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Une délégation des FDS à Damas : l'irrésistible redressement national syrien

par Kharroubi Habib

Depuis le début en 2011 du conflit qui ravage la Syrie les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde soutenue par Washington, ont pris le contrôle du nord et nord-est du pays où la communauté kurde y est majoritaire et instauré un pouvoir autonome prélude à l'émergence d'un Etat kurde totalement séparé du reste de la Syrie. Tant qu'ils ont pu compter sur la protection militaire des Etats-Unis et de la coalition conduite par ces derniers, les FDS ont systématiquement rejeté les offres faites par les autorités légales syriennes d'un dialogue sur l'avenir des régions sous leur contrôle dans le cadre du respect de l'intégrité territoriale du pays.

Ce qui n'étant plus le cas dès lors que les Etats-Unis pour ne pas se retrouver en conflit ouvert avec la Turquie farouchement opposée à la constitution d'une entité kurde à sa frontière ont convenu d'un accord avec Ankara qui placerait le nord et nord-est de la Syrie sous contrôle américano-turc, les FDS sont contraintes de se tourner désormais vers Damas pour échapper à l'occupation turque dont leur milice armée seule ne peut enrayer l'inéluctabilité. Ce qui explique pourquoi et depuis le début du conflit en 2011 une délégation du plus haut rang du Conseil démocratique syrien, le bras politique des FDS, s'est rendue en visite officielle à Damas à l'invitation du gouvernement dans le but, selon le vice-président de cette instance, d'«œuvrer en faveur d'une solution concernant le Nord syrien».

Toujours selon cette source, il n'y a eu aucune condition préalable à la venue à Damas de la délégation des FDS. Il en est pourtant une sans laquelle la visite de celle-ci dans la capitale syrienne aurait été impossible : celle du renoncement par les FDS à leur projet séparatiste. Bachar El Assad et le pouvoir syrien sont susceptibles de concéder aux provinces constitutives de la Syrie, dont celle du Nord où la communauté kurde est majoritaire, des statuts de large autonomie administrative mais n'admettront jamais le fait accompli de la sécession qui entraînerait la disparition de la nation syrienne.

Pour les Kurdes qui ont été cyniquement lâchés par Washington et désormais sous la menace d'une offensive turque contre l'enclave qu'ils contrôlent, il n'est pas d'autre alternative que de négocier avec Damas un retour de l'autorité syrienne dans le nord du pays. La présence de cette autorité enlèverait le prétexte de la menace kurde dont Ankara s'est saisie pour intervenir militairement en Syrie. Ce que Damas avait vainement tenté de leur faire accepter avant qu'Ankara ne lance l'offensive qui a permis à son armée d'entrer en territoire syrien et de prendre le contrôle de la ville d'Afrin et de sa région que les combattants de leur milice n'ont pu empêcher car ayant été privés du parapluie militaire dissuasif américain.

Si un accord est passé entre le gouvernement syrien et les Kurdes qui ouvrirait la voie à la restauration de l'autorité de l'Etat syrien dans le nord du pays, la présence militaire turque dans cette région en deviendrait absolument inacceptable en regard du droit international, ce qui légitimerait toute action que le pouvoir syrien pourrait entreprendre pour défendre la souveraineté nationale de son pays.