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La fuite des compétences irréversible ?

par Abdelkrim Zerzouri

En retard, certainement, mais l'ébauche de la constitution d'un réseau des compétences nationales à l'étranger est une initiative salutaire en Algérie. Eparpillés à travers plusieurs pays, pas des moindres puissances économiques, des universitaires algériens aux compétences avérées, restés très longtemps confinés dans l'indifférence et l'oubli, ont été officiellement recensés, d'une manière non encore exhaustive, en vue de leur intégration à «l'effort national visant le développement du pays ». C'est ce qu'a annoncé, lundi, le secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale et des Compétences à l'étranger, Rachid Bladehane, qui a parlé dans ce contexte, moins de 6 mois après son installation à la tête de ce nouveau secrétariat d'Etat, de la création d'un portail électronique pour l'inscription de plus de 25.000 experts algériens à l'étranger, spécialisés dans plusieurs domaines, notamment la médecine et les technologies modernes. Un important réservoir de matière grise, qui fait les beaux jours de grandes universités et institutions scientifiques étrangères, va-t-il enfin mettre son talent au service du pays ? Assurément, il s'agit d'un premier jalon posé, primordial, mais il reste encore beaucoup à faire pour que le mécanisme soit bien huilé.

La volonté politique étant clairement engagée, du fait de la profonde conviction du président de la République d'associer les compétences nationales établies à l'étranger dans l'effort de développement, la tâche requiert maintenant la mise en place des formes d'organisation particulières pour couronner ce laborieux travail de détection des compétences installées à l'étranger. Car, par le passé, le souhait sincère de plusieurs experts expatriés de mettre leur service à la disposition du pays a rencontré des portes closes, créant une désillusion qui les a plus éloignés encore de leur terre natale.

Contrairement à d'autres pays qui ont compris que la fuite des cerveaux n'est pas une perte définitive mais bien un réservoir d'expertises, à l'exemple de nos voisins et l'Inde et la Chine,

l'Algérie se réjouissait presque de la rupture des liens avec ses fils qui occupent de hauts postes de responsabilité dans des universités et établissements scientifiques en France, aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs. Et on se rend plus encore à l'évidence que la cassure est profonde quand on apprend que l'Algérie a tourné le dos au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) «Transfert of Knowledge Though Expatriate Nationals » (TOKTEN), qui vise le transfert de la technologie par le biais des scientifiques expatriés. La volonté politique et la disponibilité des experts expatriés suffiront-elles, cette fois-ci, à baliser le terrain pour une collaboration efficiente? Nous ne sommes qu'au début d'un processus, sensible, qui exige la persévérance et l'amélioration du climat politique, et d'un autre côté, l'implication intègre des universitaires locaux sur lesquels repose la mission de l'identification ou la détermination des besoins du pays, et d'en exprimer la demande. Soit la création de solides canaux de communication entre les principaux interlocuteurs dans cette entreprise, en l'occurrence experts locaux et experts expatriés.