Même lorsque nous voulons partager de façon équitable avec autrui, les parts réservées à chacun ne seront jamais exactement pareilles. Il y aura toujours dans la vie une portion plus grande que l'autre, une fortune meilleure que les autres, que presque tout le monde aimerait avoir pour lui. Beaucoup d'entre nous se battront pour s'accaparer de ce morceau de choix, cette tranche plus grosse que le ventre, cette part du loup, cette portion du diable. Ceux-là pourtant, même s'ils arriveront à dévorer la terre entière, ne seront jamais rassasiés et même au fond de leur tombe, ils auront encore faim.

Un nombre moindre d'êtres humains aimeraient, eux aussi, dans un premier temps, obtenir cette portion de choix qui symboliserait alors la partie centrale d'eux-mêmes, constituerait leur identité véritable. Mais ils se raviseront au dernier moment et finiront par laisser ce qu'il y a de meilleur aux autres. Qu'ont-ils appris de si fondamental dans la vie qui les a conduit à se contenter finalement des miettes ?

Une infime minorité d'êtres humains enfin, choisiront toujours, de manière naturelle et spontanée, comme réagirait un enfant par exemple, la plus petite part des choses, le croûton oublié au fond de la table, la dernière bouchée qui reste. Et ils donneront la terre entière à l'être aimé, à leurs frères en humanité, à l'invité de passage. Ces êtres-là sont les diamants de l'univers, les héritiers de la lumière.