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Février 1960 ? février 1966, l'histoire des 17 Hiroshima-Nagasaki déversées au Sahara (1ère partie)

par Hassan Tsaki*

  Il est indéniable aujourd'hui de devoir constater que c'est bien le Sahara et ses richesses minières et énergétiques qui font vivre, subviennent aux différents besoins et, parfois même, enrichissent pour certains les populations de deux générations entières de l'Algérie indépendante. Ce même Sahara et territoire, plusieurs fois enjeu principal de l'échec de plusieurs tentatives de négociations en entraves à l'autodétermination du pays, qui n'a été officiellement « pacifié » par l'armée coloniale seulement après deux générations algériennes sous l'exercice et joug de soumission au code infamant de l'indigénat.

Et c'est toujours le Sahara, ce territoire-martyr qui a payé et continuera de payer durant des milliers d'années encore le plus lourd tribut et sacrifice sanitaire, biologique et environnemental à la guerre de libération du pays puisque ce havre naturel de paix, de quiétude et de silence millénaire a été atteint irrémédiablement dans son intime intégrité et violemment violé jusqu'à nos jours par 17 bombes nucléaires (04 essais atmosphériques et 13 souterrains dont plusieurs non maîtrisés en matière de confinement préconisé)? 17 Hiroshima ou 17 Nagasaki déversées impunément par l'arrogance et folie des uns et le silence involontaire, irresponsable ou complice des autres, sur le plus grand musée à ciel ouvert des civilisations néolithiques humaines.

Deux générations entières où les paroles, où plus précisément leurs absences indignantes, des responsables et des adultes sont restées de part et d'autre de la Méditerranée muettes, inopérantes et bien factices à décrire, tirer les enseignements et transmettre aux générations montantes ce qui s'est réellement passé, par une juste évaluation et un état des lieux sincère de toutes les implications sur les populations et sur le territoire naturel concernés. Explications et révélations légitimement attendues en termes de mémoire collective, d'éléments de vérités et de résolutions morales et politiques qui les concernent et impliquent pourtant au plus haut point et bien malgré eux depuis que la terre saharienne a fortement tremblé ce matin du 13 février 1960, date du 1er essai nucléaire atmosphérique de l'Algérie coloniale. Et ce, jusqu'au 16 février 1966, alors que l'Algérie indépendante était devenue en principe souveraine depuis quatre longues années déjà.

Les mots, et particulièrement les mots d'adultes ne portent pas, ou plus, et sont devenus le plus souvent aphones par la force de la réalité des intérêts. Certains, à bon escient, affirmeront même que « trop de mots tuent les mots ». Seul le conte et sa puissance, en justes paroles et paraboles spontanées adressées aux enfants, peut témoigner de quelques aspects de cette sombre histoire saharienne, non encore comprise, ni suffisamment digérée pour être dépassée sans heurts et préjudices irrévocables !

Devrons en vouloir qu'à notre situation d'inféodation coloniale de l'époque et aux seuls signataires des Accords d'Evian qui n'ont pas été suffisamment prudents et attentifs à certains alinéas engageants par manque de lucidité. Toujours est-il que le cynisme du Général De Gaule frise l'indécence morale élémentaire lorsqu'il réagit à un discours fortement anticolonialiste et anti-impérialiste du Président Ben Bella, par ses mots particulièrement sournois et vexatoires : « Ben Bella parle, parle et parle ; mais il sait aussi être sourd quand il le faut »? Sourd aux explosions nucléaires sans précédent de 17 Hiroshima-Nagasaki déversées impunément sur le Sahara algérien de février 1960 à février 1966 !

Faisant suite à la Loi Morin, portant procédures d'indemnisation des personnels militaires français impliqués dans les essais, depuis quelques années dans le débat public en Algérie, compte tenu d'une relative déglaciation de la pensée et de la parole publiques ainsi qu'à la mise en sourdine de l'autocensure inhérente à certains réflexes et frilosités par rapport au sujet et à sa sensibilité, certains de nos concitoyens et parfois même intellectuels de surcroît s'y aventurent avec des analyses plus ou moins recevables mais aux recommandations franchement inacceptables comprenant des demandes d'excuses, de repentir ou encore de demande d'engagements de partenariats bilatéraux dans la prise en charge de programmes de décontamination des sites, etc? Enfin, sont-ils conséquents et suffisamment réfléchis quand ils avancent ce genre d'inepties autant irréalisables que moralement irrecevables. Et pourrait-il être suffisant que l'Homme blanc et sa civilisation occidentale puissent être absous de leurs crimes abjects de destruction purement mercantile de la civilisation Inca ou autres agrégations et patrimoines humains. Où n'est-ce pas seulement un acte puéril que de tendre l'autre joue à celui qui frappe et offense !

