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Dispositifs médicaux: Appel à la fin du monopole

par M. Aziza

Le Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO) a plaidé, lors de la célébration de la Journée nationale des handicapés, pour la démocratisation de la vente de toute la gamme des produits de vidange - sondes pour l'auto-sondage intermittent et stomies. Le but est de permettre aux malades de se procurer ces dispositifs vitaux près de chez eux en toute dignité, que ce soit pour les personnes habitant les villes ou celles qui habitent dans les régions reculées. Tout en leur assurant le remboursement.

Aujourd'hui, 20 centres seulement affiliées à l'Office National d'Appareillage et Accessoires pour Personnes Handicapées (l'ONAAPH) font la distribution des poches et sondes exclusivement aux personnes handicapées, «ce qui est nettement insuffisant vu le nombre des wilayas qui sont passées de 48 à 58 wilayas», selon les professionnels et les associations des handicapés.

Intervenant avant-hier lors d'un séminaire tenu au Centre international de conférences (CIC), organisé par la Fédération algérienne des personnes handicapées (FAPH), en présence du ministre de l'Industrie pharmaceutique, M. Chikhi Réda, membre du SNAPO, a affirmé qu'il est grand temps aujourd'hui de généraliser la vente de ces dispositifs médicaux dans les officines. Pour éviter, dit-il, au pauvre malade qui est au niveau des Hauts Plateaux et au Sud de faire 200 ou 300 km afin d'avoir une poche de colostomie, «c'est inadmissible, alors que le pays dispose de plus de 12.000 officines qui sont à proximité du malade».

Il a tenu à affirmer que la fédération des personnes handicapées a également proposé au syndicat et aux officines d'inclure dans leurs listes les dispositifs médicaux qui sont sous tension ou en rupture de stock. Chose que le SNAPO s'est engagé à faire.

Justement par rapport à la pénurie des sondes, la présidente de la fédération des associations de personnes handicapées, El Mamri Atika, a affirmé qu'en matière de disponibilité, les patients ont souffert durant cette année de crise sanitaire du Covid-19. Les raisons de cette rupture sont dues, selon l'intervenante, au retard relatif à la signature des programmes d'importation des dispositifs médicaux. Mais, dit-elle, les choses commencent à rentrer dans l'ordre après que la fédération ait sollicité l'intervention du ministre de l'Industrie pharmaceutique et les responsables du ministère de la Santé. Le retour à la normale se fera ressentir progressivement, souligne-t-elle. Et d'affirmer par ailleurs que sa fédération et les personnes souffrant de handicap ne veulent plus du monopole de l'ONAAPH sur les dispositifs médicaux destinés aux personnes handicapées. Appelant ainsi à la libération de la vente avec remboursements de ces dispositifs à travers les officines. Elle a affirmé dans ce sens que le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a été très attentif aux propositions formulées par sa fédération et les médecins spécialistes.

Assurer un remboursement aux patients atteints du cancer

La présidente de la FAPH a affirmé que les personnes handicapées ont le droit absolu de parler de leurs difficultés sans tabou, même les plus intimes, «les personnes handicapées et personnes atteintes de certaines maladies ont besoin de sondes, de poches pour leur santé et pour leur bien-être», dit-elle. En précisant que pour les sondes ou l'auto-sondage, le dispositif est bel et bien remboursé par les services de la CNAS, et ce, depuis le mois de janvier 2019. Mais, il y a d'autres catégories de malades qui utilisent également des sondes, mais n'ont pas le droit au remboursement, en citant par exemple «les patients atteints du cancer dont certains sont obligés d'utiliser ce genre de dispositif médical».

D'où la nécessité, dit-elle, d'élargir le remboursement des sondes pour l'auto-sondage intermittent et les poches de colostomie mais aussi urétérostomie à tous les patients. C'est-à-dire à tous les assurés sociaux qui les utilisent à vie et qui leur sont prescrites par les médecins spécialistes. Et de préciser que les poches de colostomie sont disponibles dans certaines pharmacies mais pas dans toutes les officines. Et de préciser qu'elles sont «prises en charge» par la CNAS sauf dans le cas où elles sont distribuées aux malades par le biais de l'ONAAPH.

Pour la présidente de la fédération, «il est aujourd'hui impératif de lever le monopole et libérer la vente de ces dispositifs vitaux à travers les officines du pays». Bien évidemment, tout en allégeant aussi le dossier administratif exigé par la CNAS pour l'accès au remboursement des sondes pour l'auto-sondage et dispositifs de vidange urinaire et de vidange intestinal. La fédération et le SNAPO ainsi que les représentants de la société civile ont plaidé pour l'introduction des poches de colostomie dans la nomenclature de la carte Chifa pour que les patients atteints de cancer puissent s'approvisionner auprès d'une pharmacie de leur lieu de résidence.

Un texte organisant le marché des fournitures médicales

Le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a annoncé lors de son intervention que son département est en train de préparer des textes d'application pour l'organisation du marché des fournitures médicales, notamment celles destinées aux personnes à besoins spécifiques.

En précisant que ces textes doivent ainsi définir l'entreprise pharmaceutique, notamment de fabrication et d'importation des fournitures médicales. Et définir un cadre réglementaire afin d'assurer une coordination avec les acteurs concernés. Et ce, pour garantir la disponibilité et la qualité en vue de préserver la santé du citoyen et sa qualité de vie.

M. Benbahmed a affirmé que son secteur «s'emploie à l'adoption de nouvelles mesures pour coordonner les pratiques en vigueur des différents acteurs en vue de maîtriser les dispositifs relatifs aux caractéristiques». Et ce «à travers la mise en place de mécanismes assurant notamment la prévention et le suivi permanant de la fabrication des équipements médicaux dans le but de satisfaire la demande nationale».

Où est passée l'enquête nationale sur le handicap en Algérie ?

La présidente de la fédération des associations de personnes handicapées a regretté l'absence de données et de statistiques fiables et d'étude sur le handicap en Algérie, ce qui parfois entrave l'identification des besoins avec exactitude.

Et de s'interroger «où est passé d'ailleurs l'enquête nationale sur le handicap qui devait être lancée en 2011. Une enquête qui a été initiée par le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille et qui devait être réalisée par l'Office national des statistiques (ONS). L'enquête devrait en principe dresser un état les lieux de handicap en Algérie pour élaborer sur cette base un plan d'action qui permettra de renforcer la prise en charge et la réinsertion des personnes handicapées.

La présidente de la fédération a même affirmé «qu'il avait même un budget qui a été alloué à ladite enquête». Elle enchaîne «il y a eu aussi la formation d'enquêteurs et nous en tant que fédération nous avons été désignés comme comité de pilotage, mais aujourd'hui on ne sait pas où est passée cette enquête !»