de toute la région d'Oran. Selon un décompte établi, des centaines de forages profonds creusés illicitement dans les communes périphériques, comme à titre d'exemple Misserghine, Oued Tlélat, Tafraoui et Boutlélis, puisent dans la nappe phréatique causant ainsi des dommages irréversibles. Le phénomène a pris une ampleur démesurée à la sortie nord-ouest de la ville d'Oran, plus précisément dans le bourg d'El-Hassi où sont recensés des dizaines de forages illicites. Il s'agit en fait de puits situés dans des fermes, qui sont également utilisés pour alimenter les colporteurs. Les forages effectués illicitement ne respectent aucunement les normes en vigueur et altèrent gravement la nappe phréatique du fait que leurs ouvrages s'effondrent peu de temps après leur mise en service. Les inspections de ces forages illicites ont révélé une baisse sensible de la nappe phréatique dans cette zone. Les mesures annoncées par les autorités locales, qui avaient promulgué un arrêté pour procéder au recensement et à la destruction de tous les forages illicites existants à Oran, ne semblent aucunement dissuader les propriétaires de ces puits illicites. Un arrêté de la wilaya stipule, entre autres, une saisie d'une durée de six mois du matériel utilisé dans le forage illicite et des sanctions contre les contrevenants, conformément aux dispositions pénales prévues dans ce genre de délit. En dépit de cet arsenal répressif, le phénomène est devenu incontrôlable.

Le créneau semble bien au contraire prospérer allègrement. La course effrénée vers l'exploitation irrationnelle de cette richesse souterraine semble avoir de beaux jours devant elle. De nouvelles activités nécessitant d'énormes quantités d'eau, à l'exemple des stations de lavage de véhicules, ont aussi fait leur apparition en parallèle.