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En attendant des ouvrages qui tardent à venir: La liaison autoroutière RN2-Corniche supérieure pas pour demain

par Houari Saaïdia

Quand l'accompagnement administratif n'est pas à la hauteur du projet, celui-ci a du mal à avancer. Le chantier de l'évitement de Mers El-Kébir, liaison dont on dit exagérément qu'elle va régler définitivement

le problème de la Corniche, en est un parfait exemple.

On a souvent tendance à pointer un doigt accusateur vers l'entreprise de réalisation dès qu'il y a retard. Parfois, le bureau de contrôle et de suivi (BCS) est tenu pour coresponsable.

L'administration dans son sens le plus large, c'est-à-dire pouvoirs publics, exécutif et maître d'ouvrage inclus, est supposée infaillible, hors de cause. Le projet de la liaison autoroutière entre la RN2 et la Corniche supérieure, via l'échangeur à hauteur de la base navale de Mers El-Kébir, dément ce «postulat», qui n'en est pas un d'ailleurs.

Pour s'en convaincre, il suffit de prendre la situation telle qu'elle est : on a depuis plusieurs mois une route à double voie achevée de bout en bout, giratoire compris, plus un échangeur fin prêt, qui attendent des ouvrages d'art intermédiaires non lancés et quelques bricoles ça et là. Autrement dit, les entreprises de réalisation ont déjà rempli leur part du contrat en livrant les ouvrages dont ils ont été chargés, enregistrant certes un retard par rapport à l'échéancier contractuel mais pour des raisons indépendantes de leur volonté, tandis que les pouvoirs publics, DTP comprise s'entend, n'ont pas pu lancer ou réceptionner à temps les lots restants. A savoir, deux petits ouvrages d'art et une simple jonction en route d'à peine 1,5 km, entre l'échanger et l'autoroute, notamment. On aura beau expliquer ce déphasage et cette progression par à-coup du projet par des contraintes financières, en arborant le mobile -tout fait- d'insuffisance de l'autorisation de programme (AP) allouée initialement, les vraies raisons sont à rechercher dans le mauvais pilotage de ce projet sectoriel décentralisé et dans le manque de la prise en charge administrative et de l'accompagnement institutionnel, côté wilaya.

Le poids des pesanteurs administratives

Les pesanteurs administratives qui ont mis à mal ce projet et ont décéléré, voire freiné son évolution, ont connu leur apogée au temps d'un ex-secrétaire général de la wilaya, où, la mise en instance, le rejet et la fin de non-recevoir sont devenues la règle et non l'exception dans le traitement des dossiers inhérents aux projets, allant de la simple demande d'autorisation d'usage d'explosifs sur un tronçon de massif rocheux ou du simple visa pour une demande d'avenant jusqu'aux procédures plus ou moins complexes mais à caractère prioritaire et urgent, à coup sûr. A telle enseigne qu'une simple démarche d'expropriation d'une petite bande relevant d'une terre agricole (à hauteur de l'intersection de la nouvelle liaison autoroutière avec le carrefour giratoire CW44-C45), qui aurait pu être rondement menée à bout, a connu de longues péripéties à cause d'une mauvaise diligence locale.

Le 12 mars 2017, entre deux points d'un circuit de visites à travers différents chantiers routiers et en réponse à une question d'un journaliste sur le projet de l'évitement de Mers El-Kébir, l'ex-wali d'Oran, Abdelghani Zaalane, promu ministre des TP et des Transports, trois mois plus tard, déclarait qu'«on croyait qu'on était plus proche de l'ouverture de la nouvelle liaison autoroutière RN2-Corniche supérieure après l'achèvement de l'échangeur de Mers El-Kébir, mais on a été pris au dépourvu par un éboulement accidentel. Cela a nécessité un avenant financier qu'on a fini par obtenir. Les travaux de confortement seront lancés incessamment». Se voulant plus rassurante, la directrice de wilaya des Travaux publics a profité alors de cette parenthèse pour préciser qu'«avec le réajustement dont a fait l'objet récemment ce projet, dont l'enveloppe allouée s'élève désormais à 700 milliards de centimes, les choses sont rentrées dans l'ordre».

Ouvrages de génie civil et mur de soutènement en appoint

Sur place, au lieu de l'éboulement situé près d'une pépinière, au bassin versant de Haï Ouarsenis (sur les hauteurs de Mers El-Kébir), une entreprise chargée de réaliser des dalots, c'est-à-dire un petit canal recouvert d'une dalle, ouvrage hydraulique semi-enterré sous forme de petit aqueduc en maçonnerie placé sous les remblais de la route, est bel et bien installée et est déjà à l'œuvre.

Ce n'est en revanche pas le cas pour les lots du passage inférieur et le mur de soutènement, qui n'ont pas encore commencé.           Ceci alors que le plus gros -et le plus dur et complexe en même temps- du projet a été fait, puisque l'entreprise «Sarl Injaz El-Djazaïr» a achevé les terrassements à 100%, c'est-à-dire tout au long du tracé en «deux fois deux voies» sur 5 km, a bitumé les 3/4 du tracé, aménagé un giratoire à hauteur du lieudit Aïn Khedidja et n'attend que la réalisation des ouvrages et dispositifs annexes pour mener à bout son travail.

L'affaire n'était pas du tout mince : il était question d'un volume de plus de 2 millions de m3 à extraire, dont 60% de nature rocheuse, en combinant engins et explosifs, dans une première phase. Une fois menée à bout, cette route «en deux fois deux voies» sera connectée à la RN2 au moyen d'un échangeur en cours de réalisation à Mers El-Kébir, précisément à proximité de la base navale (route nationale n°02), à hauteur de Haï Hansali (ex-Longchamp).

Cet échangeur aura à faire transiter le flux dans le sens Oran/Aïn El-Turck en contournant la ville de Mers El-Kébir, vers la section autoroutière -en voie d'achèvement par «Eurl Injaz El-Jazair»- via un évitement montagneux qui serpentera dans le bassin versant de Mers El-Kébir et débouchera directement sur Aïn Khedidja (intersection entre les CW44 et CW45 -Corniche supérieure-) tout en contournant le tissu urbain. Il est donc prévu une connexion entre la route nationale n°2 (RN2), communément appelée route des Tunnels ou la Corniche tout court, et la nouvelle Corniche via un point de jonction situé à hauteur de l'ancienne chapelle de cité Longchamp.

C'est-à-dire que l'automobiliste venant d'Oran aura plusieurs itinéraires pour se rendre à Aïn El-Turck et ses environs (Bousfer, El-Ançor, les Andalouses, etc.). Il pourra soit emprunter la future route de la Corniche qui culmine en haut du mont Murdjadjo, soit prendre la RN2 qui serpente dans les falaises avec vue sur mer tout au long du trajet, ou bien encore prendre la route des Tunnels depuis la Pêcherie et, une fois à l'entrée de Mers El-Kébir, à hauteur de la cité Longchamp, bifurquer via une bretelle qui sera réalisée là pour contourner la ville et éviter l'encombrement de la circulation pour rallier la Corniche supérieure.