Voici un conte que les parents algériens devraient lire à leurs enfants, surtout par mauvais temps et, tout particulièrement, lors des épisodes de tempêtes de sable où l'atmosphère se trouve chargée de sable et de poussières probablement encore radioactives car le plus souvent en provenance du Sahara? Il est, en effet, scientifiquement prouvé aujourd'hui que les limons sahariens se déposent, par voie aérienne et suite aux tempêtes de sable, par centaines de tonnes, jusqu'en Amazonie? Rien, pas même les mers et océans, n'arrête la dispersion des limons et poussières radioactives sahariennes. Sauf la bêtise ou le silence irresponsable et complice des Hommes !

Alors que l'Histoire, s'il elle n'est pas bien apprise, comprise, mentalement digérée et suffisamment et humainement dépassée, ne fera que bégayer autrement dit se répéter inlassablement. Notre société avec ses constantes historiques arabo-berbères et son parcours semble, depuis la nuit des temps, n'avoir de sensibilité, d'écoute et de relatives réceptivité et réactivité qu'à la toute-puissance des contes ! Chacun de nous semble, en conséquence de ce caractère d'héritage génético-culturel, « formaté » à ne recevoir l'Histoire et ses faits que par la magie ou sous le prisme déformant de la récitation orale, romancée et assoupissante du « Il était une fois, quelque part? » Nous sommes en définitive peut-être un peuple d'adultes-enfants toujours disposés à l'écoute des contes, anecdotes et historiettes, depuis les perpétuelles et multiples colonisations qui se suivirent en piétinant notre souveraineté et notre territoire, qu'un peuple majeur, véritablement adulte et enfin responsable à même d'assumer son Histoire, grande ou petite fût-elle ! Notre peuple a besoin de contes comme il a besoin de pain ; alors que faire d'autres devant ce dilemme que de le servir en récits, rêves susurrés en matières à occuper accessoirement l'esprit ; ces véritables artifices de l'évasion volontaire. Contes qui, dans notre contexte présent, attesteront aussi et surtout que ce Sahara n'a jamais été, comme il a été prétendu, un territoire vierge d'habitants, de cultures, de ressources et biodiversité biologiques, de patrimoines culturels et civilisationnels humains les plus élevés, ni de vie, au sens le plus global !

Le Retour du Petit Prince de Saint-Exupéry

« Ça c'est, pour moi, le plus beau et le plus triste paysage du monde? C'est ici que le petit prince a apparu sur terre, puis disparu? si vous voyagez un jour en Afrique, dans le désert. Et s'il vous arrive de passer par là, je vous en supplie ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l'étoile ! Si alors un enfant vient à vous, s'il rit, s'il a des cheveux d'or, s'il ne répond pas quand on l'interroge, vous devinerez bien qui il est.

Alors soyez gentils ! Ne me laissez pas tellement triste : Ecrivez-moi vite qu'il est revenu? »

Antoine de Saint-Exupéry (1940, soit 6 ans après l'apparition du Petit Prince)

1934-2003 : 69 ans après. Soit, la durée d'une vie d'homme après la première apparition du Petit Prince dans le désert algérien?

Et au-delà du Temps, voici une lettre à Antoine de Saint-Exupéry.

Cher délicieux Inconnu, Cher Antoine de Saint Exupéry,Tu es retourné à ton étoile originelle sur la pointe des pieds, sans faire de bruit, ni de vagues? presque aussi sereinement que tu as vécu.

Et les vagues si douces mais tellement éternelles de la Méditerranée n'ont pas réussi à ce jour à mettre un voile sur ta courte mais précieuse vie parmi les Hommes de la Terre.

Nous t'écrivons en 2003 dans le Futur de ton si court passé, à travers le temps et l'espace parallèles de nos deux mondes, pour te rassurer, comme tu l'as tant souhaité en 1940, que le Petit Prince est bien revenu parmi les Hommes?

Le Petit Prince a en effet réapparu en 2003, pas loin de In Ekker, une ancienne base militaire française du Sahara où a été conçue et expérimentée la première bombe atomique d'Europe continentale.

Et miracle parmi les miracles ou mirage des vapeurs atomiques dans le plus grand désert du monde, cette ingénue n'était plus une enveloppe ou un « morceau d'écorce », comme tu t'évertuais à le répéter, mais bel et bien des poussières d'étoiles cristallisées dans deux petits corps frêles d'enfants étrangement majeurs : Majda et Jérémie.

Et en poussières d'étoiles, dont les neurones à moitié atomisées par les retombées radioactives sahariennes, ces deux Petits Princes sont de retour sur la petite Planète Bleue? De retour, dans Ta Terre des Hommes, le temps de nous raconter quelques contes modernes? Et surtout, le temps de nous conter leurs rêves de Demain et leurs inquiétudes d'aujourd'hui sur leur monde actuel coupé en deux : le Nord et le Sud !

