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Gestion des réserves d'hydrocarbures: Attar met en garde

par Houari Barti

Plus de 50% des réserves d'hydrocarbures prouvées et exploitées en Algérie, depuis 1952, ont été consommées à ce jour, a indiqué, hier, le ministre de l'Énergie, M. Abdelmadjid Attar, plaidant pour une exploitation intelligente et rationnelle de cette ressource, avant de souligner le caractère de «propriété de la Collectivité nationale» qui lui est consacré par la nouvelle Constitution.

Intervenant, hier, à l'émission «l'Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio nationale, M. Attar a, d'abord, considéré que parce que la priorité a été donnée à la consommation intérieure, les Algériens n'auront pas à s'inquiéter pour leur sécurité énergétique, «au moins jusqu'à 2040», notamment grâce à des réserves actuelles prouvées de 2.500 milliards de m³ de gaz et 1,7 milliard de tonnes équivalent pétrole. Toutefois, prévient-il, du fait qu'environ 96 % de ces ressources sont encore réservées à leur placement sur les marchés à l'étranger, «un beau jour, il va falloir arbitrer » et si on ne fait rien pour mieux gérer cette ressource, «on va avoir des problèmes, au bout des 10 années à venir».

Exposant sa vision pour préserver et pérenniser ces ressources, le ministre de l'Énergie estime qu'il va falloir passer par des décisions «courageuses», en tentant, d'abord, d'augmenter le niveau des réserves prouvées, et ensuite, changer le mode d'exploitation de ces réserves, notant au passage, qu'on y «retire trop, sans tenir compte du taux de récupération».

Face à l'impératif d'augmenter ces réserves prouvées, a expliqué le ministre, se pose de nombreux problèmes. D'abord, l'exploration de nouveaux gisements nécessite, a-t-il dit, «le recours à de nouvelles techniques et des études plus poussées». En second lieu, a-t-il ajouté, leur exploitation, surtout si ces nouveaux gisements sont loin des infrastructures existantes, imposera la construction de nouvelles infrastructures». C'est le cas par exemple de l'offshore, a-t-il précisé. «Il va bien falloir un jour forer un puits offshore pour en évaluer le potentiel. Mais le coût d'un puits de ce type reste au-delà de 150 millions de dollars», a-t-il noté. Et d'affirmer: «si on le fait, ça sera en partenariat». Le ministre de l'énergie a précisé à ce propos, qu'«avec la chute des prix du baril, la crise économique et la crise générée par le Covid-19, l'essentiel des ressources est aujourd'hui consacré au développement du pays et à d'autres besoins».

Sonatrach, n'ayant plus actuellement «les moyens, ni financiers ni technologiques pour ce type de projets complexes». «On a besoin de partenariat », mais pour cela, souligne-t-il, «il y a urgence à finaliser totalement les textes d'application y afférant. Une mission qui devra être finalisée avant la fin de l'année en cours, a-t-il promis.

M. Attar a également plaidé pour une accélération de la transition énergétique, qui nécessite de développer les économies d'énergie et les énergies renouvelables, des chantiers, qui accusent, selon l'invité de la Chaîne 3, beaucoup de retards. M. Attar a, par ailleurs, estimé qu'à l'instar des entreprises étrangères de par le monde, les sociétés algériennes doivent travailler sur la base de principes de rentabilité et de profit. Si en ce qui concerne le profit, «il n'y a pas de problème», il n'en n'est pas de même, pour ce qui est de la rentabilité, a-t-il déclaré. Prenant l'exemple de la compagnie Sonatrach, M. Attar signale que celle-ci a fait l'objet «d'énormément de pressions », depuis 20 ans, en matière de recrutement. Et faute de n'avoir pas été capable de développer de nouvelles richesses, et donc de nouveaux emplois, « on est restés agrippés à la rente.» Selon M. Attar, ce n'est plus au secteur des hydrocarbures, déjà en «sureffectifs énormes», qu'il appartient de créer de l'emploi.

Pour lui, la possibilité de créer de l'emploi existe dans d'autres secteurs, en développant des richesses durables tirées, entre autres, de l'Agriculture, des Energies renouvelables, des PME/PMI et des services, entre autres.