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Tamridjet et Bejaia : le tourisme de montagne à l'index

par Hama Nadir

  Les cascades de Tinachabin dans la commune de Tamridjet, une région montagneuse du côté maritime est, distante de 50 km du chef-lieu de la wilaya de Bgayet, sont devenues non seulement des destinations touristiques prisées par les estivants qui y trouvent des paysages pittoresques et verdoyants et un séjour estival plein d'aventures, mais aussi un espace naturel et féerique qui attire les établissements scolaires et les associations pour des excursions et randonnées. Il s'agit d'une nouvelle destination du tourisme de montagne mise en relief. Un créneau vers un développement local !

Cette destination touristique sortira-t-elle Tamridjet de son gouffre d'ostracisme ? Un anonymat caractérisé par un exil au creux de la montage Zène.

Cette bourgade se caractérise par un froid flegmatique en hiver ainsi une chaleur suffocante en été ! Cet ornement architectural naturel profitera-t-il à la frange juvénile locale en matière de divertissement et d'emploi ?

Pour y arriver, il faut incontestablement escalader Tamridjet. Elle se trouve au sommet de la montagne Zene près des monts Babor. Accessible à partir deux chemins vicinaux, l'un à partir de Darguina en passant par l'ancestral village de Ait Attik sur 15 km, l'autre chemin classé wilayal n°17 en empruntant la route nationale n°43 au point constituant un virage au-delà du pont Oued Agrouan en direction à la droite, sur un trajet de 10 km en traversant la dense forêt de Bouhiyen, verdoyante et suffocante, qui offre généreusement une source d'eau, à savoir Thala N'bazida, à ses passagers coutumiers. Les visiteurs s'y arrêtent pour étancher leur soif. Plusieurs villages se succèdent en grappes, on compte le village populaire et populeux de Tizi War dont le cafetier, M. Zahir Laakab nous offre généreusement une tasse de café. Puis Tihmelt et Bouhiyen, tous situés à l'est de Melbou et sur le chemin vers Tamridjet. Rappelons que Melbou et Tamridjet sont deux communes de l'extrémité est de la wilaya de Béjaia, aux limites de Jijel et de Sétif. Melbou se trouve sur un bel espace maritime prospère tandis que Tamridjet est située sur une merveilleuse obliquité montagneuse.

Toujours en route, en empruntant un chemin vertigineux qui monte vers le ciel. A peine la montée terminée, les yeux découvrent quelques hameaux qui apparaissent de part et d'autre, après avoir survolé le village Ait Mebarki, le premier village de Tamridjet, le chef-lieu communal apparait dessinant une carte postale mémorable. Puis, le second village Ait Laarch qui accueille les passagers devant une seconde source dénommée Laaseur Ourachouche qui offre son eau à l'irrigation des terres cultivées. Nul n'échappe à son eau limpide. Une envie vient à l'image de son écoulement ! Cette source se rappelle de son gardien: le défunt El kaid Bouzekri, commerçant de son état.

La succession des virages innombrables se termine sur un passage paisible. On arrive à la bourgade Thazouda, un village verdoyant que tout visiteur admire et apprécie non seulement par sa situation géographique rurale mais aussi par l'hospitalité de ses habitants. M. Hamou, un cheich qui présente la baraka de Dieu, s'occupe soigneusement de ses convives. Sans oublier Khalti Baya. Elle aussi soigne ses patients avec des plantes médicinales. Nul ne disconviendra de ses remèdes. Le remède est spirituel, thérapeutique et naturel.

En arrivant au chef-lieu de commune, on repère facilement le siège de la mairie qui constitue un point nodal. Puis, la poste qui se trouve alignée, un hôpital est situé non loin, sur les hauteurs et qui prodigue ses soins aux malades seulement le jour, puisque les urgences tardent à venir !

Aux alentours, à gauche comme à droite, les boutiques se succèdent et se multiplient. A titre d'exemple, Kaci, gentlemen propriétaire d'une boutique de pâtisserie déclare : «Assurément, avec cette affluence, l'activité commerciale renaitra de ses cendres ici, puisque avant le circuit était fermé. Tamridjet est une commune enclavée et sans issues».

