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Ils guettaient les clients à la sortie des banques pour les voler: Sept ans pour les accusés

par M. Nadir

  Le tribunal criminel de première instance près la cour d'Oran a condamné hier B. El-Hadj, 44 ans, H. Younès, 32 ans, et Be. Fouad, 31 ans, à sept ans de prison pour association de malfaiteurs et vol qualifié dans une affaire remontant à 2015.

Selon l'ordonnance de renvoi lue pendant le procès, les faits se situent au 25 août 2015 lorsque le dénommé S. Liamine, commerçant établi à El-Makkari, porte plainte pour vol auprès de la 4e Sûreté urbaine. Dans sa déposition, l'homme relate avoir retiré la somme de 180 millions de centimes de la Société Générale Algérie, près d'El-Morchid, et s'être rendu à son magasin d'El-Makarri où il a rangé sa voiture dans laquelle il a laissé l'argent. Quelques instants plus tard, averti par des amis que la vitre de son véhicule était brisée, Liamine se rue vers sa voiture et constate que les 180 millions ont disparu. La caméra de surveillance, installée au fronton de son magasin, montre un homme qui descend d'un Renault Kangoo gris, se diriger vers sa voiture, briser la vitre, s'emparer de l'argent et fuir.

Trois mois plus tard, soit le 13 novembre, le nommé Bo. Slimane, également commerçant, dépose une plainte similaire au niveau de la 10e Sûreté urbaine (Les Castors). Il déclare qu'après avoir retiré la somme de 300 millions auprès de la CPA de Haï Salem (St-Hubert), il s'est rendu à son établissement commercial situé dans le quartier des Castors. En revenant à sa voiture, il a découvert que les 100 millions qu'il y avait laissés lui avaient été dérobés. Lui aussi évoque un Renault Kangoo gris qui était dans les environs mais parle aussi d'une Golf série 6.

Le 17 du même mois, S. Liamine alerte la police sur la présence d'un Renault Kangoo gris suspect qui semble suivre son employé, R. Houari, de retour d'un déplacement à la même agence bancaire de la SGA. La police intervient pour intercepter le ludospace mais ne peut mettre la main que sur le passager, le conducteur réussissant à prendre la fuite. Sur le suspect, B. El-Hadj, les policiers trouvent une télécommande souvent utilisée par les voleurs pour empêcher la fermeture à distance des portières de voiture. Ainsi, un automobiliste croit avoir verrouillé son véhicule alors qu'en fait, elle est restée ouverte, en raison de l'interférence de la télécommande qui neutralise le système de verrouillage centralisé.

Un examen des images fournies par la caméra de surveillance de S. Liamine conforte la conviction des chargés de l'enquête que l'un des personnages est bien B. El-Hadj qui, par ailleurs, ne fait pas de difficultés pour reconnaître les faits.

Le signalement du Renault Kangoo gris et de la Golf série 6, diffusé à travers le territoire de la wilaya d'Oran et des wilayas voisines, permet l'interception de la voiture allemande par les services de police de Relizane. Deux suspects, H. Younès et Be. Fouad, sont interpellés et rapidement reliés aux deux vols commis à Oran.

Après enquête et instruction, les trois hommes sont inculpés d'association de malfaiteurs suivant les articles 176, 177, alinéa 1, et de vol qualifié conformément à l'article 353, alinéas 3, 4 et 5 du code pénal.

A l'audience, H. Younès et Be. Fouad reconnaissent les faits concernant le second vol, soit celui des 100 millions appartenant à Bo. Slimane, mais relèvent qu'ils ont déjà été jugés et condamnés par la justice de Relizane. En revanche, ils nient leur implication dans le vol d'août 2015. Quant à B. El-Hadj, il décide de revenir sur ses aveux et rejette toutes les accusations qui pèsent sur ses épaules.

Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public se contente de dire que la culpabilité des accusés est soutenue par des preuves matérielles, avant de requérir 20 ans de réclusion assortie d'une amende s'élevant à deux millions de DA.

Les avocats de la défense des trois accusés plaident l'acquittement pur et simple. D'une part, parce que la seconde affaire avait été jugée et les accusés condamnés à des peines variant entre 3 et 5 ans, d'autre part, parce que aucune preuve matérielle ne reliait leurs clients au vol dont S. Liamine a été victime: «Un listing des appels téléphoniques aurait permis de situer nos clients au moment des faits et les aurait certainement innocenté parce que l'un se trouvait à Relizane et l'autre à Tiaret», regrette un avocat.

Au terme des délibérations, le tribunal criminel acquitte les accusés pour l'affaire Bo. Slimane, déjà jugée à Relizane, mais les déclare coupables des faits reprochés dans le cadre du vol de S. Liamine. Les trois hommes sont condamnés à sept ans de prison et une amende de 1 million de dinars.

Ils disposent de dix jours pour faire appel.