Leurs interrogations sur les Hommes et la Modernité, leurs voyages dans le passé des peuples et les enseignements tirés de leur « école de la vie » seront exclusivement dédiés à l'enfant-adulte, ce prince-mirage que tu as su créer pour que les enfants du Monde ne pleurent plus la perte de leur enfance délicieuse la veille de devenir de Grandes et Sérieuses Personnes.

La dédicace se lit donc comme suit? Au Petit Prince de Saint Exupéry et aux Petits Princes d'In Ekker (Sahara).

L'auteur

Contexte introductif du Retour du Petit Prince: Il était une fois en l'an 2003 sur la toute petite Planète bleue qui nous sert à tous d'unique habitat, Deux enfants merveilleux, portant chacun de par son héritage et apprentissage de la vie : un enseignement, une mémoire et une perception édifiante Du nouveau monde qui reste à reconstruire, à l'aube de ce troisième millénaire, avec les fragments et souvenirs de tous ses hommes sans aucune distinction de couleur, de culture ou de confession.

Ces deux êtres aux origines si semblables mais aux destinées apparemment différentes vont en médiateurs et espoirs de cette nouvelle humanité enfin rassemblée, Par leur dialogue et l'échange de leurs patrimoines et vécu,

tenter de briser les frontières et préjugés qui séparent artificiellement leur Terre en deux mondes : le Nord et le Sud !

Présentation des Acteurs en herbe du Retour du Petit Prince:

Majda petite fille du Sud a 10 ans. Elle n'a pas de famille ou n'a plus de famille. Elle pourrait avoir une origine négro-africaine (nigérienne, malienne, ruandaise,?), égyptienne, arabe, indienne, chinoise ou encore un mélange de leur métissage.

Majda n'a jamais été à l'école. Elle a tout appris des gens et surtout des personnes âgées. En s'asseyant astucieusement en marge des rondes que les vieux villageois africains font le soir. Et faisant le plus souvent mine d'être distraite et de ne pas faire attention aux discussions et aux préoccupations de ces personnes âgées, elle a toujours su prêter une oreille attentive pour assouvir sa grande curiosité naturelle. Et c'est de cette façon qu'elle apprit toutes les choses sur la vie, les gens, leurs origines, leurs habitudes, leur histoire, leurs conflits, leurs chimères, leurs peurs, leurs grandeurs et leurs misères.

Ainsi, par la parole et les seuls pouvoirs de l'oralité transmise par les anciens des villages où elle a transité, Majda a apprivoisé la connaissance des hommes et de leurs sociétés à l'insu des uns et des autres.

Et par cela, Majda a pu vérifier par elle-même la juste et belle observation qu'avait faite bien auparavant un historien : « En Afrique quand un vieux vient à mourir, c'est comme une bibliothèque qui brûle ».

Jérémie enfant du Nord, ce petit garçon de 12 ans est originaire des Ardennes belges? Enfin, ce qu'on sait vraiment, c'est qu'il a été élevé par une famille d'instituteurs d'un petit village ardennais.

On ne connaît pas sa véritable famille, ni son origine exacte. Le vieux couple d'instituteurs, des petites mais fières montagnes belges, l'a trouvé un matin au pas de la porte de l'école, dormant dans un panier en osier.

N'ayant jamais pu avoir d'enfant, Mathilde et Jacques l'ont recueilli, élevé, aimé et fort bien instruit.

Très studieux, intelligent et méthodique, Jérémie connaît tout de la technique, des machines, des avions, des fusées et même des engins de guerre. Mathilde et Jacques, qui ont su lui faire aimer la lecture et ses pouvoirs, lui ont tout appris de la vie moderne et de ses moyens technologiques.

Mais le plus fidèle compagnon et ami de Majda est Funky, un fennec : le plus beau et le plus petit renard du monde qu'on ne rencontre plus que dans le désert du Sahara.

Il est brun et jaune fauve avec de grands yeux pétillants, un tout petit museau bien pointu et de très grandes oreilles effilées, presque disproportionnées. C'est l'ami, le protecteur, le confident et la seule famille de Majda.

Dans ses comportements Funky est entre l'écureuil besogneux et le chien fidèle : donc, amical, jovial et fort débrouillard.

Episode 1 : Majda et Jérémie au Pays des Hommes Bleus

Majda et Jérémie se rencontrèrent pour la première fois au Hoggar pas loin d'In Ekker, une ancienne base française installée au Sahara et où a été conçue et expérimentée la première bombe atomique européenne. L'enfant du Nord, dont les parents venaient d'offrir pour ses 12 ans un voyage au mystérieux Pays des Hommes Bleus comme il aimait à le répéter, s'approcha de Majda et lui demanda sans quitter des yeux le fennec qu'elle tenait entre ses maigres jambes.

