
Tous, nous
avons sur le toit de notre âme, quelques tuiles cassées par où pénètrent,
l'hiver, la pluie et le froid. Nous passons souvent une vie à essayer de les
réparer et si certains y arrivent plus ou moins, d'autres se résignent à vivre
jusqu'à la fin de leurs jours, avec une âme trouée, un gros chandail de laine
sur le cœur.
Ces êtres là sont reconnaissables entre tous, ils ressemblent à
une boule de papier froissé qu'on oublie au fond de la poche. Lorsqu'ils
parlent, on dirait presque du silence. Ils ont le regard perdu de ceux qui ne
trouvent nulle part leur place. Ils se lèvent pourtant, tous les matins, et
font ce qu'ils ont à faire. Ils font semblant, eux aussi, d'avoir compris
quelque chose.
La maison
de leur cœur, même en ruines, demeure néanmoins chaleureuse. Par les trous de
leur âme, ils ont une vue imprenable sur le ciel. Peut-être, après tout, qu'ils
ont de la chance ? Car comme disait le grand chanteur canadien Léonard Cohen
«Il y a une fissure en toute chose, et c'est ainsi qu'entre la lumière».