Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les pendules au 12 ou 18 de latitude ?!

par Abdelkrim Zerzouri

Il faut bien admettre que la polémique du premier jour du Ramadhan et de l'Aïd n'est plus seule sur le terrain. Une autre controverse dans la blogosphère musulmane, qui s'est installée ces trois ou quatre dernières années autour des horaires de prière, particulièrement la prière du fadjr et de l'imsak, dont on affirme que l'horaire adopté en

Algérie est en avance de 20 à 30 minutes, refait encore surface en ce mois de Ramadhan, contraignant les autorités religieuses à réagir pour remettre les pendules à l'heure.

Emboîtant le pas à la commission des fatwas, qui avait souligné dimanche 3 mai dans un communiqué que l'allégation selon laquelle l'horaire de la prière d'el fadjr (aube) en Algérie serait en avance de 20 ou 30 minutes, est «fausse et dénuée de tout fondement», le ministre des Affaires religieuses, Youcef Belmehdi, a dénoncé une campagne de désinformations des jeûneurs, soutenant que les horaires de l'appel à la prière «sont unifiés et exacts selon toutes les études astrologiques».

Non sans appeler ceux qui parlent sans référence aucune au respect du référent religieux national. Les horaires de l'adhan en Algérie, rappelle-t-il dans ce cadre, «sont unifiés et exacts par rapport à l'astrologie et à la jurisprudence religieuse». Ces arguments pourraient-ils mettre fin à la polémique?

Une réponse par l'affirmative paraît invraisemblable, car le désaccord autour de cette question ne s'est pas éclipsé du décor malgré une intervention de 23 astronomes algériens, qui ont signé un communiqué il y a deux ou trois ans, à travers lequel ils ont certifié que la table des horaires de prière et calendrier utilisés par le ministère des Affaires religieuses, connu populairement sous le nom arabe de Roznama, est établie chaque année par un groupe d'experts astronomes du CRAAG (le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique) utilisant des règles standard de calcul.

Les termes précisent encore que ces règles sont les mêmes que celles utilisées depuis des décennies et elles sont consensuelles de par le monde musulman. Toutefois, il ne faut pas voiler la réalité de la confusion autour de la question, qui n'est pas née en Algérie mais dans d'autres pays musulmans et certaines régions où vivent de fortes communautés musulmanes. Une confusion qui s'articule autour de la «disparition de la lueur crépusculaire», qui se produit en deux horaires différents selon le calcul sur la base de la ligne des 18° de latitude sous l'horizon ou la ligne 12°.

Il est nécessaire dans ce cas de figure de revenir au référent religieux national pour éviter les divisions au sein de la société. Un référent religieux national qu'on devait codifier dans la loi d'orientation du secteur des affaires religieuses, dont on parle depuis quelques années, et qui pour des raisons inexpliquées n'a pas encore vu le jour. Mais, il faut en convenir, avec la majorité des jurisconsultes, que les créneaux de calcul des horaires de prière sont valables dans un intervalle de 12° de latitude à 19°.