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Les monarchies et les bibelots comme dieux

par Abdou BENABBOU

Interrogatifs nous sommes, après les réactions mondiales, suite au décès de l'époux de la reine d'Angleterre. Nous ne pouvons ne pas nous questionner sur la teneur d'un homme aussi marquant qu'il ait été et nous demander en quoi une monarchie, elle-même, peut-elle justifier sa présence et de quoi tient-elle sa couronne ? L'homme dit-on avait de l'épaisseur et de la hauteur mais en quoi peut-on justifier une aura symbolique et expliquer avec raison, sa place et celle de sa famille au sommet de l'échiquier anglais ?

Dite constitutionnelle, la monarchie bénéficie d'un budget annuel de plus de 40 millions d'euros et il va de soi que la famille royale vit aux crochets du contribuable britannique et celui-ci se complaît, de bonne grâce et avec soumission, à cette situation, au nom d'un principe presque divin, qui remonte à la nuit du temps. Le gouvernement élu démocratiquement décide de tout et la reine ne s'immisce en rien dans la gestion du pays, se contentant du rôle de gardienne du temple non sans fructifier ses affaires personnelles. L'une des plus grandes démocraties du monde, tout en tenant à sacraliser un trône en lui attribuant l'assise et la garantie de son unité, n'empêche pas d'étaler une contradiction en s'agrippant à une culture et une philosophie monarchique qui a l'air de rendre la reine Elisabeth détentrice d'un règne presque planétaire.

La plupart des monarchies du monde ne sont pas en reste, bien qu'elles ne soient pas toutes des divinités autoritaires terrestres. Dans bon nombre de sociétés, le droit divin établi par de douteuses genèses, perturbe la logique et la raison pour révéler une évidente contradiction jusqu'à dénaturer le sens donné à la démocratie. Paradoxalement, royauté et esprit démocratique font bon ménage pour donner libre cours à une des grandes curiosités de l'espèce humaine jusqu'à soumettre, par exemple, de grands savants indous reconnus, à se prosterner devant des bibelots en terre glaise convaincus qu'ils étaient leurs dieux.