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CNLTD et parti des «avant-gardes pour les libertés»: convergence et divergence

par Kharroubi Habib

Le président du parti des «avant-gardes pour les libertés» souscrit au principe d'une transition démocratique dont les acteurs auront à jeter les fondations d'une République et d'un Etat régis par les normes et règles de la démocratie et du droit. Mais si la CNLTD a érigé ce principe en revendication dont elle exige du pouvoir la satisfaction avant toute autre chose, Ali Benflis considère pour sa part qu'il y a un préalable à accomplir pour aller à cette transition démocratique qui est qu'il faut redonner aux institutions républicaines du pays de la légitimité et du crédit. Un processus qui selon lui passe par des élections anticipées ou pas, locales, législatives et présidentielle dont la transparence et la régularité seront à garantir par une commission électorale véritablement et totalement indépendante du pouvoir politique en place et de l'administration. S'il soutient contre la CNLTD cet ordre de priorité c'est parce qu'il estime que la transition démocratique à laquelle elle convie le pouvoir en son état présent sera forcément dévoyée des buts qu'elle est censée atteindre. A plusieurs reprises, l'ancien chef du gouvernement a fait part de son incompréhension du fait que des opposants qui ont dénoncé les fraudes électorales auxquelles ont donné lieu les scrutins dont le pouvoir prétend tirer sa légitimité électorale et populaire et dans le même temps s'adressent à ce même pouvoir pour qu'il négocie avec eux la mise en place d'une transition démocratique. Une inconséquence dont il martèle qu'il se refuse à l'assumer ayant pris l'engagement de ne reconnaître aucune forme de légitimité à ce pouvoir qui n'a assuré son maintien que par la fraude électorale et l'intimidation.

Il en résulte que tandis que la CNLTD reste accrochée à la revendication de la transition démocratique et se concerte pour concevoir une stratégie par le suivi de laquelle elle pourrait parvenir à le contraindre d'entendre sa revendication, Ali Benflis a lui pour horizon les élections futures auxquelles il semble que son parti les « avant-gardes les libertés » et les formations et personnalités ayant constitué avec lui le « front du changement » prendront part à la condition bien sûr que soit satisfaite la revendication de création d'une commission électorale indépendante. L'on comprend qu'il s'est donné pour priorité de structurer le parti qu'il préside et d'en conforter l'enracinement et l'attractivité à travers le pays. Ce à quoi il s'est attelé à travers les réunions organiques qu'il convoque et anime pour insuffler à l'encadrement du parti l'esprit de la pratique démocratique et la cohésion des rangs, mais aussi en l'habituant à aller au contact des citoyens et de la société civile dont la mobilisation et l'adhésion sont indispensables à la réussite de tout projet politique.

De fait, l'on constate que contrairement à d'autres leaders de l'opposition, Benflis ne se contente pas d'affirmer l'existence de son parti par les seules réunions d'états-majors devenues la marque distinctive de ses partenaires ou par des déclarations à la presse. Il y ajoute l'action sur le terrain visant à entretenir l'effet prometteur qu'a suscité l'engouement populaire qu'a rencontré sa candidature à l'élection présidentielle et à le capitaliser sous la forme d'un parti qui le moment venu sera en ordre de bataille pour entrer dans la compétition électorale. Pour l'heure, sa stratégie se révèle quelque peu payante au vu où là où il se déplace à travers le territoire national il ne prêche pas dans le désert.