La scène nationale ne vit pas le grand emballement qu'on
pourrait imaginer à la veille d'une échéance électorale des plus décisives. A
près d'un mois du rendez-vous qui devrait trancher sur la question des
fondements de la nouvelle République par le biais du référendum sur la
Constitution, fixé au 1er novembre prochain, le débat reste à la limite de la
platitude, voire du mutisme. Est-ce à cause de la pandémie et des restrictions
qui en découlent sur le plan de l'organisation des meetings et autres
rencontres pour sensibiliser les électeurs sur l'une ou l'autre option du vote,
ou par indifférence et manque d'intérêt ? Hormis des comptes rendus
médiatiques, pour et contre, ainsi que les positions de partis politiques qui
ont exprimé leurs positions avant de se cloîtrer dans le silence et autres
débats pédagogiques portant sur les explications des articles de la loi fondamentale,
rien ne laisse voir que l'Algérie fait face à un enjeu immense qui déterminera
son destin. Pour le président de la République et son gouvernement,
l'investissement est de taille, car le référendum est un levier pour engager le
pays sur la voie du changement. Car, si les électeurs votent « Non », c'est la
continuité de l'ancien système qui s'impose. Rien de moins. Ce qui reviendrait
à dire que le mouvement populaire, qui, plus d'une année durant, avait
revendiqué le changement, a fait chou blanc. Comment expliquer alors cette
tiédeur qui marque la scène nationale ? Est-ce le fait que la Constitution soit
considérée comme une affaire de spécialistes en droit, qui sont effectivement
tout le temps sur les devants de la scène à expliquer la philosophie de la
nouvelle Constitution, pas du tout abordable pour le citoyen lambda, qui a créé
une vague d'indifférence au sein des électeurs ? Des questions qui devraient
donner à penser, notamment sur le plan de la participation des électeurs au
référendum en question. A cette indifférence ambiante, il faut ajouter encore
l'absence de réactions virtuelles sur les réseaux sociaux. D'habitude réputés
espace d'échange et de communication à l'horizontale, les réseaux sociaux
restent pour le moment muets. Peu, très peu d'échanges entre internautes sont
enregistrés sur les réseaux sociaux autour de la nouvelle Constitution et ses
articles. Pourtant, les réseaux sociaux se saisissent avec ardeur des thèmes
politiques, y compris dans des démocraties très avancées, pour tenter
d'influencer l'opinion. Est-ce une stratégie bien pensée par ceux qui espèrent
une forte défection des électeurs le jour « J » ? Ne pas parler de la nouvelle
Constitution reviendrait, en effet, à étouffer son impact social. Par
indifférence et par ignorance même que le pays a rendez-vous avec son destin le
1er novembre prochain, les citoyens sont plutôt occupés par les problèmes de la
vie quotidienne. D'autres, imbibés de la fraude électorale échafaudée par
l'ancien système, ne cherchent pas à se creuser les méninges pour rien, puisque
le projet de la nouvelle Constitution, qui attend confirmation des électeurs,
est déjà Constitution dans leur tête. Et elle ne vaut que par ceux qui sont
chargés de son application.