Le message ou le « projet de société» véhiculé par la formation politique
«Talaiou El Houriyet», en phase de constitution, se fait plus précis à
l'approche de la tenue de son congrès constitutif, «prévu dans peu de temps»,
comme l'a souligné le président de l'instance nationale de préparation du
congrès, M. Ali Benflis en l'occurrence, lors de son intervention, hier, à
partir de Constantine devant les membres du congrès régional préparatoire des
assises constitutives du parti. D'une part, il rappellera que « dans les
circonstances actuelles, l'action politique de Talaiou El Houriyet se situe
clairement et nettement dans le cadre de l'opposition nationale; une opposition
légale et pacifique; une opposition attachée à la recherche du consensus dans
la gestion des affaires vitales pour la Nation ». M. Benflis dira dans ce
contexte que dans son action politique, son parti ne se départagera pas du
souci « d'éviter à notre pays les perturbations et l'instabilité et d'épargner
à notre peuple la discorde et la division qui sont plus dommageables que
réparatrices, qui occasionnent des reculs plutôt qu'elles ne favorisent les
avancées et qui affaiblissent plus qu'elles ne renforcent ».
Prônant, ainsi, le changement pacifique pour bien négocier « le virage
critique » que prend le pays dans cette conjoncture qui le place face à « la
confluence de trois impasses d'une exceptionnelle gravité », sur les volets
politique, économique et social, Talaiou El Houriyet arrive avec « un Plan de
règlement global de la crise politique». Et rien ne sera ou ne peut se faire
«avant le règlement de la crise de régime» intervenu au moyen d'élections
inattaquables et irrécusables, souligne M. Benflis; c'est seulement après qu'
«il sera alors possible d'entrer dans une seconde phase qui sera celle de
l'aménagement de la transition démocratique, dont l'organisation, la conduite
et le développement du contenu « reviendront aux forces politiques légitimes et
représentatives que la première phase aura consacrées à travers des scrutins
référentiels », ajoutera-t-il dans ce sens. Dans ses grandes lignes
conductrices, le Plan de règlement de la crise politique prévoit de doter la
République « d'une nouvelle Constitution dont la rédaction reviendra à une
commission émanant du Parlement élu ». « Le Pacte de la Transition
Démocratique, de même que la Constitution, intégreront des dispositions
précises et explicites au sujet des garanties avec lesquelles devra être
entouré le déroulement serein, ordonné et apaisé du processus de transition
démocratique. L'assurance de ces garanties sera confiée à l'Armée Nationale
Populaire. Additionné à ses missions constitutionnelles traditionnelles, l'ANP
aura à partager le devoir national collectif que constitue le bon déroulement
de la transition démocratique. L'ANP aura à en accompagner, à en suivre et à en
garantir le cours jusqu'à bonne fin », souligne M. Benflis. Un clin d'œil à
l'Armée, encore un, pour l'appeler à s'impliquer dans la transition
démocratique, mieux, à se tenir garante de son bon déroulement. Pour mémoire,
d'autres appels du genre lancés par des hommes politiques n'ont trouvé aucun
écho auprès de la grande muette. Mais, M. Benflis semble avoir bon espoir à ce
sujet, soulignant résolument dans ce contexte que « le Congrès Constitutif de
notre parti aura à se prononcer sur ce plan et à adopter une résolution
spécifique à son sujet. Il deviendra alors le plan de notre parti tout entier
par lequel celui-ci s'attachera à apporter, aux côtés des autres forces
politiques, sa contribution au règlement de la crise de régime qui affecte
gravement notre pays ». Et, bien évidemment, M. Benflis n'aura pas manqué de
relever que « le pouvoir est vacant tout comme le centre de la décision nationale
est déserté ; et dans ces conditions comment s'étonner que des cercles occultes
se soient emparés de pouvoirs que leur titulaire constitutionnel n'exerce plus
? » « Oui, dira-t-il dans ce sillage, le gouvernement ne gouverne plus et que
conclure d'autre que cela lorsque le Conseil des ministres ne se réunit qu'en
de très rares occasions qui se comptent sur les doigts d'une seule main et que
les lois et décrets par lesquels se gèrent les affaires publiques comptent, en
nombre, parmi les moins élevés dans le monde ? » Non sans évoquer le récent
remaniement ministériel, sollicitant l'assistance pour l'aider « à déchiffrer
ses mystères ». « Ne relevez-vous pas tout comme moi que l'improvisation
débridée, la légèreté dans la gestion des affaires de l'Etat et une vacance du
pouvoir devenue incontrôlée et incontournable ont toutes convergé pour mettre
le régime politique en place dans l'incapacité d'opérer un tel remaniement dans
les règles de l'art ? », s'interrogera-t-il encore. Affirmant, aussi, que « les
institutions républicaines n'assument plus leurs missions constitutionnelles,
d'abord parce qu'elles sont mises au service du régime politique en place et
non des citoyennes et des citoyens pour lesquels elles ont été créées et
ensuite parce qu'elles subissent elles aussi directement les effets de la
vacance du pouvoir et de la carence du Gouvernement ». En somme, une véritable
débandade au sommet de l'Etat, laisse entendre M. Benflis.