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Montage de véhicules et financement de la campagne de Bouteflika: Le verdict rendu aujourd'hui

par Houari Barti

  C'est aujourd'hui qu'est attendu le prononcé du verdict par le Tribunal de Sidi M'hamed, dans l'affaire de corruption, portant notamment sur des dossiers de montage automobile et de financement occulte de la campagne électorale de l'ex-président de la République.

Les prévenus, d'anciens responsables politiques et hommes d'affaires, risquent des peines allant de 8 à 20 de réclusion criminelle. Les anciens premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ainsi que l'ancien ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb, actuellement en fuite, risquent une sentence de 20 ans de prison ferme, telle que requis par le procureur de la République près le dit Tribunal. Pour les autres, le ministère public a requis 15 ans de prison ferme et une amende d'un (1) million DA contre les deux anciens ministres de l'Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, une peine de 10 ans de prison ferme et une amende de 1 million DA contre l'ancien wali de Boumerdes, Yamina Zerhouni, et 10 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million DA contre l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane.

L'audience d'avant-hier a été, note-t-on, marquée par la poursuite des plaidoiries du collectif de défense des hommes d'affaires et l'intervention du procureur de la République qui a donné la parole aux prévenus pour faire leurs dernières déclarations.

Dans sa plaidoirie, le collectif des avocats de la défense avait ainsi centré sa défense sur la présentation de preuves concernant les activités d'investissement en rejetant «catégoriquement» l'existence de relations de «favoritisme ou de clientélisme» entre les investisseurs, les anciens ministres et les cadres des ministères de l'Industrie et des Finances. La défense a relevé, à cet égard, que les décisions du Conseil national de l'investissement (CNI), relatives aux projets de montage de camions étaient soumises au «principe de consultation collective», le CNI étant présidé par le Premier ministre et comprend 11 départements ministériels. Les avocats de la défense ont également «critiqué» la teneur des rapports élaborés par l'Inspection générale des Finances (IGF), «dénudés de toute preuve matérielle impliquant les hommes d'affaires poursuivis dans l'affaire», avant de qualifier ces rapports de «violation substantielle des procédures légales». Les hommes d'affaires prévenus ont respecté toutes les procédures en matière d'exercice de leur activité économique, notamment en ce qui concerne le montage de véhicules et affirmé leur engagement (hommes d'affaires) de s'acquitter de tous les droits douaniers et des impôts, a soutenu la défense. Cette dernière a tenté de mettre en relief le rôle des entreprise de ses clients dans le développement de l'Economie nationale à travers la création des postes d'emploi et la formation des travailleurs, mettant en exergue que les sources de leurs biens «sont légitimes, issues de leurs bénéfices de différents projets d'investissement». S'agissant du «financement occulte» de la campagne électorale de Bouteflika, la défense a indiqué que la loi interdit à tout candidat de recevoir des dons et pas les donneurs, eux-mêmes», précisant que le recours aux chèques bancaires pour le financement de la campagne exclut, selon eux, l'aspect occulte de ce financement. Enfin, le collectif de la défense a plaidé l'innocence des hommes d'affaires et la levée de main sur leurs biens, estimant que ces investisseurs «sont des citoyens honnêtes et innocents qui ambitionnaient à travers leurs activités de développer l'Economie nationale». Au terme de l'intervention du procureur de la République sur les plaidoiries de la défense, le juge a donné la parole aux prévenus pour faire leurs dernières déclarations. Plaidant «leur innocence», les accusés ont souligné qu'ils plaçaient «leur entière confiance en la Justice nationale». «Je suis innocent et je demande à être acquitté. Je nie toutes les accusations portées contre ma personne», a déclaré l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Abdelmalek Sellal a, quant à lui, affirmé «son amour pour sa patrie, son dévouement et son abnégation, dans l'accomplissement des missions qui lui ont été confiées dans son parcours professionnel», niant, en bloc, toutes les accusations portées contre lui». «Je n'ai pas trahi mon pays, je suis innocent et Dieu en est témoin. Il ne me reste pas grand-chose dans cette vie. Je n'ai jamais eu recours à la corruption ni au népotisme», a-t-il dit, se disant fier de l'Armée nationale populaire (ANP), notamment pour ce qui est de la gestion de la prise d'otages de Tiguentourine (wilaya d'Illizi). Il dit s'être retiré de la direction de la campagne de l'ex président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ayant relevé des dépassements. Pour leur part, les anciens ministres de l'Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, l'ancien ministre des Transports et des travaux publics, Abdelghani Zaâlane et l'ex-wali de Boumerdes, Yamina Zerhouni ont déclaré «avoir servi la patrie avec dévouement et abnégation», se disant confiants en la Justice nationale, plaidant leur acquittement et leur innocence de toutes les accusations qui leurs sont portées. A l'instar de Farès Sellal, fils du Premier ministre Abdelmalek Sellal, Senaï Karim, Senaï Sofiane ainsi que des fonctionnaires du ministère de l'Industrie et des Mines, les hommes d'affaires poursuivis, Ali Haddad, Ferrat Ahmed, Hadj Malek Saïd, Mohamed Baïri, Maazouz Mohamed, Achour Abboud, Hassan Larbaoui et Nemroud Abdelkader ont demandé leur acquittement, plaidant leur innocence des accusations qui leurs sont portées.

Le représentant du ministère public a requis, par ailleurs, une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de 3 millions DA à l'encontre de Ali Haddad, Ferrat Ahmed et Hadj Malek Saïd ainsi qu'une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de 1 million DA à l'encontre des hommes d'affaires Mohamed Baïri, Maazouz Mohamed, Achour Abboud, Hassan Laarbaoui et Nemroud Abdelkader. Une peine de huit (8) ans de prison ferme assortie d'une amende de 3 millions DA a été requise à l'encontre de Farès Sellal, fils de Abdelmalek Sellal, Senaï Karim et Senaï Sofiane. Le procureur de la République a aussi requis une peine de 8 ans de prison ferme assortie d'une amende de 1 million DA à l'encontre de fonctionnaires au ministère de l'Industrie et des Mines. «La saisie de tous les biens et fonds illégaux» des accusés, tout en «leur interdisant d'exercer leurs droits civiques», a été, également requise par le représentant du ministère public.