Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Tlemcen: La faculté de médecine attend toujours son centre de simulation

par Khaled Boumediene

Le centre pédagogique de simulation médicale de la faculté de médecine de l'Université «Abou Bekr Belkaïd» de Tlemcen n'est pas près de voir le jour.

Aujourd'hui, ce mois de décembre 2019 marque 9 ans, jour pour jour, depuis la proposition faite en 2010 par les ex-responsables de cette faculté au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le dossier de création de cette structure est en train de moisir dans des tiroirs de ce département ministériel. Les professeurs et spécialistes de la médecine misaient fortement sur ce lieu de pédagogie active pour mieux former les médecins et développer leurs compétences. L'idée phare des initiateurs n'est autre que de disposer de nouvelles possibilités de cette technologie permettant un préapprentissage sur mannequins entre la théorie et la pratique réelle pour une meilleure qualité des soins. « La simulation en santé a aujourd'hui le vent en poupe. C'est même une évolution majeure pour la prise en charge idéale du malade laquelle nécessite une formation médicale continue de qualité. L'apprentissage sur simulateur d'un geste technique diminue le temps de réalisation de ce geste et les complications liées au geste. En pédagogie, le simulateur permet l'utilisation de techniques d'apprentissage originales, beaucoup plus adaptées à l'adulte que ne le sont les cours magistraux en utilisant un apprentissage contextuel basé sur l'expérience de la pratique clinique et la pratique réflexive de l'analyse de l'application de ses connaissances dans une situation donnée et des conséquences. La simulation permet aussi une standardisation de l'apprentissage clinique. Une prise de responsabilité personnelle dans les premières pratiques réelles avec beaucoup plus d'assise et sans problème d'éthique par rapport au novice dans sa pratique réelle. La simulation permet de reproduire des événements rares à l'infini. Des scénarios peuvent être construits pour envisager diverses situations cliniques, grâce au support informatique, avec programmation d'un choc, d'un trouble du rythme, etc. Aujourd'hui, il n'est plus possible de faire certains gestes compliqués ou un peu agressifs sur des patients sans être entraîné au préalable. La pédagogie médicale est devenue de plus en plus pragmatique et recentrée sur les pratiques effectives des médecins.Voilà la ligne de conduite de la simulation médicale. Pour arriver à cet objectif, la création d'un centre de simulation à la faculté de médecine de Tlemcen, pour l'amélioration de la qualité des soins et l'entraînement des professionnels de la santé sera d'un grand appui », souligne un ancien professeur de la faculté de médecine de Tlemcen, qui souhaite vivement que toutes les facultés de médecine et tous les CHU du pays développent ce mode d'apprentissage et disposent d'un centre de simulation médicale. Et d'ajouter: «la simulation permet de mieux apprendre certains gestes techniques sur des mannequins haute-fidélité (adultes, enfants, nourrissons, prématurés, personnes âgées), qui respirent, saignent, accouchent, font des arrêts cardiaques, des chutes de tension, des détresses respiratoires, des crises d'asthmes, présentent des symptômes neurologiques, des fractures ou des brûlures».

Selon un autre professeur qui enseigne à la faculté de médecine de Tlemcen, l'Université de Tlemcen a grandement besoin de ce centre pédagogique de simulation médicale qui se veut une combinaison de ces solutions pédagogiques modernes et constituera une avancée très importante au service de la qualité et de la performance dans l'enseignement des sciences médicales. «Nous estimons que ce projet permettra à l'Université de Tlemcen de se positionner comme formateur de référence, notamment dans la médecine d'urgence, pour faciliter ainsi les partenariats de recherche et les avancées médicales. Les différentes étapes de l'amélioration de cet enseignement pourront faire l'objet de validations par des études puis des communications participant ainsi à l'essor d'une toute nouvelle discipline universitaire. L'Etat consacre certes beaucoup d'argent à la santé, mais la mauvaise gouvernance et l'incompétence hypothèquent les efforts déployés. Il faut soulager les malades cancéreux, reformer le secteur et mettre un frein à l'hémorragie des montants colossaux consacrés aux médicaments onéreux et à l'acquisition de dispositifs médicaux et équipements». Il suggère, à ce titre, un financement basé sur les taxes pour la création de ces centres de simulation.

«Le financement est très simple: par exemple le législateur peut imaginer une taxe sur la formation médicale spécialisée. Rien que le marché du médicament coûte 4 à 5 milliards de dollars par année. Si l'on suppose que la marge bénéficiaire liée à ce marché est de 10%, cela fera près de 400 millions de dollars. Alors si l'on soustrait une taxe de 0,5% sur ce montant, l'on aura facilement un montant de 20 millions de dollars qui vont servir à la création de ces centres de simulation, sans compter aussi d'autres taxes qui pourront être récupérées des mutuelles étatiques et privées, tels que les douanes, la Sonatrach, les administrations de police, de l'enseignement et autres compagnies d'assurances. L'on pourra récolter facilement une recette de 50 millions de dollars par an pour financer l'installation de ces centres. En contrepartie, les prestations seront assurées gracieusement dans ces centres. Il y aura aussi beaucoup de postes d'emploi à créer dans les 50 ou 60 centres créés».