M. Ahmed Bourarache, commerçant de son état, résidant à Ighil Anteramet, témoigne de cette vivacité de circulation des personnes venant de différentes horizons du pays: de Biskra, de Setif, d'Alger, de Béjaia, Tamanerrasset, Boumerdès, etc. en quête de divertissement et distraction dans ces lieux naturels hors du commun. A quelques encablures, à peine 500m, une troisième fontaine publique dénommée Anseur Bouziane nous offre une eau limpide, fraiche. Une quatrième source appelée Anseur Azagza se trouve en dessous et qui constitue une source intarissable pour l'irrigation des terres cultivées.

Le temps du trajet estimé à 20 mn, s'écoule. C'est l'arrivé sur le lieu des cascades, juste après une série de virages successifs et vertigineux. Dans un creux géographique sous forme de bassine, se trouve, non loin de l'ex-siège de l'APC abandonné, un accès vers une dense forêt, la plaque signalisation aidant, désigne la direction vers les cascades. Des espaces de stationnement sont réservés dans un parking gratuit. Sur les lieux, on inspire de l'air pur et apprécie la virginité des espaces forestiers riches en faune et flore. La lassitude du trajet se dissipe à la faveur de l'appréciation des paysages pittoresques. Ces estivants venus de l'Algérie profonde, profitent au maximum des merveilleux sites naturels que Dieu a créés dans ce bout géographique montagnard. Les jeunes offrent, en file, des plats traditionnels constitués de figues, galettes, maïs et boissons gazeuses. Le pain et l'eau potable sont gratuits, etc.

Pour illustration: alliant verdure luxuriante et eaux cristallines jaillissant des hauteurs de la cascade et des escarpements de montagne, l'endroit connaît une importante affluence de familles et de jeunes qui découvrent ces endroits hors du commun. Ceci dit, que le citoyen algérien incarne aussi, outre l'envie de se baigner en mer, un esprit touristique orienté vers la découverte de ces joyaux naturels.

Les visiteurs rencontrés sur les lieux déclarent unanimement que ces espaces naturels sont fabuleux et magnifiques. Néanmoins, ils préconisent que la publicité et la promotion touristique pour ce coin féerique dans les médias, la presse écrite et les réseaux sociaux soient entreprises avec célérité.

Ces cascades de Tinchabin près du village du Zintout deviennent aujourd'hui le must des invites de Tamridjet, impatients de découvrir la beauté vierge du site, en dépit de la difficulté des accès qui y mènent. Car, elles se situent dans une commune en exil en pleine montagne précisémment dans une cuvette verdoyante.

Au registre des témoignages, Djamel, un étudiant de Sétif, fait part de son émerveillement devant la beauté du site qu'il visite en quête d'aventures dans les pistes montagneuses, des barbecues et préparation du thé et du café à la braise ainsi que d'autres plats gastronomiques.

Mahmoud, un Algérien établi à l'étranger, qui dit avoir découvert l'endroit grâce aux réseaux sociaux, a indiqué que ce site est «une manifestation de la grandeur de Dieu, d'où l'intérêt d'y accorder une attention particulière pour en faire un endroit touristique par excellence et promouvoir, partant, le tourisme local et national».

L'eau ruisselante, les grottes mythiques et les gravures rupestres offrent aux amateurs de la nature une vue magnifique retraçant l'histoire de cette région, appelant les visiteurs à immortaliser leur passage par des photos en guise de souvenirs. Très prisé en différentes saisons, l'endroit est devenu également la destination favorite de plusieurs associations touristiques, culturelles et sportives, à l'instar de l'association nationale du volontariat -touiza- qui a organisé une randonnée au profit de ses volontaires venus des quatre coins géographiques du pays pour découvrir la région, faisant la promotion du tourisme de montagne. A ce propos, le vice-président de l'association, en l'occurrence M. Moudjahid Ahmed, a indiqué que la relance du secteur touristique commence par la valorisation et la promotion de ces sites naturels, ajoutant que, à l'instar d'autres villes, la wilaya de Béjaia regorge de plusieurs sites qui reflètent la beauté et la biodiversité de l'Algérie.

Apparent et palpable, ce bout géographique conserve encore sa beauté naturelle qui attire différentes franges de la société. On signale seulement l'absence totale de la touche des autorités locales y compris les services du tourisme et de la jeunesse pour une meilleure prise en charge des contours du site, son accès et sa promotion. Jadis, grâce à la volonté des natifs du village Zintout, que l'accès et la valorisation des lieux sont récemment aménagés. Ce lieu florissant constitue, pour les natifs du village, un débouché saisonnier.