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Emigration clandestine: Le rôle des institutions sociales remis en cause

par M. Aziza

Les haraga reprennent le large, les choses ont beaucoup évolué ces derniers temps par le fait que « cette aventure qui tourne parfois au drame » ne draine pas uniquement des jeunes désœuvrés, mais également des familles qui n'hésitent pas à prendre des risques, parfois en impliquant leurs enfants voire des bébés pour bénéficier de certaines facilités, garanties par les pays européens.

Depuis le début de cet été, et en pleine crise sanitaire mondiale, des vidéos de harraga algériens sont relayées sur les réseaux sociaux. Certains n'hésitent pas à exhiber leurs enfants, parfois des bébés embarqués sur des bateaux de fortune. Le président du Réseau Nada pour la défense des droits de l'enfant, Abderrahmane Arar, a mis en avant l'importance de dynamiser les institutions sociales qui ne jouent pas du tout leur rôle et de faire sortir des tiroirs « la stratégie contenant une série de recommandations pour endiguer le phénomène de l'émigration clandestine» remise par le réseau Nada et le concours de la société civile, au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales en 2018. Un plan qui comprenait des propositions pratiques et qui est resté sans suite. Pour M. Arar, il faut juste remettre sur la table cette stratégie ou ce plan, car on ne va pas inventer des mécanismes de lutte. Et d'affirmer que le plus important dans cette histoire c'est de redonner l'espoir à des jeunes sans emploi, à des familles démunies ou à une jeunesse qui a besoin de respirer par des décisions « politiques » et non pas par «des discours politiques». Et de redynamiser le rôle des institutions sociales au lieu de recourir à l'appareil répressif. «Les services de sécurité ont un rôle purement sécuritaire, ils se trouvent parfois en train d'accomplir le rôle des institutions sociales». « Ce qui nous pousse à réclamer, dit-il, la dynamisation du travail de l'action sociale et des institutions sociales, notamment le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, le ministère de la Jeunesse et des Sports, les mosquées, les médias, les institutions regroupant des psychologues et des sociologues, les prisons notamment par rapport à la question de la réinsertion sociale, ainsi que le rôle prépondérant des associations et de la société civile ».

Pour Arar, ces instituions devront développer une stratégie de communication et créer un lien avec les différents groupes sociaux qui ont besoin de plus d'attention, notamment à l'intérieur du pays. Et d'affirmer : « On doit comprendre certaines choses, on doit communiquer davantage avec nos jeunes, il y a certains qui travaillent et qui sont issus de la classe moyenne, mais ils n'hésitent pas à s'aventurer dans le large. Il faut aussi admettre une chose, les jeunes sont pleins de vie et d'énergie, ils ont besoin de voyager, de respirer, d'avoir des ambitions à atteindre».

Il dira que tout le monde a pu constater qu'au début du hirak, ce phénomène avait diminué, car il y avait un certain espoir que les choses allaient changer, mais avec l'absence de réponse rapide aux questions qui préoccupent notre jeunesse, l'émigration clandestine a repris avec une cadence importante ces derniers temps. Il alerte en affirmant que le climat est favorable pour une évolution importante de ce phénomène avec une rentrée sociale qui s'avère difficile, notamment avec les retombées de la crise sanitaire due au Covid-19. D'où la nécessité d'agir en favorisant en premier lieu la communication.