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Vendredi de la mobilisation

par Moncef Wafi

Malgré un imposant déploiement de la police à Alger et le quadrillage systématique de la capitale par les services de sécurité à travers des barrages filtrants ainsi que de dizaines d'arrestations et d'interpellations de citoyens, dénoncés par certains partis politiques, la mobilisation populaire a été au rendez-vous de ce 14ème vendredi de la contestation. Les slogans entendus et les banderoles brandies ne laissent aucun doute sur l'orientation de ces manifestations qui ont revendiqué un Etat démocratique et civil, rejetant de nouveau des élections conduites par des figures du régime.

Ce vendredi était attendu comme une réponse au discours de Ouargla dans lequel Gaïd Salah avait appelé au maintien de la présidentielle et à l'encadrement des marches hebdomadaires. Une première réponse lui avait été apportée par les étudiants mardi dernier et hier, c'est la confirmation d'un refus populaire à la feuille de route de l'institution militaire. Ceux qui avaient tablé sur l'essoufflement du hirak en sont pour leurs frais et la mobilisation de la rue met le gouvernement et le pouvoir effectif devant leurs contradictions. En effet, les vieux réflexes du système Bouteflika sont toujours d'actualité avec le musellement des libertés individuelles et la (re)confiscation des espaces publics et, en face, une réelle prise de conscience que l'élection ne pourra pas être imposée de force devant la détermination du hirak.

Un scrutin contesté et hautement compromis dans le temps du moment que les mécanismes traditionnels de sa tenue ne sont pas encore mis en place. La commission de surveillance des élections n'est toujours pas installée alors que la liste des candidats à la candidature à la présidence de la République qui ont déposé leur lettre d'intention auprès du Conseil constitutionnel révèle l'absence de cadors à cette élection. C'est dire que tout indique, si la logique est respectée, qu'on se dirige vers un report de la présidentielle, une perspective qui ne veut absolument pas signifier la victoire ou la défaite d'une des parties en conflit. Effectivement, le report de la date ne veut pas dire, chez Gaïd Salah, une période de transition. D'autres alternatives sont suggérées pour une sortie de crise honorable pour tous les acteurs malheureusement qui sont, pour l'instant, refusées par l'institution militaire.