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Crise économique : Alger sollicite l'expertise de la Banque mondiale

par Yazid Alilat

Une vision plus claire de l'agenda économique de l'Algérie, dont une rapide sortie de la crise née de la baisse des prix pétroliers, est au centre des préoccupations du Conseil national économique et social (CNES). En recevant, hier mercredi, une délégation de la Banque mondiale qui effectue une visite en Algérie dans le cadre de la coopération, le président du CNES Mohamed Seghir Babes a mis en fait en relief l'impérieuse nécessité pour l'Algérie d'aller vite vers une indépendance vis à vis des hydrocarbures. Un objectif inscrit à l'agenda de la coopération avec la Banque mondiale, selon M. Babes, selon lequel ?'la visite de la délégation de la Banque mondiale s'inscrit dans la perspective de conduire une coopération plus forte sur des objectifs qui seront de plus en plus élevés et de long terme». Cité par l'APS, il a expliqué que ?'les efforts à entreprendre doivent permettre au pays de s'affranchir de sa dépendance aux hydrocarbures'', un dossier qui a été dans cette perspective largement discuté avec les représentants de la BM. «Eviter de tomber dans les erreurs du passé est une priorité. Des erreurs qui ont été générées par la trop forte dépendance aux ressources énergétiques», estime-t-il, avant de relever qu'il est ?'impératif de revisiter un certain nombre de choses et des façons de faire ainsi que nos systèmes de gouvernance dans leur ensemble». Les solutions de sortie de crise et les moyens de diversifier l'économie nationale ont été, lors de cette entrevue avec les représentants de l'institution de Bretton Woods, largement développés, et M. Babès a fait part de son côté des différentes suggestions du CNES sur les moyens de consolidation de l'économie du pays. Les deux parties ont également discuté, lors de cette entrevue, des réglementations régissant l'économie algérienne, de la formation, du système bancaire et de la nécessité de sa mise à niveau ainsi que de la politique de subventions assurée par l'Etat au profit de certains produits stratégiques. Une rencontre sur ce dossier des subventions aux produits de large consommation avec des experts sur la conjoncture économique nationale sera organisée le 23 novembre à Alger par le CNES. Un document portant sur l'analyse de la conjoncture éco-sociale sera présenté par le CNES lors de cette rencontre. M. Babes a indiqué que ?'lors de cette rencontre, on espère arriver à une vision consensuelle de ce que nous donnent à lire les éléments consignés par le document sur l'analyse de la conjoncture afin de voir ce que cela appelle comme mesures de court, moyen et long termes pour aller à une résilience solide et robuste», avance-t-il. En point de mire de cette rencontre, l'analyse de la situation dans le domaine des subventions de l'Etat à certains produits de large consommation comme le blé ou les carburants, qui profitent aux couches aisées et celles démunies. Un débat doit être instauré sur ce dossier, d'autant que des experts du CNES avaient formulé un certain nombre de propositions dans le cadre d'une rencontre tenue, en septembre dernier, avec des membres du gouvernement sur la révision du système des subventions de l'Etat. Pour eux, il est inconcevable que les consommateurs, quel que soit leur niveau de vie, bénéficient tous des subventions assurées pour les produits de large consommation. Ils estiment qu'une politique de subventions plus ciblée serait la meilleure option, d'autant que le tiers des produits subventionnés font l'objet de contrebande vers les pays voisins, réduisant donc l'efficacité de la politique de subvention de l'Etat. La délégation de la Banque mondiale, composée d'une vingtaine d'experts spécialisés dans différents domaines, est chargée par ailleurs d'élaborer un «document stratégique» qui devrait servir à l'Algérie pour son développement économique à moyen et à long termes, a indiqué le représentant résident de la BM à Alger, Emmanuel Noubissié Ngankam. En septembre dernier, le gouvernement algérien avait sollicité la BM »pour l'accompagnement sur un certain nombre de sujets, notamment une réflexion prospective sur le développement économique de l'Algérie», explique-t-il.