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L'Assemblée
nationale y est allée certainement de main morte lundi en abordant avec le
ministre des Transports la situation d'Air Algérie. Elle a formulé une série de
recommandations générales en s'abritant dans une discrétion qui lui a évité
d'aller au fond d'un problème source de la désagrégation de l'ensemble de
l'économie nationale. Parmi les orientations suggérées, une des plus anodines
et condensées en même temps a été de demander que le nombre des 10.000 employés
de la compagnie aérienne soit réduit à 4.000. Nos députés n'ignoraient
certainement pas qu'ils mettaient le doigt sur l'une des plus vastes écorchures
politiques et économiques que l'Algérie ait connues. La compagnie aérienne ne
représente qu'un exemple parmi d'innombrables autres et elle se caractérise
elle aussi par la nocivité qui a gangréné depuis l'indépendance l'ensemble du
terrain économique. Sauf qu'elle a eu la particularité de s'ériger comme un nid
tiède, à l'image de certaines institutions et une pléthore d'administrations,
pour abriter une catégorie d'Algériens, mieux privilégiés que d'autres,
disposant de la proximité familiale et de la force du galon.
La politique du plein emploi à n'importe quel prix a totalement occulté l'obligation de compétence et de savoir-faire de l'échelle la plus basse de la société aux cimes les plus hautes de la décision. Seuls les liens du sang et de la docilité ont prévalu comme critères et prédispositions et le tissage de cette énorme incartade a provoqué un désastre économique et social encore plus large et plus profond que celui initié par les hauts responsables aujourd'hui en prison. Après la guéguerre des langues préconçue et fomentée au nom des idéologies dépassées, le régionalisme et les sympathies politiques sont venus couronner le tout. L'Algérie se retrouve aujourd'hui dans un vaste marécage duquel il sera difficile de se dégager. De la base au sommet, de la petite mairie au plus grand des ministères, l'incommensurable chaîne des acteurs du monde du travail ne doit sa présence qu'à des calculs étroits. Dès lors, on ne sait plus s'il va falloir mettre le doigt ou le pied sur Air Algérie. |
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