Peut-on
encore espérer une solution au dossier du Sahara Occidental près de
l'organisation onusienne ou l'Union africaine ? Depuis près d'un demi-siècle
qu'on tente d'ancrer des repères dans cette région désertique, les efforts de
ces deux organisations n'ont abouti à rien de concret jusqu'à présent. Pis, les
tergiversations dans ce concert des nations n'ont fait qu'emmêler les fils, au
point de faire oublier où on s'est arrêté par où recommencer. Sans parler de
l'UA, qui semble tétanisée devant le développement des évènements, qu'en est-il
de la position de l'ONU dans ces circonstances actuelles où le Maroc, signataire
du cessez-le-feu, paraphé en septembre 1991 sous son égide, renie ses principes
prévoyant un référendum d'autodétermination dans les six mois qui devaient
suivre ? La mission de l'ONU créée dans ce cadre de l'organisation d'un
référendum au Sahara Occidental (Minurso) a connu un
échec latent devant le refus de collaboration des Marocains, qui ont trouvé la
parade en prenant des réserves sur la composition du corps électoral et le
statut du territoire, et repoussé le rendez-vous en question. Peu à peu, le
Maroc est revenu avec une nouvelle proposition d'autonomie, effaçant d'un trait
le principe du référendum d'autodétermination qui a été, en 1991, le moteur de
la signature d'un cessez-le-feu par le Polisario. Ragaillardi par ce dernier
soutien du président américain sortant, Donald Trump,
qui lui reconnaît une prétendue souveraineté sur le Sahara Occidental au mépris
de la légalité internationale et de l'absence de toute qualité pour intervenir
dans ce dossier, le Maroc s'est jeté corps et âme dans un piège suicidaire, la
guerre. Car, l'échec de la voie diplomatique pour le règlement de ce conflit
ouvrirait fatalement la voie au langage des armes. Et, il n'est pas totalement
superflu de croire que certaines puissances ont trouvé à travers ce soutien à la
prétendue marocanité du Sahara Occidentale le moyen d'embraser cette région
relativement épargnée par le « printemps arabe ». Non pas par faiblesse mais
par sagesse, et au-delà de la sacralité de la défense de son intégrité
territoriale, l'Algérie devrait mettre en échec ce plan machiavélique. Etant
l'un des rares pays arabes à s'opposer à la tendance de la normalisation des
relations avec Israël, il est très probable que ce dernier tente par tous les
moyens d'isoler l'Algérie sur le plan international avant de l'affaiblir par
une guerre à laquelle il prendrait une part active en soutenant militairement
le Maroc, comme on peut le constater aujourd'hui sur le terrain avec la
présence sur le sol occupé du Sahara Occidental de conseillers militaires et de
drones israéliens.
La
stratégie est claire et elle est en marche, il s'agit seulement de ne pas jouer
à un jeu dont les règles ont été établies par des parties hostiles à l'Algérie,
et aux Arabes en général malgré le visage souriant affiché. Comme il serait judicieux
de ne s'acharner ni sur le SG de l'ONU ou sur l'un des quelconques noms de la
short-list proposée pour trouver un envoyé spécial
pour le Sahara Occidental, qu'on pourrait récuser en quelques mots, ni sur
toute autre partie qui ne partage pas la vision algérienne de défense des
peuples opprimés. En somme, ne jamais fermer la porte à la voie diplomatique
pour régler ce vieux problème. Cela ne veut pas pour autant dire que les
Sahraouis doivent dormir sur leurs lauriers et attendre qu'on vienne leur offrir
sur un plateau le référendum d'autodétermination.