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Tébessa: L'éternel problème d'eau

par Ali Chabana

Que faut-il encore dire du secteur de l'AEP dans la wilaya de Tébessa ? Que la situation tend à l'amélioration, d'après les services de l'ADE.

Que des points noirs persistent dans certaines localités. Que les services de l'Algérienne des eaux anticipent les cas d'urgence et qu'il aura toujours des perturbations dans la distribution, et les gens protesteront en cas de coupures. Cela est envisageable en cette période estivale où généralement la consommation enfle. Pour ce faire, les programmes mis en place par l'ADE sont-ils en adéquation avec la demande des besoins de la population ? La rénovation des infrastructures hydrauliques existantes et la programmation de nouvelles structures, même si le poids des créances impayées impacte la gestion et les plans d'investissement de l'entreprise de service public. Ceci est évident. Rien que pour la durée du confinement sanitaire et selon le bulletin d'information édité par l'ADE, en mai 2020, où il est mentionné une baisse des recettes de consommation de l'ordre de 25% à 30% de la moyenne des encaissements quotidiens, suite au gel de plusieurs activités commerciales, dont les opérations de coupure et les poursuites judiciaires des factures impayées, entre autres.

L'amélioration et le renforcement des quantités d'eau distribuée doivent passer nécessairement par de nouvelles dotations et équipements. A ce sujet, il est prévu la réalisation de 6 forages profonds dans le périmètre de Skanska, d'un débit global de 160 litres/seconde, ainsi que l'électrification, équipement et branchement des principaux réservoirs sur une distance de 18 km. Le programme prévoit également la réhabilitation d'un segment des anciennes conduites de pompage à Aïn Zerroug sur 2.000 mètres linéaires. La station de pompage d'Aïn Zerroug se fera équipée, afin d'augmenter le taux de refoulement de 30%. Cette même station d'Aïn Zerroug sera raccordée à celle de Hammamet sur une longueur de 7 km, l'objectif étant d'améliorer l'alimentation en eau potable dans les communes du nord de la wilaya, Hammamet, Bir Dheb, Morsott, Boukhadra, El Meridj, El Aouinet et Ouenza.

Dans la même perspective, les deux réservoirs de Dokane seront raccordés aux forages profonds de Skanska et leur mise en exploitation. Les quartiers situés au chef-lieu, ceux des Bassatines et de Coopemad, verront l'achèvement des travaux de l'installation des réseaux d'AEP, de même la rénovation de la conduite de pompage reliant la station de Bekkaria au réservoir d'Ezzaouia (5.000 m3). Enfin, notons la réalisation de 3 forages profonds à Bekkaria d'un débit de 75 litres/seconde. Tout cela devra s'accompagner d'opérations d'entretien et de maintenance des infrastructures hydrauliques, forages et stations de pompage relevant du domaine d'intervention de l'ADE. Concernant la situation de l'AEP dans la wilaya de Tébessa, d'après les chiffres rendus publics par l'entreprise gestionnaire, il est indiqué qu'une population de plus 663.000 sur un total de plus de 774.000 habitants est desservie à partir des eaux des barrages Aïn Dalia (W. S.Ahras) soit 26.000 m3/jour, alimentant les communes d'Ouenza, El Aouinet, Boukhadra, Morsott, Bir Dheb et El Meridj. Le barrage de Saf Saf fournit de l'eau, lui, à la commune Bir El Ater à raison de 1.000 m3/jour.

Quant aux eaux souterraines, elles représentent une production de 73.324 m3/jour, puisées de 82 forages opérationnels, dont presque la moitié (36.000 m3) est destinée à la seule commune de Tébessa. Selon les programmes de distribution en vigueur, les habitants du chef-lieu, 55% d'entre eux reçoivent l'eau quotidiennement et 25% sont alimentés 1 jour sur 2. Au contraire, 50% des habitants de Bir El Ater sont alimentés 1 jour sur 3 et plus. La situation devient plus compliquée pour les citoyens de Bir Mokkadem, là où 100% des habitants se voient fournir de l'eau potable 1 jour sur 3, voire plus. Même schéma dans la commune d'El Kouif où 97% des usagers sont alimentés une fois tous les trois jours. Dans son programme d'amélioration de la commune de Tébessa (235.294 habitants), l'ADE compte rénover le réseau d'AEP, le raccordement du réservoir de Dokane, d'une capacité de stockage de 5.000 m3, pour renforcer les quartiers de Mizab et le pôle urbain de Dokane. Mais aussi le branchement du champ captant de Bekkaria au réservoir d'Ezzaouia (5.000 m3), afin d'augmenter l'alimentation en eau potable de l'étage haut de la ville.

L'objectif de l'amélioration vise aussi les villes du nord de la wilaya, à savoir Ouenza, El Aouinet et Boukhadra qui seront desservies à partir du barrage Ouljet Mellague, dès que ce dernier sera mis en exploitation. Pour ce qui est des points noirs, comme la localité de Chéria (100 mille habitants), seront réalisés deux forages à Oum Khaled d'un débit de 40 litres/seconde, ainsi que deux stations de pompage, deux conduites entre les stations de Fidh El Mehri et Garet El Amri et le réservoir El Gouasmia. Il est à signaler que la commune de Chéria continue d'être renforcée par citernes pour résorber un peu le déficit enregistré. A Bir El Ater, le gaspillage de l'eau à partir du forage de Dhokara demeure un des problèmes majeurs de l'alimentation de la cité, des déperditions dues aux nombreux piquages opérés par des gens et l'eau est utilisée dans l'agriculture et les constructions. Enfin, disons que les fuites d'eau constituent un casse-tête récurrent pour les services techniques de l'ADE, tant elles représentent une source de perte inestimable, et ce, à cause de la vétusté de l'ancien réseau, où parfois à des agressions dues à des travaux engagés par des particuliers ou des entreprises publiques et privées. L'ADE a recensé 3904 fuites dont 1730 fuites ont été réparées, jusqu'au mois de mai dernier. Quant au réseau, il est d'une longueur total de 1.320 km, réparti entre canalisations d'adduction et celles de distribution. L'Algérienne des eaux compte 113.369 abonnés dans les 15 communes qu'elle gère.

En somme, les services de l'ADE tablent sur une meilleure gestion des ressources en eau destinées à l'AEP, en dépit de beaucoup de contraintes d'ordre technique ou climatique, sachant que Tébessa est située dans une région semi-aride à aride, où la pluviométrie étant irrégulière et récalcitrante. L'apport des eaux de surface est peu important par rapport à la demande, à cela s'ajoutent les aléas du pourcentage de gaspillage et de déperditions observés chez certains usagers, au moment où dans d'autres zones de l'ombre on continue d'aller chercher ce précieux liquide à dos d'âne sur de longues distances. Une répartition qui devra être revue pour pouvoir offrir une relative équité dans l'approvisionnement en eau potable en quantité et en qualité, un facteur de stabilité sociale.