Jérémie :

- «Est-ce que je peux le caresser ? Il ne mord pas, n'est-ce pas !»

Majda :

- «Non, tu peux. Tu peux aussi le prendre dans tes bras, si tu veux ! ».

 Pas loin d'eux, à l'ombre de l'épais cèdre millénaire était assis un vieux Targui. Quoique fort agité, il se tenait d'une manière digne, parfaitement drapé dans ses larges gandouras bleues. Jérémie, tout en caressant affectueusement Funky, observe avec grande curiosité certes, mais en toute compassion et religiosité, ce vieux qui n'arrêtait pas de parler et de gesticuler vers le ciel :

-« Ta foudre, les a tous emportés, disait-il? Tu ne m'as rien laissé? Je n'ai plus de parents, plus de famille, plus personne de ma fière et vaillante tribu des Kel Ahaggar? Où sont mes frères, ces seigneurs des sables, que par le plus grand passé Tu As fait maîtres sur terre de ton invincible désert? Ils sont tous morts foudroyés par les deux soleils de ce jour maudit? Mais pourquoi Toi mon Dieu, qu'après nous avoir avilis en faisant de nous les serviteurs de ces conquérants venus du Nord , Tu les A laissés encore nous brûler avec la foudre du Diable qu'ils ont fabriqué et essayé chez nous !? Pourquoi, mon Dieu ? Alors que Tu nous As, durant des millénaires protégés, nourri et guidé dans nos victoires? Pardonnes-moi mon Dieu de Te manquer ainsi de respect et Pardonnes ces pauvres paroles de mon désordre blasphématoire? Je ne suis pas mécréant, Tu le Sais bien? mais Mon Dieu, je n'y peux rien si je T'en veux tant de m'avoir laissé vivre sans mon peuple? Vivre, sans honneur, comme vivent les chiens, alors que je suis Issa Ag Meriama, Targui des Kel Ahaggar ».

Il s'arrêta brusquement de parler comme si le silence autour de lui était soudain devenu insoutenable, et se mit à pleurer comme pleure un enfant perdu dans la nuit. Ce vieux Targui était devenu le seul Targui que les étrangers pouvaient dévisager à volonté.

Car plus tragique que la disparition inexpliquée de sa tribu, il ne peut accepter la perte de la fierté légendaire et de l'histoire glorieuse de ses ancêtres. Sa raison d'être peu à peu désintégrée et son pauvre Litham1 déchiqueté n'arrivaient plus à cacher son beau visage racé? mais si triste !

Jérémie :

- « Qui est cet homme Majda. Et pourquoi parle-t-il tout seul ?

Je ne sais pas pourquoi, il me fait penser à Géronimo le chef apache, exposé les derniers jours de sa vie dans les foires américaines comme un animal curieux ».

 Majda :

- «C'est Issa fils de Meriama, le fou d'In Ekker. Il parle tout seul, mais n'est pas du tout méchant. On dit qu'il est issu de la plus noble et plus riche tribu targui, dont les membres ont aujourd'hui presque tous disparu de la région.

Les vieux du village disent qu'à l'époque où les Français étaient encore là, ses parents et autres membres de sa tribu travaillaient à la base pour survivre. Ils étaient guides ou chauffeurs de camions. Anciens seigneurs de guerre, ils étaient trop fiers pour accepter un autre travail.

Les anciens disent aussi qu'après les explosions qui précédèrent le départ des Français, beaucoup de choses bizarres sont survenues chez les tribus dont les campements étaient les plus proches : des naissances d'animaux anormaux, les femmes perdaient fréquemment leurs bébés, d'autres ont accouché d'enfants ayant de grosses têtes qui ne survivaient pas longtemps, même le lait des chèvres était devenu un poison. Et plusieurs années de suite, les bêtes et les hommes devenaient de plus en plus fragiles et sensibles à une maladie curieuse qui les rendait pâles, très fatigués, et ils mourraient doucement. Les vieux prétendaient que même l'herbe que broutaient les chameaux plusieurs années après a été transformée en venin et ne profitait point aux troupeaux, mais rendait leurs progénitures tarées ».

Jérémie :

- « C'est bien terrible tout ça ! Cela ressemble bizarrement à Tchernobyl ».

Majda :

- « Sauf qu'ici, au Sahara, ce n'était pas un accident, une erreur ou une imprudence humaine puisque cette criminelle chose est survenue 20 ans avant Tchernobyl, et 20 ans surtout après Hiroshima et Nagasaki ! Mais laissons à l'Histoire et aux consciences averties de juger les hommes et leurs responsabilités passées et dis-moi plutôt Jérémie ce qui t'as intéressé à venir visiter le Sahara ».

A suivre...

(*) Professeur, Directeur de recherches universitaires

Note :

(1) : Litham est le nom d'origine arabe qui désigne le voile que portent les Touaregs pour protéger leurs visages.