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Par où commencer ?

par Abdelkrim Zerzouri

La réforme des subventions devrait-elle arriver plutôt que prévu ? Crise sanitaire ou pas, 2021 sera l'année des réformes, dont celle concernant la sacro-sainte subvention, si on veut éviter un effondrement total de l'économie nationale, préviennent les spécialistes. Des réformes structurelles de l'économie nationale sont indispensables, attendues depuis l'investiture du Président Tebboune, mais pour toucher aux subventions, le temps semblait plus propice à l'étude de faisabilité par les experts qui se penchent sur le dossier, qu'à passer à une forme de ciblage ou d'orientation de l'aide sociale, directement aux catégories sociales démunies. Les réformes des subventions sont inévitables, mais pour éviter un choc social qui risque de déboucher sur des dérapages incontrôlés, un long travail de fond devait être mené avant d'arriver à une nouvelle forme d'une distribution équitable de l'aide sociale.

Depuis toujours, au nom d'un état social immuable, l'Etat accordait des subventions aux produits de large consommation, aux carburants, à l'accès à la Santé, à l'Education, à l'Université et au Logement, qui profitaient sans distinction à tous les citoyens, aussi bien les pauvres que les mieux nantis, alors que cette dernière catégorie ne devrait pas être concernée par un quelconque soutien social. L'aide doit aller directement aux nécessiteux, mais comment ou par quel mécanisme ? On ne sait pas comment y faire, ni par où commencer. Est-ce en octroyant directement un montant financier ou chèque aux concernés, des bons d'achats ou autres formes d'aides ? On ne sait pas également qui peut-on classer dans cette catégorie de ménages qui nécessite cette aide sociale. On n'a même pas un fichier national des personnes qui sont dans le besoin. C'est à peine que le ministère des Finances, le ministère de la Solidarité nationale et l'ONS se mettent à l'œuvre pour recueillir des bases de données afin de recenser les personnes qui sont dans le besoin au sein d'un fichier national. Un travail laborieux quand on sait que même au niveau local, cellule de base pour prétendre accomplir un fichier national, on n'a pas des listes unifiées des personnes nécessiteuses.

Car, il n'y aucune collaboration, ou très rare pour être citée, entre les différentes parties sur ce terrain de l'aide sociale, la commune ayant son propre recensement des gens dans le besoin, ainsi que le Croissant- Rouge algérien (CRA) et les directions des Affaires religieuses et de l'Action sociale. De multiples obstacles freineraient cette réforme des subventions, mais la contrainte urgente de réviser ce système ne laisse, vraisemblablement, aucune place à l'hésitation ou à une action qu'on devait exécuter à tête reposée. Et, la crise sanitaire, qui a provoqué une crise économique, et qui a entraîné une précarisation de larges pans de la société, compliquerait davantage la tâche. On se demande, vraiment, s'il est possible d'achever ce travail en 2021, afin qu'on puisse, comme on le souhaite ou comme l'exigent les circonstances, alléger le coût des transferts sociaux lors de la prochaine Loi de finances (Le projet de loi de finances 2021 prévoit un budget de 1.927,5 milliards de dinars, en matière de transferts sociaux). Certes, le ciblage des aides sociales est inévitable, mais y a-t-il vraiment lieu de présenter, maintenant et tout de suite, cette solution comme un antidote aux maux de l'économie nationale ?