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DES DIPLOMES COMME ORNEMENT

par Abdou BENABBOU

Près d'un demi-million d'élèves nouveaux rejoindront l'enseignement secondaire à la rentrée prochaine. Plus d'un autre demi-million s'échinent en ce moment pour décrocher un baccalauréat prétendu sacré. Les besoins en infrastructures d'accueil nécessaires sont effarants et la folle croissance démographique dérange plus qu'elle n'arrange les mieux pensants des économistes. D'année en année, la massification des nombres dans l'éducation et l'enseignement offre en surface une glorification vide de sens dans un désert économique létal. Le gargarisme des chiffres offre une satisfaction surfaite, les succès scolaires et les diplômes n'étant plus de toute évidence qu'une fin en soi car la course engagée n'est qu'une fuite en avant.

Cette ruée impressionnante censée se diriger vers le savoir et la connaissance suppose un investissement financier colossal qui en retour doit garantir aux générations qui arrivent au pas de charge, du pain et une stabilité sociale. Accéder à la baguette de pain et se mouvoir dans une société heureuse en monnayant honorablement ses compétences exigent une orchestration harmonieuse et intelligente des faits et gestes d'une population de plus de 40 millions d'habitants. Or les appels et les invitations de la mer pour des suicides programmés et le nombre des diplômés chômeurs ne cessent de s'élargir, souvent dans le désarroi, parfois dans le drame, faute patente d'une concordance entre le dit et le vécu.

L'école et l'université comme axiome ne sont plus que des parades en trompe-l'œil, un ornement social aléatoire, et offrent rarement la clé pour un futur conséquent et serein. Ailleurs, des sociétés en constantes évolutions ont compris que l'éducation et l'enseignement n'étaient pas un gadget mais une arme efficace prise au sérieux et mise à la disposition des futurs soldats du développement et du progrès. Elles ont échappé à l'emprise stérile de la coquille vide.

Guidées par un souci d'efficacité, elles ont compris avec logique et simplicité qu'une classe d'école ou un amphithéâtre n'étaient pas un temple d'endoctrinement pour un aléatoire au-delà, mais un atelier où les générations futures apprennent comment se frayer un chemin dans ce bas monde impitoyable.