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El knayenne oual marmita

par El-Guellil

El marmita qui nourrit neuf personnes peut en nourrir dix. Partant de ce principe, il décide de se marier et habiter avec ses parents. Faire la cuisine pour dix ou pour douze bouches, c'est du pareil au même. Il décide lui aussi de vendre son appartement, pour s'installer avec sa femme dans la maison paternelle. Ça nous fait zouj knayenne, deux brus sous un même toit. Tout nouveau, tout beau, chacune essaye de montrer de quoi elle était capable. L'ambiance demeurait bonne jusqu'au moment où la plus jeune commence à avoir des envies, car attendant un bébé. Son mari, fou de joie, était tout en attentions.

- J'ai envie d'une tranche de kebda.

- D'accord kbida.

- Fi khatri chicoula Mars.

Deux mois sont passés, sans que la bonne femme participe aux tâches quotidiennes. L'autre, voulant avoir le même statut, tomba enceinte. La maison se transforme en maternité. Toute la corvée retombe sur les jeunes filles.

- Non! Trop, c'est trop. Nous aussi on a le droit de se reposer .

Les maris gâtaient leurs femmes, et l'ambiance se gâtait. chacun ramenait à sa dulcinée des sucreries et desserts qu'elles consommaient en cachette. Le lendemain, les jeunes filles, lors du ménage, retrouvaient des restes d'aliments, elles décidèrent de se la couler douce. Lors du dîner, seul moment où toute la smala est rassemblée, chacun devant sa moitié :

- Kouli, tu en as besoin.

- Non j'ai vraiment pas faim !

- Elle préfère peut-être manger dans sa chambre, fit remarquer une des jeunes filles, c'est plus simple.

Mène koul foum kelma. Les frères mariés prennent la défense de leurs femmes. La maman, celle de sa fille, la fille celle de sa mère, et le père, sans vouloir commettre d'impairs:

- A partir de demain, chaque couple fera sa cuisine seul, et mangera dans sa chambre... C'est la seule manière qui nous reste pour sauvegarder l'esprit de famille...