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Association nationale des exportateurs algériens: «L'Accord avec l'UE est en nette défaveur de l'Algérie»

par El-Houari Dilmi

En quinze ans d'application de l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE), les chiffres parlent d'eux-mêmes : si certains experts parlent de 310 milliards de dollars de marchandises engrangés par l'UE, contre 15 milliards de dollars seulement, hors hydrocarbures, gagnés par notre pays, la situation est très clairement, en totale défaveur de l'Algérie. Le démantèlement tarifaire mis en œuvre avec l'UE a généré une perte sèche pour le Trésor public de plus de 30 milliards de dollars de recettes, selon les experts.

« Depuis sa mise en œuvre en 2005, l'Accord d'association avec l'Union européenne a généré beaucoup de pertes, estimées à plus de 2 millions de dollars annuellement », a indique, hier, au micro de la Radio nationale, le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (ANEXAL)

Ali Bey Nasri. Reconnaissant que les échanges avec le partenaire européen sont « en total déséquilibre en défaveur de notre pays », l'invité de la radio a estimé que face à ce constat cinglant, « une révision ou une renégociation de l'Accord est plus que nécessaire » a-t-il souligné. Toujours selon le présidant de l'ANEXAL, « l'Accord d'association avec l'UE contient 110 articles, mais malheureusement seul l'aspect commercial est mis sur la table, puisque l'Algérie a importé plus de 280 milliards de dollars de biens depuis l'UE entre 2005 et 2017, alors que le montant de ses exportations n'a atteint que 12 milliards de dollars, couvrant essentiellement des dérivés du pétrole, pour la même période », a-t-il révélé.

Outre ce net déséquilibre commercial, Ali Bey Nasri a déploré « que l'Union européenne ait négligé de respecter la partie de l'Accord relative aux transferts de technologies, l'investissement et la liberté de circulation des personnes ». Réitérant son appel à une révision ou une renégociation de l'Accord, « je pense qu'il est temps maintenant de passer à une deuxième génération d'accord qui soit plus conforme, en d'autres termes, le revisiter et aller dans le sens de l'équilibre profitable aux deux parties », a-t-il tranché. Poursuivant sa plaidoirie en faveur d'une remise en cause de l'Accord, conclu en 2002, au terme de 5 ans de négociations et entré en vigueur en 2005, le président de l'ANEXAL a fait un cinglant aveu d'échec : « nous avons une part de responsabilité vu que nous n'avions pas construit de l'attractivité dans notre pays, nos partenaires européens peuvent nous reprocher le manque d'instabilité juridique, car on n'a pas une législation d'échange qui est favorable », a-t-il martelé, « sans oublier la bureaucratie, qui est l'ennemie numéro un des investisseurs » a-t-il ajouté. « Pour que les investisseurs européens viennent en Algérie, il faut absolument installer un climat de confiance et de stabilité tout en ayant surtout de la prévisibilité, c'est une chose qu'on a mis absolument de côté pour différentes raisons », a-t-il déploré, reconnaissant volontiers « que l'on ne peut reprocher à l'Europe ce que nous n'avons pas fait ». Ali Bey Nasri, qui n'a pas caché son désappointement de voir cet accord se transformer en « leurre », a estimé qu'il faut « aller rapidement vers une révision systématique de notre approche en donnant des signaux pour signifier que l'Algérie a changé et qu'il y a une rupture avec une gouvernance passée », a-t-il conclu. A noter que l'Algérie avait officiellement émis des réserves sur ce pacte en 2014, et fait part de sa volonté de le réviser ou le renégocier.