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![]() ![]() ![]() Séjours en Tunisie plus chers, chute du pouvoir d'achat et devises hors de portée: Les touristes algériens résignésà la destination locale
par Abdelkrim Zerzouri ![]() «La tête
ailleurs», c'est sous cet air que les Algériens accueillent cette période de
vacances. «Difficile de penser à la détente et aux loisirs quand on est
confronté à des difficultés alimentaires», résument en quelques mots des
citoyens interrogés sur leurs projets de villégiature. Les Algériens qui ont
adopté une certaine culture de vacances, durant les années fastes du baril de
pétrole, à plus de 120 dollars, réapprennent à vivre l'été au ralenti, de plus
en plus ralenti chaque année qui passe. Même la destination Tunisie, qui
drainait en masse les touristes algériens, n'emballe plus de monde.
L'atmosphère est morose chez les voyagistes. «La demande a enregistré une chute
vertigineuse, on ne se bouscule pas au portillon pour réserver des places en
Tunisie, ni ailleurs, d'ailleurs », a relevé sur un ton de déception le gérant
de l'Agence de voyages ?Le Rocher', Raouf Bourbia. Pour ce voyagiste, spécialiste de la destination
Tunisie, le climat est à l'amertume. La hausse des prix des séjours en Tunisie,
décidée unilatéralement par les Tunisiens après le retour des touristes
européens, ou ce qu'on appelle les ?tours opérator',
fait fuir les touristes algériens. Presque 30 % d'augmentation imprimés sur les
tarifs des séjours en Tunisie, qui dépassent les 5 millions pour un séjour
d'une semaine, dans des conditions de moindre qualité puisque le luxe est
désormais réservé aux touristes allemands, anglais et français, voilà la cause
principale du recul des inscriptions des touristes algériens, pour des séjours
chez le voisin de l'Est. Déjà, sans cette augmentation, la chute du pouvoir
d'achat des classes moyennes a fait changer l'orientation sur ce chapitre des
vacances en Tunisie, puisque c'est la classe moyenne qui constitue le gros lot
des touristes qui se rendent vers les villes touristiques tunisiennes. Une
classe moyenne plutôt préoccupée par les soucis de l'achat du mouton de l'Aïd
et la rentrée scolaire qui pointe du nez. Notre interlocuteur parlera, dans ce
sillage, de la dépréciation du dinar, de l'allocation touristique de la misère
qui pousse les gens vers le change au noir, où l'euro semble se stabiliser
autour des 212 dinars, malgré une période propice à l'achat de la devise, mais
qui n'arrive pas à pousser plus loin encore la valeur de l'euro. Et ce facteur constitue un autre élément de dissuasion pour les
touristes algériens, qui «ne peuvent pas se permettre de payer 21.200 contre un
billet de 100 euros, lui-même pas très fort sur les places touristiques »,
estiment de nombreux fonctionnaires qui ont changé de cap pour ces vacances, en
choisissant la destination locale, avec ses bas plus que ses hauts, «en optant
pour des séjours aussi courts que possible et pas trop éloignée du lieu de
résidence pour éviter de ne pas gonfler les dépenses», disent-ils.
«Juste pour faire plaisir aux enfants, on va passer quelques jours, près de la
côte jijélienne», avoue un père de famille, qui a
réservé chez un particulier de la région. Hébergement assuré, pas trop cher si
on sonde bien le marché et si on évite les spéculateurs, et restauration à
moindre prix avec des mets préparés à la maison, c'est la seule manière de
prétendre changer d'air. Aussi, relèvent de nombreux gérants d'agences
touristiques et de voyages, le refus des autorités de permettre aux voyagistes
d'accéder au ?Crédit Doc', ou une domiciliation bancaire, afin de pouvoir
échanger les dinars en devises sur le marché bancaire officiel et acheter des
packs de séjours à l'étranger au profit des touristes algériens. Cela abaissera
considérablement les tarifs des séjours, hélas les autorités refusent de donner
cette opportunité aux voyagistes, et ne font rien pour promouvoir le tourisme
local. Autant dire que le métier de voyagiste est en voie de disparition,
excepté pour ceux qui se sont spécialisés dans le tourisme religieux, soit
l'organisation de la Omra et
du Hadj. Toutes les données confirment, ainsi, un net recul du nombre des
touristes algériens qui manifestent un intérêt certain de passer les vacances
en Tunisie. D'une manière générale, les vacances à l'étranger, vers les
destinations prisées par les Algériens, à l'image de la Turquie, Dubaï, et Charm-Echeikh en Egypte, se limitent désormais à une
certaine classe aisée, puisque les tarifs sont assez élevés, dépassant les 10
millions par personne, au moindre mot, pour un séjour d'une semaine, affirment,
en chœur, les voyagistes.
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