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Défis et impératifs des urgences

par Abdelkrim Zerzouri

L'université algérienne ne s'est jamais trouvée face à des défis aussi grands qu'à la veille de cette nouvelle année universitaire qui chevauche sur la précédente, non encore achevée pour cause de pandémie du nouveau coronavirus. Bercées par une douce mélodie du temps, les années universitaires se suivaient et se ressemblaient, avec les rituels cérémoniaux devenus monotones de par leur répétition au début et à la fin de chaque année, mais ce train de vie est appelé à changer en profondeur son mode de fonctionnement dans des moments d'autant plus difficiles par ces temps de crise sanitaire. Est-il possible d'opérer le changement maintenant et tout de suite alors qu'il y a, en l'état actuel des choses, risque patent pour l'université de ne pas pouvoir s'en sortir des difficultés imposées par la crise sanitaire, pour ne voir le challenge que sous cet angle ?

Pour le moment, les responsables du secteur s'emmêlent les pinceaux à la veille d'une rentrée universitaire qui devrait en même temps inclure l'achèvement de l'année universitaire précédente (2019/2020). Dans ce contexte, le président de la République a été amené, lors du dernier Conseil des ministres, à clarifier le besoin de séparer les mesures d'achèvement de l'année universitaire 2019-2020 de celles qui concernent la rentrée 2020-2021. Pour dire que la gestion d'une telle situation n'est pas coutumière et devrait nécessiter plus d'efforts dans la planification de deux évènements en un. Dans tous les cas, ce dossier reste ouvert et reviendra sur la table au prochain Conseil des ministres.

Probablement que le retour aux cours, soit la rentrée universitaire réelle 2020/2021, prendra encore du temps dans cette optique, sans parler des impératifs liés aux conditions sanitaires et de leur évolution sur le terrain, comme souligné lors du dernier Conseil des ministres. Et, il n'y a pas que ce casse-tête à gérer par les responsables du secteur de l'enseignement supérieur. Car, le président de la République a instruit le ministère de l'Enseignement supérieur, à brève échéance et dans la concertation la plus large possible, pour procéder à des réformes structurelles profondes du secteur, ainsi qu'une indispensable réflexion globale sur celle du système des œuvres universitaires, à travers la rationalisation des dépenses et l'amélioration des prestations fournies aux étudiants, allant du système d'hébergement à celui du transport, où il faudrait éviter les situations de monopole et favoriser le jeu de la concurrence, selon les recommandations du président de la République qui rappellent en filigrane les perturbations sur ce plan à la suite de l'incarcération de celui qui avait la quasi-exclusivité dans ce domaine.

On sait bien que le programme du président de la République englobe tous changements, visant à faire de l'université un pilier dans la participation à la vie socioéconomique du pays, mais le Covid-19 est venu contrarier tous les plans, comme c'est le cas d'autres engagements qu'on fait avancer difficilement. L'université devrait inévitablement faire sa mue, privilégier la qualité à la quantité pour se hisser dans le tableau de classement des universités les plus performantes, mais le moment présent pose l'impératif de la gestion d'urgence, qui ne peut avoir une vue totalement dégagée sur l'horizon.