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L'ARTICLE DE LA CONTROVERSE

par Moncef Wafi

Comme attendu, le Conseil des ministres a approuvé, ce lundi, le projet de loi portant révision de la Constitution. La prochaine étape est la saisine du Conseil constitutionnel, une formalité, puis l'adoption de la nouvelle Constitution par les deux chambres. Alors qu'on s'attendait à un long fleuve tranquille, des voix se sont élevées pour demander les amendements de certains articles. Le premier à monter au créneau est le SG du FLN qui a appelé à modifier ou abroger tout bonnement l'article 51. Le texte qui a provoqué l'ire de Saadani stipule dans sa deuxième partie que «la nationalité algérienne exclusive est requise pour l'accès aux hautes responsabilités de l'Etat et aux fonctions politiques».

Saadani explique que si l'article 51 ne lui plaît pas c'est qu'il exclut les binationaux des hautes fonctions politiques de l'Etat. D'autres parlent d'«injustice» pour les presque deux millions d'Algériens installés à l'étranger, et plus particulièrement en France, et qui disposent d'une seconde peau. Le FLN, qui a défendu bec et ongles une loi de finances 2016 considérée comme «peuplicide» par l'opposition, voit sa position autant inconfortable qu'il n'hésite pas à s'opposer ouvertement à Bouteflika, président d'honneur de ce même FLN. Saadani qui s'est transformé en défenseur des Algériens à l'étranger, à travers l'article 24-bis, aura-t-il le courage de ses opinions et envoyer ses troupes parlementaires au front ?

L'ex-ministre du Commerce, Amara Benyounès, lui, est allé plus loin en appelant non seulement à «amender ou abroger» l'article 51 mais aussi le 73 qui énonce les conditions d'éligibilité du chef de l'Etat. Le SG du MPA fera un parallèle pour le moins incongru, prenant en exemple les footballeurs binationaux qui ont opté pour le onze national. Mais ce que Benyounès et les autres semblent oublier c'est que le foot n'est qu'un sport alors que tout un peuple dépend de la nature de ses dirigeants. Il est plus que navrant de voir nos politiques s'exciter sur des textes qui doivent être consacrés pour la souveraineté de l'Algérie alors qu'on a applaudi à une vente sur plan des fleurons de l'industrie publique et voté pour des coupes budgétaires.

Reste à connaître maintenant quelles seront les hautes fonctions de l'Etat auxquelles pourront accéder les binationaux, comme ordonné par Bouteflika en Conseil des ministres, pour l'élargissement de l'article 51.