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Vers une remontée des prix du pétrole ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le monde se dirige-t-il aussi rapidement qu'on ne l'aurait cru vers une nouvelle approche économique sous les effets de la pandémie du coronavirus ? Inévitablement, la crise du marché pétrolier, provoquée par une demande tirée vers le bas par la pandémie, et qui a déclenché un séisme sur les marchés financiers, refait encore parler d'elle avec cette nouvelle initiative, visant une réduction massive de la production, et parrainée ?contre nature' par un pays hors Opep et Opep+, en l'occurrence les Etats-Unis, qui ont exhorté l'Arabie Saoudite à « s'entendre » avec la Russie.

D'habitude l'influence US est plus discrète sur ce plan mais, cette fois-ci, le président Trump, chantre de « l'Amérique first », s'est mêlé à la crise directement, sans prendre de gants, en annonçant la nouvelle d'un possible accord entre l'Arabie Saoudite et la Russie sur une réduction de la production entre 10 et 15 millions de barils, et ce à travers un post sur son compte Twitter. Une telle annonce, à elle seule, a revigoré le marché pétrolier, qui a enregistré dans ce sillage une hausse du prix du baril de pétrole à hauteur de 30%. La perspective d'un accord autour d'une baisse de la production de pétrole est salvatrice pour l'Algérie, qui mène une guerre sur deux fronts, imbriqués l'un dans l'autre, la pandémie du coronavirus et les chutes vertigineuses des prix du baril de pétrole.

L'Algérie, qui a pris la présidence tournante de l'Opep en 2020 et qui n'a de toute évidence que peu d'influence sur le destin du marché pétrolier, devrait tirer profit de la nouvelle dynamique qui met tous les pays dans un même sac, notamment la puissante Amérique de Trump, qui se retrouve embourbée dans une crise sanitaire sans précédent, doublée d'une chute drastique des prix du baril de pétrole qui menace de paralyser sa production de pétrole de schiste, devenue non rentable à ce seuil qui pique du nez vers les 20 dollars le baril. Cependant, l'issue de cette réunion exceptionnelle par visioconférence reste toujours incertaine. Car, déjà, un premier couac est enregistré avec un report inexpliqué de la réunion en question, prévue lundi 6 avril et « reportée à plus tard dans la semaine », probablement le jeudi 9 avril.

Mais, l'espoir est grand de parvenir à un accord qui fixerait une baisse historique de la production de pétrole, pouvant aller jusqu'à 15 millions de barils, du moment que les deux pays qui ont fait capoter la réunion de Genève, il y a un mois de cela, la Russie et l'Arabie Saoudite, malgré le fait qu'ils continuent encore à s'accuser mutuellement quant à l'échec des précédentes discussions, semblent revenir à de meilleurs sentiments, sous les auspices de Donald Trump. Et, du soutien fort et indéfectible de l'Algérie au rapprochement entre les deux, ou les trois, géants pétroliers, puisque l'accord principal de la baisse de production du pétrole, qui en est à sa quatrième année, est une initiative algérienne.