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Logements LPL: Le plafond salarial d'éligibilité reste à 24 000 dinars

par Abdelkrim Zerzouri

Le plafonnement du salaire des demandeurs de logements sociaux à 24 000 dinars est considéré par de nombreux citoyens comme une disposition désobligeante, voire injuste par certains bords.

Et la sortie, jeudi dernier, du ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, qui a confirmé le maintien de ce plafonnement, n'a fait qu'ajouter de l'amertume dans les esprits. La révision du plafond salarial d'éligibilité au logement public locatif (logement social) n'est pas actuellement à l'ordre du jour, au regard des difficultés financières que connaît le pays, soutiendra M. Tebboune dans sa réponse à une question orale lors d'une séance plénière au Conseil de la nation. M. Tebboune a estimé dans ce contexte que « la révision du plafond salarial augmentera automatiquement le nombre de demandeurs du logement social, ce qui nous plongera dans une spirale qu'il nous convient d'éviter à l'heure actuelle ».

Considérant que le salaire mensuel du demandeur du logement public locatif ne doit pas dépasser 24.000 Da, la formule étant destinée aux personnes à faible revenu. Cependant, le ministre n'a pas écarté la possibilité de « reconsidérer cette question ultérieurement en cas d'amélioration de la situation financière du pays », précisant que toute révision du décret définissant les règles d'octroi du logement LPL se limiterait uniquement aux mesures. « Il est de notre devoir d'améliorer les mécanismes garantis par ce décret afin d'attribuer les logements aux plus méritants », a-t-il souligné, préconisant de généraliser les mesures de contrôle au niveau de l'agence AADL pour la formule location-vente au logement LPL pour barrer la route aux fraudeurs.

Outrés au plus haut point par le maintien de la barre des 24 000 dinars, les demandeurs de logements sociaux exigent la prise en considération de la date de dépôt de la demande de logement social. Les demandeurs qui ont déposé leurs dossiers entre 1990 et 2008 ne devraient pas être concernés par cette disposition salariale, car au moment de l'introduction de leur demande, leur salaire répondait à cette exigence, mais plus de nos jours, où les salaires ont augmenté au-delà de ce plafond pour la plupart d'entre eux.

« Ce n'est pas la faute au demandeur de logement s'il n'a pas eu la chance de bénéficier d'un toit au moment voulu, dans au moins dix ans ! », raillent des demandeurs en réaction à cette déclaration de M. Tebboune. D'autres critiques acerbes sont dirigées contre le relogement administratif, qui ne tient compte d'aucune considération autre que la présence effective du bénéficiaire sur le site à évacuer. « C'est un logement social dans le cas de la résorption de l'habitat précaire (RHP) ou éradication de sites bidonvilles, opérations qui constituent une priorité pour les autorités, comme dans un autre, où le demandeur dépose un dossier et attend gentiment plus d'une décennie et plus pour être logé, pourquoi alors on n'est pas regardant question salaire avec les premiers, les cas relogés à partir des sites bidonvilles ou menacés par le glissement de terrain, et on se montre exigeant avec les seconds ? », se demande-t-on avec dépit. Pour rappel, aucune exigence salariale n'est établie pour les habitants de sites bidonville ou classés RHP, pourtant relogés dans des logements sociaux ! Certains demandeurs de logements sociaux vont plus loin encore, estimant qu'ils n'ont pas encore bénéficié d'un toit à cause de cette politique foncièrement orientée vers le RHP ou l'éradication de sites bidonvilles aux dépends des demandeurs «mal logés» mais qui refusent malgré toute la souffrance d'aller grossir le nombre de résidents des bidonvilles.

Ce que d'autres font avec allégresse, sans être réellement dans le besoin d'un logement pour certains d'entre eux. « Il est grand temps que la politique du logement social fasse sa mue, sur plusieurs plans », selon des avis largement partagés. A une question sur les équipements publics accompagnant les projets de logements dans la wilaya de Médéa, le ministre a indiqué que «toutes les politiques actuelles visent à éradiquer les cités-dortoirs».

En dépit de la réduction du nombre de projets prévus dans ce cadre, les limitant aux projets prioritaires, le ministre a indiqué que la wilaya de Médéa bénéficiera de toutes les structures nécessaires lors de la réception de logements. A la question d'un autre membre sur les projets de logements AADL dans la wilaya de M'sila, M. Tebboune a affirmé la désignation de l'ensemble des entreprises de réalisation en charge de ces futurs projets, expliquant le retard accusé actuellement à l'annulation des contrats avec certaines sociétés de réalisations et au temps que nécessite la conclusion de nouveaux marchés. Globalement, les pouvoirs publics sont très à cheval sur ce dossier du logement, les chiffres des réalisations sont très éloquents, atténuant une crise qui a fait souffrir des dizaines de milliers de familles, mais certains facteurs liés au retard des chantiers et à la distribution font figure de ?court-circuit' dans ces étapes marquées de succès.