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DESCENTE PRESIDENTIELLE

par Abdou BENABBOU

De mémoire, jamais un président de la République n'était intervenu d'une manière directe et officielle au plus bas de la hiérarchie institutionnelle pour démettre des maires, des chefs de daïra ou des responsables administratifs locaux. D'autres artifices décisionnels étaient utilisés par l'emprunt d'une échelle coutumière pour écarter des responsables indélicats, souvent sans que leurs incartades soient dévoilées au grand jour et au su de tous.

La décision prise par le président Tebboune n'a rien d'anodin. Elle ne se limite pas seulement à la circonscription du rapprochement avec la base mais apparaît surtout comme une volonté d'ancrer le raffermissement de la présence de l'Etat et la confirmation de son retour en force. Elle se veut être correction d'une vision sur ce que doit être l'autorité de l'Etat et une reformulation du profil de ses agents.

La vérité des faits a démontré qu'il serait insuffisant de se contenter de se focaliser sur le piètre condensé au sommet des responsabilités importantes des gouvernants alors que l'Etat est aussi jugé et pesé dans les premières proximités des citoyens. Si les actes de gestion sont soumis à de fastidieuses procédures administratives que la mortelle bureaucratie alourdit, le contribuable n'en a jamais cure. Il résume son insatisfaction et souvent sa colère par ce qui lui semble une incompétence et un mépris d'un Etat qui lui tourne le dos quand celui-ci n'est pas totalement absent. Trop malfaisant, cet esprit a creusé un fossé entre la société algérienne et ses dirigeants que sont venus approfondir les choix désastreux de prétendus élus et de représentants gouvernementaux douteux locaux. Ces choix avaient de quoi tenir. Ils respectaient une ligne de conduite qui autorisait l'embrigadement des masses, la docilité et l'empressement à servir des passe-droits tout en se servant.

Cette présidentielle descente autoritaire est en tous points de vue de bon augure. Elle va d'abord s'imposer comme une mise en garde à l'adresse de ceux qui s'aventureraient à confondre intérêt général et proxénétisme politique.