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Accusé «d'atteinte au moral de l'armée»: Karim Tabbou en détention provisoire

par R. N.

  Arrêté dans l'après-midi de mercredi à son domicile sis à Douéra par des éléments des services de sécurité en civil, Karim Tabbou a été placé, jeudi, en détention provisoire par le juge d'instruction du tribunal de Koléa. Selon l'avocat Abdelghani Badi, membre du collectif de défense du coordinateur national de l'Union démocratique et sociale (UDS - parti non agréé), M. Tabbou est poursuivi pour « atteinte au moral de l'armée ». Dans une vidéo publiée sur Facebook, un autre avocat a précisé que l'accusation « d'atteinte au moral de l'armée », en vertu de l'article 75 du code pénal, est relative à des propos tenus par Karim Tabbou le 8 mai 2019 à Kherrata. Plusieurs réactions ont été enregistrées suite à l'arrestation de Karim Tabbou. Le FFS et le RCD ont été les premiers à réagir à cette arrestation. Mohcine Belabes, le président du RCD a écrit, mercredi en fin de journée, sur sa page Facebook : « Karim Tabbou est pris en otage depuis le début d'après-midi. Les auteurs de ce forfait n'ont pas été identifiés. Ayant opéré en tenue civile et sans mandat, ces derniers se sont rendus coupables de pratiques de mercenaires. Le seuil du tolérable a été encore une fois dépassé. Liberté pour Karim et tous les otages du système à l'origine des malheurs de l'Algérie et des Algériens ». Egalement sur Facebook, le premier secrétaire du FFS, Hakim Belahcel, a condamné « énergiquement cet acte irresponsable et arbitraire » et a exigé la « libération immédiate » de Karim Tabbou (ancien premier secrétaire du parti), ainsi que « l'arrêt des intimidations contre les militants qui luttent pacifiquement pour une Algérie libre et démocratique ». Jeudi, la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) a dénoncé, dans un communiqué, la mise en détention provisoire du coordinateur national de l'UDS. La LADDH estime que « la liberté d'expression n'est pas un crime » et rappelle qu'elle « englobe aussi bien la critique que la valorisation des rôles joués par les différents acteurs politiques et institutionnels dans le contexte précis que traverse l'Algérie, marqué par une imbrication des prérogatives et des contradictions dans les positions au sujet de la manière de concrétiser les revendications du peuple, exprimées à travers le Hirak pacifique depuis le 22 février ». La Ligue a également exprimé sa « pleine solidarité aux détenus d'opinions » et a réitéré l'exigence de « leur libération sans condition ». Autre réaction enregistrée, celle de Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, sur Twitter, qui a exprimé son « soutien » à Karim Tabbou, estimant qu'un « Etat de droit respecte la liberté de parole. Une personnalité politique aux arrêts est la condamnation de la démocratie ».

Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a qualifié cette arrestation de «kidnapping, semblable à celui du commandant Lakhdar Bouregaa» .

Karim Tabbou, 46 ans, a été premier secrétaire du FFS, entre 2007 et 2011, avant de fonder en novembre 2012 l'UDS.