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L'asymétrie des idioties

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Connaissez-vous la loi de Brandolini, ou principe d'asymétrie des idioties (en anglais ?bullshit asymmetry principle') ? C'est un adage ou aphorisme énonçant que la quantité d'énergie nécessaire pour réfuter des idioties est supérieure d'un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire.

Le principe est formulé publiquement pour la première fois en janvier 2013 par le l'Italien Alberto Brandolini. Une réflexion qui peut se rapprocher de l'aphorisme cité par Lénine dans sa «Lettre aux Camarades», à la différence que l'aphorisme porte sur les questions d'un imbécile et non les idioties qu'il peut affirmer: «Un imbécile peut poser, à lui seul, dix fois plus de questions que dix sages ensemble ne sauraient en résoudre ».

Bref, pour faire court, il est désormais clair (sera-ce admis ? pas sûr !) que la désinformation et la propagation des «idioties», puis le rétablissement de la vérité, sont toujours bien plus coûteux (à la société) que le rétablissement de la vérité. Encore plus coûteux (et plus dommageables) depuis que les réseaux sociaux -parallèlement à ce qu'ils apportent, parfois, comme lien social indéniable et de grande utilité- sont entrés dans la danse. Encore plus coûteux, lorsque les moyens de la communication sont utilisés par des agents émetteurs de haut niveau et bien «organisés» à des fins de nuisances. Encore plus coûteux (et plus dommageables) lorsque les moyens de la communication sont utilisés par des agents émetteurs de niveau culturel élémentaire et moyen.

La situation est claire et il faut «faire avec». D'autant qu'il appert que rien ne sert de «courir» contre la fausse info (fake new) en usant du démenti et de la dénonciation ou même de l'action en justice destinée à punir le contrevenant. Des coups d'épée dans l'eau ! Une perte d'argent, de temps et d'énergie avec même le grand risque d'«effet boomerang» (retour de manivelle) qui voit un accroissement des dommages. Il est connu, qu'en cas d'attaque, en matière d'information, il vaut mieux, au départ «faire le dos rond», et préparer sa contre-attaque dans le calme, mais sans trop attendre.

Et faire quoi ? On ne va pas inventer le «fil à découper le beurre» : Une information diffusée aussi rapidement que possible sinon immédiatement, bien «sourcée», ne provenant que de diffuseurs validés (et non des «mami»), n?excluant aucun média, aussi complète que possible et, surtout, exacte. Les cas d'école les plus fréquents (en dehors des temps de guerre et de crise qui ont des fonctionnements et des stratégies de communication spécifiques) sont les maladies des chefs d'Etat, lesquelles tues ou en partie cachées, perturbent l'imaginaire politique et social. Idem pour les pandémies : aujourd'hui la Covid 19, hier le Sida, demain le vaccin, tout cela laissant libre cours à moult spéculations et au « scoopisme » : baratins et racontars, souvent alarmistes et complotistes, ont alors le vent en poupe, à la faveur des médias sociaux qui diffusent avec d'autant plus de célérité les informations que celles-ci paraissent choquantes, ou aller à contre-courant des conventions.